CASSIET (Cassiette), PIERRE, prêtre catholique et missionnaire, né le 29 janvier 1727 à Montaut, France, fils de Pierre Cassiet et de Jeanne Dangoumau (Dengomau) ; décédé le 24 mars 1809 à cet endroit.

On ne mit jamais en doute que Pierre Cassiet, fils d’un pieux instituteur de Montaut, embrasserait l’état ecclésiastique. Après des études religieuses et classiques au petit séminaire d’Agen, Cassiet se rendit à Paris continuer sa formation au séminaire des Missions étrangères. À la suite de son ordination à la prêtrise, aux environs de 1751, il fut choisi pour aller travailler comme missionnaire en Cochinchine (Viêt-Nam) ; or, peu avant son départ, on lui demanda de remplacer un prêtre que la maladie empêchait d’occuper un poste en Acadie.

En mars 1752, l’abbé de l’Isle-Dieu, vicaire général de l’évêque de Québec en France, avait écrit à Rouillé, ministre de la Marine, attirant son attention sur le besoin qu’avait l’Acadie française d’un plus grand nombre de missionnaires pour venir en aide à Jean-Louis Le Loutre*. Cet été-là, on envoya deux prêtres. À la fin de décembre, Le Loutre en personne arriva en France, puis retourna en Acadie l’année suivante avec deux compagnons, Henri Daudin*, du séminaire du Saint-Esprit, et Pierre Cassiet, du séminaire des Missions étrangères. Daudin avait pour mission de desservir les Acadiens vivant sous l’autorité britannique en Nouvelle-Écosse tandis que Cassiet devait rejoindre l’abbé Pierre Maillard* à l’île Royale (île du Cap-Breton). Mais encore une fois on changea les plans. Un prêtre, assigné à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), n’avait pu faire le voyage pour cause de maladie ; ce fut Cassiet que l’on envoya desservir Malpeque, mission que Maillard avait établie auparavant dans l’île et qui était composée en grande partie de Micmacs. Il ne fit qu’un bref séjour dans cette mission : à la fin de 1753, il s’était installé à Saint-Louis-du-Nord-Est (Scotchfort) où il desservit les Acadiens et les Indiens. Selon la tradition, il incita ces derniers à planter des haricots, des pois et du lin, et à élever des animaux domestiques.

Au moment de la déportation des Acadiens de la Nouvelle-Écosse, en 1755 [V. Charles Lawrence*], de nombreux réfugiés désespérés s’enfuirent à l’île Saint-Jean. Mais le sort des habitants ne devait pas s’y avérer meilleur. La chute de la forteresse de Louisbourg, à l’île Royale, aux mains des troupes britanniques sous le commandement d’Edward Boscawen* et de Jeffery Amherst*, en juillet 1758, entraîna avec elle la capitulation de l’île Saint-Jean. Le colonel Andrew Rollo* y fut envoyé pour accepter sa reddition et en évacuer les habitants. Cassiet et l’abbé Jean Biscaret, qui voyaient leurs fidèles menacés de déportation, obtinrent de Rollo l’autorisation d’aller à Louisbourg implorer les nouveaux occupants de laisser les Acadiens demeurer dans leurs terres. Les tentatives des deux prêtres furent vaines ; la déportation commença presque aussitôt. Cassiet fut placé à bord d’un navire qui, trois mois plus tard, accostait à Plymouth, en Angleterre. Finalement, il réussit à atteindre Morlaix, en France, où il resta un certain temps pour se remettre d’une maladie contractée à bord.

Une fois rétabli, Cassiet passa quelque temps au séminaire des Missions étrangères à Paris, tout en cherchant à obtenir une pension. En février 1759, le gouvernement français lui octroya 200# pour le dédommager des pertes que lui avaient fait subir les Britanniques et, l’année suivante, il reçut 400# supplémentaires en récompense des services rendus en Acadie. Quelques années plus tard, en 1772, il refusa un bénéfice d’une valeur de 6 000# par an, mais il en accepta un qui rapportait 160#.

Après une visite à Rome où, en reconnaissance de son courage en Acadie, le pape Clément XIII lui fit don d’une présumée relique de la vraie croix (toujours en la possession de la paroisse de Montaut), Cassiet fut curé de la paroisse d’Audignon, en France, de 1763 à 1766, puis de celle de Castelnau-Tursan, en 1767, avant de devenir, l’année suivante, chanoine de l’église collégiale Saint-Girons à Hagetmau. En 1772, il décida de se joindre aux prêtres du Calvaire à Bétharram où il contribua de façon déterminante à rétablir le pèlerinage annuel à la chapelle sanctuaire Notre- Dame-de-Bétharram. Nommé supérieur en 1783, il encouragea la culture de la vigne et des produits maraîchers, et augmenta grandement les revenus de la communauté.

Cependant, Cassiet devait à nouveau connaître l’exil. En 1792, pendant la Révolution française, il s’enfuit en Espagne. Une fois l’autorisation accordée, il retourna en France en 1801, mais, étant donné que seuls deux pères restaient à Bétharram, il décida de passer ses dernières années à Montaut où il mourut en 1809.

Della M. M. Stanley

AD, Landes (Mont-de-Marsan), État civil, Montaut, 30 janv. 1727, 25 mars 1809.— AN, Col., C11B, 38 : 269 (transcription aux APC) ; F1A, 45 : f.57 ; 192 : 46, 139 (copies aux APC).— Arch. communales, Montaut (dép. des Landes), Reg. de délibération de la commune de Montaut de 1790 à l’an XII, Pierre Cassiet, Serment de fidélité ; Reg. de baptêmes, mariages et sépultures.— CÉA, Fonds Placide Gaudet, 1.51–12 ; 1.54–23 ; 1.55–3.— [Pierre de La Rue], « Lettres et mémoires de l’abbé de L’Isle-Dieu », ANQ Rapport, 1935–1936 : 378, 381, 383.— « Tableau sommaire des missionnaires séculiers [...] », ANQ Rapport, 1937–1938 : 184.— Allaire, Dictionnaire, 1 : 103.— L.-C. Daigle, Les anciens missionnaires de lAcadie ([Saint-Louis-de-Kent, N.-B., 1956]), 16.— J.-H. Blanchard, The Acadians of Prince Edward Island, 1720–1964 (Charlottetown, 1964), 22–30. H.-R. Casgrain, Une seconde Acadie : l’île Saint-Jean – île du Prince-Édouard sous le Régime français (Québec, 1894), 279–284, 394–398. D. C. Harvey, The French régime in Prince Edward Island (New Haven, Conn., et Londres, 1926), 180–193. Henri Lassalle, Notre Dame de Bétharram, un sanctuaire béarnais (Pau, France, 1941), 240s.— Émile Lauvrière, La tragédie d’un peuple : histoire du peuple acadien de ses origines à nos jours (2 vol., Paris, 1922), 2 : 62–64. Robert Rumilly, Histoire des Acadiens (2 vol., Montréal, 1955), 1 : 397–407, 417, 434, 527 ; 2 : 574s.— Abbé Sébie, Étude biographique sur Ml’abbé Cassiet, supérieur des missionnaires de Bétharram dans le XVIIIe siècle (Auch, France, 1863).

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Della M. M. Stanley, « CASSIET (Cassiette), PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cassiet_pierre_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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