CAREY, DANIEL, avocat, journaliste et auteur, né le 19 novembre 1829 à Québec ; vers 1855, il aurait épousé une dénommée Mary Murphy, de Québec, et ils eurent un fils ; décédé à Winnipeg, le 5 janvier 1890.

On connaît peu de chose sur l’activité de Daniel Carey pendant les premières années de sa carrière. Selon une nécrologie parue en 1890 dans la Manitoba Daily Free Press, Carey se serait lancé dans le journalisme après des études de droit à Montréal, travaillant d’abord comme employé au Montreal Transcript et ensuite en tant que rédacteur en chef du Quebec Argus. Toutefois, le Montreal directory l’inscrit comme commis comptable de 1850 à 1853 puis rédacteur en chef de l’éphémère Monitor (dont une édition française paraissait simultanément sous le nom de Moniteur), en 1853 et 1854. On le retrouve ensuite à Québec en 1855 où, selon le Quebec directory, il possédait une librairie rue Saint-Jean. Ce n’est que le 9 décembre 1857 que Carey fonda le Vindicator, journal littéraire à teneur réformiste qui voulait défendre les intérêts des Irlandais de Québec. Ce journal cessa de paraître en 1865. Très actif dans le milieu irlandais de Québec, Carey avait participé, en 1860, à la reconnaissance juridique de l’Association, de l’asile de Sainte-Brigitte de Québec, créée pour venir en aide aux orphelins et aux immigrants pauvres.

Abandonnant le journalisme vers 1864, Daniel Carey entra au département des Terres de la couronne en tant que commis dans le bureau du surveillant du mesurage du bois, au salaire annuel de $800. En 1870, il était nommé commis subalterne au département des Travaux publics à Ottawa. Attiré par l’aventure, il partit pour Winnipeg en 1872, laissant derrière lui sa femme, et fut admis au barreau la même année. Nommé protonotaire de la Cour du banc de la reine en 1873, il cumula les fonctions de bibliothécaire et d’interprète de la cour ; ses années de résidence à Québec lui avaient permis de maîtriser la langue française. De plus, le lieutenant-gouverneur du Manitoba, Alexander Morris, le consultait régulièrement sur les causes criminelles importantes de l’époque.

En 1874, Carey participa, à titre d’interprète, au fameux procès du lieutenant de Louis Riel, Ambroise-Dydime Lépine*, accusé du meurtre de Thomas Scott*. Quatre ans plus tard, il fut destitué de son poste de protonotaire car, selon le procureur général Joseph Royal*, il avait entravé le travail de la couronne et favorisé indûment la défense lors des assises d’octobre 1877. Il semble bien que cette destitution résulta d’une divergence d’opinions au sujet de la fonction de protonotaire car, en plus d’exercer les fonctions de greffier et d’interprète au cours des procès, Carey devait rendre à l’occasion certains jugements, et ses connaissances juridiques pouvaient être mises à contribution. Carey se croyait sans doute au service tant de la défense que de la couronne avec comme seule tâche de faire respecter la loi. Par contre, selon le procureur général, le protonotaire était un officier de justice subordonné à la couronne et non à la cour. L’opinion de ce dernier prévalut, et Carey dut quitter son poste.

Carey revint alors à la pratique privée du droit, faisant une brève incursion en politique lors des élections provinciales du Manitoba en 1883. Il se présenta sous la bannière du parti libéral mais fut défait par 72 voix contre 36 par le candidat conservateur Edward Francis Gigot, dans le comté de Saint-François-Xavier. Le journal le Manitoba de Saint-Boniface intervint contre lui durant la campagne, comme l’indique ce passage publié à la veille des élections : « M. Carey n’est pas un des nôtres, ni par les sentiments ni par les sympathies : il est notre plus mortel ennemi et son élection serait un malheur. » Membre de l’étude Carey and O’Reilly en 1883, Carey semble s’être associé à son fils, John Francis Xavier, l’année suivante, puisque le Henderson’s directory of the city of Winnipeg [...] mentionne le bureau Carey and Carey. De 1885 à 1890, il aurait pratiqué seul le droit, occupant à un certain moment le poste de secrétaire-trésorier de la Commission des écoles catholiques de Winnipeg. Dans une lettre adressée de Regina le 3 août 1885 à Mgr Alexandre-Antonin Taché*, Carey mentionnait une discussion avec des représentants de la couronne au sujet des causes non encore entendues de Métis mêlés à la rébellion de 1885 ; à cette occasion, il exprimait son pessimisme quant au sort des accusés qui refusaient de se reconnaître coupables de trahison.

Journaliste et avocat, Daniel Carey se fit aussi connaître comme écrivain et poète. Il a laissé un recueil de jurisprudence, 1875 judgments in the Queen’s Bench, Manitoba, Wood, C. J., mieux connu sous le titre de « Carey’s Manitoba reports, 1875 ». Cet ouvrage a le mérite d’être, dans tout l’Ouest canadien, la première tentative de compilation, sous la forme d’un recueil judiciaire. Selon Henry James Morgan*, il a aussi composé trois poèmes épiques, malheureusement introuvables : The battle of St. Foye, Confederation et Pioneers of Canada. Le premier aurait été publié dans le New Era (Montréal) de Thomas D’Arcy McGee*. Morgan signalait aussi en 1867 que Carey préparait une histoire populaire du Canada qui ne semble pas avoir été publiée.

Jocelyn Saint-Pierre

En plus d’avoir été le rédacteur en chef du Monitor (Montréal) de 1853 à 1854, Daniel Carey fonda, le 9 déc. 1857, le Vindicator, organe de la communauté irlandaise de Québec ; il travailla à ce journal, devenu plus tard le Quebec Vindicator, jusqu’en 1864. Il est malheureusement impossible de retracer la collection complète de cette feuille dont quelques numéros sont disponibles aux ANQ-Q. En outre, Carey compila Judgments in the Queen’s Bench, Manitoba (Winnipeg, 1875 ; réimpr., Calgary, Alberta, et New York, 1918) et en écrivit l’introduction. Cet ouvrage, mieux connu sous le titre de « Carey’s Manitoba reports, 1875 », constitue aujourd’hui le premier volume de la série des rapports des décisions judiciaires du Manitoba.  [j. st.-p.]

AASB, T 19 982–19 985, 30 966, 31 877–31 878, 32 556.— APC, RG 2, 1, C.P.216, 5 oct. 1870 ; C.P.1 255, 25 juill. 1871 ; C.P.684, 20 juin 1872 ; RG 11, B1 (b), 753–754.— PAM, MG 12, B1, Corr., nos 557, 879, 1304 ; LB/J, nos 300, 305.— Le Manitoba (Saint-Boniface), 15, 19, 22 déc. 1882, 4, 8, 19, 25 janv. 1883, 8 janv. 1890.— Manitoba Daily Free Press, 6 janv. 1890.— Morning Chronicle (Québec), 5 déc. 1857.— Quebec Vindicator, 29 sept. 1863.— Beaulieu et J. Hamelin, La presse québécoise, I.— CPC, 1883 : 312s.— Dominion annual register, 1882 : 428.— Henderson’s directory of the city of Winnipeg [...] (Winnipeg), 1881–1890.— Manitoba Library Assoc., Pioneers and early citizens of Manitoba ; a dictionary of Manitoba biography from earliest times to 1920, [Marjorie Morley et al.], compil. (Winnipeg, [1971]), 44.— Montreal directory, 1842–1864.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 62.— Quebec directory, 1844–1864.— P.-G. Roy, Les avocats de la région de Québec, 73.— George Gale, Quebec twixt old and new (Québec, 1915).— [R.] D. et Lee Gibson, Substantial justice : law and lawyers in Manitoba, 1670–1970 (Winnipeg, 1972).— B. B. Cooke, « Famous Canadian trials ; V : Ambroise Lépine, Riel’s lieutenant », Canadian Magazine, 45 (mai–oct. 1915) : 57–61.

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Jocelyn Saint-Pierre, « CAREY, DANIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/carey_daniel_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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