CARBONNEAU, JEAN-BAPTISTE (baptisé Jean-Baptiste-Mathias), colon, menuisier, agent de colonisation, homme politique et fonctionnaire, né le 10 août 1864 dans la paroisse Notre-Dame-de-l’Assomption-de-Bellechasse, Berthier-en-Bas (Berthier-sur-Mer, Québec), fils d’Édouard Carbonneau, menuisier, et de Marguerite Mercier ; le 11 octobre 1886, il épousa dans la paroisse Saint-Roch, à Québec, Rosana Caron, et ils eurent neuf enfants ; décédé le 4 décembre 1936 à Québec et inhumé le 7 dans le cimetière Saint-Charles, dans la même ville.

Pour gagner sa vie, le père de Jean-Baptiste Carbonneau doit élire domicile à différents endroits ; c’est probablement pourquoi Jean-Baptiste fait des études à Windsor, en Ontario, et à Detroit. Édouard migre en effet aux États-Unis en 1869 et devient manufacturier. La famille Carbonneau revient à Berthier-en-Bas, lieu de naissance de Jean-Baptiste, en 1871. Après avoir entendu un discours du missionnaire Zacharie Lacasse*, oblat de Marie-Immaculée, sur la région du Lac-Saint-Jean, Édouard et ses deux fils, Joseph et Jean-Baptiste, se joignent au début des années 1880 à un groupe de colons et s’établissent à l’endroit qui deviendra quelques années plus tard le canton de Normandin. Cette région est présentée comme un lieu idéal pour l’agriculture ; en 1890, Arthur Buies* en fera d’ailleurs l’objet d’un livre publié à Québec qu’il intitule : la Région du lac Saint-Jean, grenier de la province de Québec [...]. La vie dans ces nouveaux lieux d’occupation est cependant fort difficile. La misère et l’isolement en poussent plusieurs à partir après quelques années : en 1888, dans le canton de Normandin, il ne restera qu’une douzaine des 29 familles qui y ont élu domicile en 1884.

Pour sa part, Jean-Baptiste s’installe pendant quelques années à Québec et à Montréal. En 1886, il épouse Rosana Caron dans la paroisse Saint-Roch, à Québec, où le couple fait baptiser quatre enfants. Dans son acte de mariage, Carbonneau se qualifie de menuisier, domicilié dans la paroisse Notre-Dame, à Montréal.

En 1893, Carbonneau retourne dans le canton de Normandin, qui porte alors le nom de Normandin-et-Albanel, et œuvre pour le mouvement de colonisation en facilitant l’installation des nouveaux arrivants. Ce sera l’une des activités majeures de sa carrière. Il commence, à la même époque, à s’impliquer en politique. Élu conseiller municipal le 9 janvier 1893, puis maire le 26 janvier 1895, il démissionne le 21 juillet 1896 parce que les électeurs refusent un règlement d’emprunt de 200 $ pour réaliser des travaux sur des routes et des ponts, et le paiement de quelques dettes. Il est de nouveau maire du 16 janvier 1899 au début de l’année 1902. Il exerce aussi la fonction de préfet du 4 mars 1899 au début du mois de mars 1902.

Lorsqu’il devient agent de la Société de colonisation et de rapatriement du lac Saint-Jean en 1902 [V. Benjamin Alexander Scott*], Carbonneau s’installe à Roberval. Il prononce des conférences un peu partout dans la province pour tenter de convaincre les jeunes de s’établir dans les régions de colonisation plutôt qu’aux États-Unis.

Aux élections provinciales de 1904, Carbonneau est candidat libéral indépendant pour la circonscription du Lac-Saint-Jean. Georges Tanguay, marchand de Québec et député libéral sortant, reçoit l’appui du premier ministre Simon-Napoléon Parent*, de même que du député fédéral conservateur de Chicoutimi-Saguenay, Joseph Girard. Le journal le Lac Saint-Jean intervient également pour persuader la population que le candidat Carbonneau ne possède pas assez d’influence et que son élection serait nuisible au développement de la circonscription. Le 25 novembre, Carbonneau perd par 172 voix. Sa défaite ne brise pas sa détermination à faire de la politique : il est élu conseiller municipal dans le quartier Sud de Roberval en 1906.

En janvier 1907, le gouvernement fédéral de sir Wilfrid Laurier*, qui consacre alors beaucoup d’efforts pour rapatrier des Canadiens français établis aux États-Unis, nomme Carbonneau agent d’immigration à Biddeford, dans l’État du Maine. Le 21 février, Carbonneau écrit dans le Lac Saint-Jean : « Mes journées sont consacrées à parler des avantages qu’offre notre pays, aux financiers comme aux bras vigoureux du colon. Les Américains, ainsi que les Canadiens-français, s’occupent plus de notre pays qu’on semble le croire. »

Carbonneau habite toujours les États-Unis quand, en 1908, les autorités du Parti libéral le choisissent comme candidat dans la circonscription du Lac-Saint-Jean. C’est ainsi qu’il est élu député provincial sans opposition à l’élection partielle du 14 octobre, tenue à la suite de la mort du député libéral Théodore-Louis-Antoine Broët. Il est réélu en 1912 avec une majorité de 842 voix. À l’Assemblée législative, il continue d’appuyer le mouvement de colonisation. Ses interventions sont vouées à la défense des colons et à la promotion de leurs intérêts. Pour faciliter les déplacements dans la région du Lac-Saint-Jean, il obtient des budgets pour la construction de routes et de ponts, et pour le prolongement du chemin de fer autour du lac. À Saint-Félicien, le pont qui traverse la rivière Ashuapmushuan porte son nom (1909), afin de rendre hommage à sa remarquable implication dans son milieu. Carbonneau souhaite également améliorer le système scolaire dans sa circonscription, notamment par l’établissement d’une école normale à Roberval et d’une école d’agriculture. Il ne peut terminer ses projets, car, à la surprise de tous, il remet sa démission en 1915 pour accepter le poste de directeur de la prison de Québec, au salaire de 1 400 $ par année. Le 17 juin de cette année-là, le Lac Saint-Jean écrit : « La position à laquelle vient d’être nommé M. Carbonneau est ordinairement considérée comme une récompense politique, mais pareilles récompenses ne sont pas toujours données à des hommes qui les ont méritées autant que M. Carbonneau. » À Roberval, on souligne son départ au cours d’une réception en son honneur le 1er août 1915. Cette année-là, selon le premier rapport que Carbonneau publie à titre de directeur, la prison de Québec accueille 1 100 prisonniers, dont 365 récidivistes. Les prisonniers ont exécuté la plupart des travaux d’entretien et de réparations, ce qui représente une valeur d’environ 4 000 $. Carbonneau habite la ville de Québec, où pendant 12 ans, il est actif auprès de la Chambre de commerce de Québec et où, selon un article du Soleil publié le 4 décembre 1936, il est « grand maître » des Chevaliers de Colomb.

Jean-Baptiste Carbonneau meurt en fonction le 4 décembre 1936. Son engagement dans le mouvement de colonisation et sa carrière politique font de lui un personnage marquant pour le développement de la région du Lac-Saint-Jean. À sa mort, le Colon, le Soleil et le Progrès du Saguenay tracent le portrait d’un homme sympathique et entièrement dévoué au public.

Édith Gagné

La consultation de la plupart des dossiers d’archives sur la prison de Québec est restreinte jusqu’en 2075. Jean-Baptiste Carbonneau a rédigé le dernier rapport publié sur la prison de Québec en 1916. Il est aussi l’auteur de : Adresse aux électeurs du comté de Lac Saint-Jean (Roberval, Québec, 1908).

BAnQ-Q, CE301-S22, 11 oct. 1886 ; CE302-S2, 11 août 1864.— Centre d’arch. Domaine-du-Roy (Roberval), Arch. de la ville de Roberval, procès-verbaux de la Municipalité de la seconde division, comté Lac-Saint-Jean, 1892–1906 ; PA4-8/124.— Le Colon (Québec), 17 déc. 1936.— Le Devoir, 4 déc. 1936.— Le Lac Saint-Jean (Roberval), 3 mars, 11 août, 17 nov. 1904 ; 17 janv., 14, 21 févr. 1907 ; 24 sept., 15 oct. 1908 ; 17 juin, 5 août 1915.— Le Progrès du Saguenay (Chicoutimi [Saguenay, Québec]), 23 oct. 1908 ; 4 avril, 16 mai 1912.— Le Soleil, 4, 7 déc. 1936.— Patrick Hamel, Normandin et son terroir (Dolbeau [Dolbeau-Mistassini, Québec], 1988).— Québec, Assemblée nationale, « Journal des débats » : www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/journaux-debats.html (consulté le 9 sept. 2014) ; Parl., Doc. de la session, 1916 (rapport des inspecteurs des prisons, 1915).— Rossel Vien, Histoire de Roberval, cœur du Lac-Saint-Jean ([Chicoutimi, 1955]).

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Édith Gagné, « CARBONNEAU, JEAN-BAPTISTE (baptisé Jean-Baptiste-Mathias) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/carbonneau_jean_baptiste_16F.html.

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Auteur de l'article:    Édith Gagné
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2015
Année de la révision:    2015
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