Provenance : Avec la permission de la Toronto Public Library/
CAPREOL, FREDERICK CHASE, homme d’affaires et promoteur d’entreprises, né le 10 juin 1803 à Bishop’s Stortford, Hertfordshire, Angleterre, deuxième fils de Thomas et Fanny Capreol ; en 1833, il épousa une demoiselle Skyring, et ils eurent 11 enfants ; décédé le 12 octobre 1886 à Toronto.
Frederick Chase Capreol fit des « études commerciales » en Angleterre, avant son arrivée au Canada en 1828. Durant les deux années qui suivirent, il habita Montréal et participa au « règlement des affaires de la North West Fur Company ». Capreol regagna l’Angleterre en 1830, mais revint au Canada en 1833. Il débarqua à New York où il épousa une femme dont il avait fait la connaissance pendant la traversée ; le couple se rendit ensuite dans le Haut-Canada, à York (Toronto), où il s’établit.
Capreol exerça divers métiers : il fut, notamment, courtier en immeuble et colporteur de portraits de la reine Victoria et de sir Francis Bond Head*, mais il s’occupa principalement de tenir une salle des ventes qu’il ouvrit en 1833 et exploita jusque vers 1850. En novembre 1833, Capreol avait acheté de vastes terres incultes près de la rivière Crédit. Or, au moment de la négociation du contrat, le propriétaire – un alcoolique à l’esprit dérangé – avait été gratifié de force rasades durant deux jours chez Capreol, et, pour cette raison, la transaction fut déclarée nulle par la Cour du banc du roi. Dès lors, dans les cercles de la finance et de la bonne société du Haut-Canada, on considéra Capreol avec suspicion. En 1843, il démontra avec éclat l’impétuosité de son tempérament. La police ayant refusé d’entrer en action immédiatement après le meurtre de son ami Thomas Kinnear, Capreol loua un vapeur en plein cœur de la nuit, se mit à la poursuite des meurtriers, Grace Marks et James McDermott, et les captura près de Lewiston, New York. Il ne fut jamais remboursé de ses dépenses.
En juillet 1848, Capreol se fit le promoteur de la construction d’un chemin de fer entre Toronto et la baie Géorgienne. Nullement ébranlé par l’incapacité des compagnies de chemins de fer Great Western et City of Toronto and Lake Huron d’attirer des investissements, il éprouvait un sentiment de confiance totale en soi. Lorsque le gouvernement de Robert Baldwin* et Louis-Hippolyte La Fontaine* décida d’assujettir à la sanction royale la loi en vertu de laquelle l’Assemblée accordait une charte à sa compagnie projetée, « Capreol le dingue » se rendit précipitamment en Angleterre et obtint l’assentiment de la reine. De retour en août 1849, il prit part en qualité d’administrateur à la première réunion du conseil de direction de la Toronto, Simcoe and Lake Huron Union Rail-road Company, qui devint par la suite la Northern Railway Company of Canada.
La réalisation de certains projets de chemins de fer au pays avait été sérieusement entravée par le manque de capitaux. Dans l’espoir de surmonter cet obstacle, Capreol organisa une « grande loterie canadienne des chemins de fer » dont les prix à gagner – des terrains et des bestiaux – atteignaient la somme de $2 000 000. En janvier 1850, il demanda au conseil municipal de Toronto d’investir £100 000 en billets au moyen d’obligations ; cependant, le conseil se laissa convaincre par l’échevin John George Bowes* de tenir un référendum sur cette question. L’initiative de Capreol suscita des réactions opposées. De jeunes aristocrates comme James McGill Strachan* et George William Allan et des financiers d’avenir comme John Cameron, Ezekiel Francis Whittemore* et James Mitchell la soutinrent. D’autres personnes, parmi lesquelles se trouvaient un grand nombre de marchands, de manufacturiers et de travailleurs, estimèrent que les loteries exploitaient « une forte tentation de faire fortune sans travailler » et jugèrent que quiconque était capable de concevoir un tel « expédient corrupteur » ne pouvait avoir en tête que son profit personnel. Malheureusement pour Capreol, la population ne partagea pas son optimisme. Le projet d’obligations fut rejeté d’une manière décisive, et la loterie se révéla un échec. Cependant, « la ville acheta du chemin de fer des actions d’une valeur de £50 000 [... et] la compagnie fut en mesure de continuer le travail ».
À la fin de 1850, pendant qu’il se disputait avec le conseil d’administration de la compagnie au sujet du remboursement qu’il convenait de lui accorder des frais que lui avait occasionnés la promotion du projet, Capreol passa un contrat avec une firme new-yorkaise d’entrepreneurs ferroviaires, la Storey and Company, pour la construction du chemin de fer. L’impact de cette nouvelle dans la population rendit le conseil d’administration plus attentif aux demandes de Capreol, et, en décembre, ce dernier reçut une somme de £11 000 en titres de la compagnie, encaissables durant une période de sept ans et portant intérêt à compter du 1er janvier 1852. Toutefois, Capreol n’avait pas encore vaincu la méfiance des cercles financiers de Toronto. Par l’entremise du Board of Trade, organisme qui représentait leurs intérêts, les marchands donnèrent leur appui au chemin de fer mais non à Capreol. Le conseil d’administration de la compagnie le destitua de son poste de directeur deux jours avant la levée de la première pelletée de terre, cérémonie qui eut lieu le 15 octobre 1851. Il avait fait des profits sur le plan financier, mais on le privait d’un honneur qui comptait davantage à ses yeux : celui d’être le directeur du premier chemin de fer qui ait été une réussite à Toronto.
Bien que sa contribution au Northern Railway ait été le point culminant de sa vie publique, Capreol demeura actif à tel point qu’il avoua un jour : « J’ai à peine le temps de satisfaire mes besoins naturels. » En 1853, il fut le premier à occuper le poste de président de la Metropolitan Gas and Water Company récemment fondée, et, en 1863, avec Malcolm Cameron* et John Willoughby Crawford*, il obtint la reconnaissance juridique de la General Manufacturing Company of Peel. Cette entreprise, une fabrique de produits de coton, fut un échec, et Capreol conçut alors le dernier et peut-être le plus grand projet « promotionnel » de sa carrière. À compter de 1865, en effet, et jusque dans les années 1880, l’idée de creuser un canal reliant les lacs Huron et Ontario l’obséda. Le 17 septembre 1866, il leva la première pelletée de terre qui marquait le début du creusage du Lake Huron and Ontario Ship Canal. Il espérait que le succès de l’entreprise allait lui apporter une renommée internationale, mais les efforts solitaires qu’il déploya en vue de promouvoir ce projet de plusieurs millions de dollars furent inutiles.
En politique, Capreol subit une série d’échecs interrompue en une seule occasion. À partir de 1843, il avait tenté à maintes reprises de se faire élire au conseil municipal de Toronto en tant que représentant du quartier St George. Défait à chaque fois, il terminait le plus souvent bon dernier. Mais à la fin de 1853, lors d’une élection partielle tenue à la suite de la démission d’Edward Graves Simcoe Wright, Capreol fut enfin élu au conseil. Il n’occupa son poste d’échevin que durant deux mois et n’assista pas de façon très assidue aux réunions. En 1842, il avait fait une première incursion sur la scène politique provinciale en se portant candidat indépendant dans la circonscription de Toronto ; il arriva au dernier rang. Après la Confédération, il essaya deux fois, mais en vain, de se faire élire à la chambre d’Assemblée d’Ontario. La première fois qu’il brigua les suffrages, en 1872, il toucha le point le plus bas de sa piètre carrière politique, n’obtenant pas une seule voix.
Capreol ne connut que d’amères déceptions dans les années 1880. Il fit savoir à sir John Alexander Macdonald* qu’il avait voué 52 années de sa vie à la réalisation de grands projets pour lesquels il avait « traversé l’Atlantique 23 fois », sans jamais avoir été convenablement récompensé. Il fit même parvenir à Macdonald une carte sur laquelle était imprimé le dessin d’une corbeille de myosotis (en anglais, forget-me-not), mais n’obtint pas le titre de chevalier qu’il avait demandé. À son décès, il était en possession d’une belle fortune, mais n’avait pas reçu l’estime ni les honneurs qu’il avait tant convoités. On ne trouve, pour rappeler son souvenir, qu’une petite ville portant son nom, dans le nord de l’Ontario, située à un croisement de voies ferrées.
APC, MG 24, B30 ; D16 ; MG 26, A ; RG 30, 1414 ; RG 31, A1, 1861, Toronto, St George’s ward.— CTA, Toronto City Council papers, 1847–1852 (mfm aux AO).— MTL, Robert Baldwin papers.— Doe ex dem. Jones v. Capreol (1834/1835), 4 U.C.Q.B. (O.S.) : 227.— British Colonist (Toronto), 1839–1854.— Globe, 1845–1861, 14 oct. 1886.— Leader, 1853–1860.— Patriot (Toronto), 1835–1839, 1850–1854.— Toronto Daily Mail, 13 oct. 1886.— Morgan, Sketches of celebrated Canadians.— P. A. Baskerville, « The boardroom and beyond ; aspects of the Upper Canadian railroad community » (thèse de
Peter Baskerville, « CAPREOL, FREDERICK CHASE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/capreol_frederick_chase_11F.html.
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Auteur de l'article: | Peter Baskerville |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 2 décembre 2024 |