CALDWELL, THOMAS WAKEM, bûcheron, fermier, militant agricole, homme politique, voyageur de commerce et agent d’assurance, né le 2 mai 1867 à Lower Greenfield, Nouveau-Brunswick, fils d’Andrew Cunningham Caldwell et de Margaret Fulton Wakem ; le 7 avril 1892, il épousa à Menominee, Michigan, Anna (Annie) Henrietta Frances Abeldt (1871–1928), et ils eurent quatre fils et une fille, puis le 4 septembre 1929, à Ottawa, Mallissa Mae Clements (1875‒1954), veuve de Harry Herbert Francisco et de Henry Halladay, et le couple n’eut pas d’enfants ; décédé le 16 mars 1937 à Ottawa et inhumé à Florenceville (Florenceville-Bristol, Nouveau-Brunswick).

Thomas Wakem Caldwell, qui reçut comme prénoms le prénom et le nom de son grand-père maternel, Thomas Wakem, était issu de plusieurs générations de fermiers des deux côtés de sa famille. On ne sait pas grand-chose des premières années de sa vie, si ce n’est que, jeune homme, il émigra aux États-Unis, où il vécut pendant une douzaine d’années. Il s’installa dans la ville forestière de Menominee, située dans la péninsule supérieure du Michigan. Pendant qu’il travaillait comme bûcheron à cet endroit, il fit la connaissance d’Anna Henrietta Frances Abeldt, immigrante allemande qu’il épousa. Avant mars 1895, avec sa femme et son nourrisson, il était de retour dans son comté natal de Carleton, au Nouveau-Brunswick, et devint un fermier prospère à East Florenceville (Florenceville-Bristol).

Caldwell préconisait de regrouper les agriculteurs en une organisation pour recourir à une action collective qui ferait valoir leurs intérêts [V. Edward Alexander Partridge]. Dans une certaine mesure, cette tendance à s’impliquer dans les questions d’intérêt public était innée : son père avait représenté sa paroisse au conseil municipal du comté pendant 22 ans. En mai 1918, Caldwell devint président des Fermiers unis du Nouveau-Brunswick (FUNB), mouvement nouvellement fondé, et assumerait ce poste au moins jusqu’en 1923. Au début, il ne recommandait pas une action politique directe de la part des fermiers – dont le mouvement dans sa province natale était le plus fort des Maritimes –, mais il en vint graduellement à croire que son programme ne pouvait progresser autrement. Pendant la Première Guerre mondiale, Caldwell (dont les deux fils aînés, Edward Andrew et Paul Wilmot, s’étaient enrôlés pour combattre outre-mer) se définissait probablement comme un libéral unioniste. En février 1919, le gouvernement fédéral de sir Robert Laird Borden le nomma président, dans sa province, du comité de qualification en agriculture de la Commission d’établissement de soldats du Canada et membre du comité des prêts. Il quitterait ces fonctions en septembre, pour répondre à l’appel de la politique fédérale.

Pour Caldwell, l’occasion de briguer les suffrages se présenta de façon imprévue en août, quand Frank Broadstreet Carvell*, député unioniste de Victoria and Carleton, démissionna. À l’élection partielle subséquente, Caldwell se porta candidat sous l’étiquette des Fermiers unis, qui avaient adopté un programme électoral en 11 points au mois de mars. Borden voulait absolument conserver le siège, que Carvell, ancien libéral et représentant de la province au cabinet, avait obtenu par acclamation en 1917. Pour ce faire, le premier ministre envoya trois ministres de son cabinet dans la circonscription : Arthur Meighen* et Gideon Decker Robertson firent campagne au nom de Weldon Wilbur Melville, ancien combattant de retour au pays, tandis que Pierre-Édouard Blondin* s’occupa de l’organisation, particulièrement parmi les nombreux francophones du comté de Victoria. Tout cela en vain : le 27 octobre 1919, Caldwell remporta la victoire par une marge de 3 544 voix. L’historien William Lewis Morton* attribuerait ce triomphe au fait que les libéraux n’avaient pas présenté de candidat, choix délibéré du parti pour éviter de diviser le vote de la gauche et risquer ainsi que le candidat unioniste ne revienne.

À titre de député des Fermiers unis, Caldwell fut l’un des premiers membres du groupe parlementaire agraire qui se rassembla autour de Thomas Alexander Crerar*. Cet unioniste du Manitoba avait démissionné en tant que ministre de l’Agriculture en juin 1919 et traversé le parquet de la Chambre des communes en raison de son désaccord au sujet des tarifs protectionnistes élevés : Crerar croyait que ceux-ci nuisaient aux fermiers, alors qu’un libre-échange avec les États-Unis les aiderait. En 1920, Caldwell participa à la fondation du Parti progressiste, dont Crerar devint le chef de facto, et fit partie des 65 députés progressistes réélus aux élections générales du 6 décembre 1921. Caldwell fut le seul candidat progressiste élu à l’est de l’Ontario, aidé par le net avantage que lui conférait sa popularité de député en place, dont on considérait que l’allégeance première allait au mouvement des fermiers. En novembre 1922, il présida le congrès des progressistes à Winnipeg, au cours duquel Crerar, frustré parce que ses députés ne se montraient pas disposés à accepter la nécessité d’une discipline de parti à la Chambre, démissionna comme leader parlementaire. On nomma Caldwell à un comité qui devait servir d’organe exécutif national du parti, mais la plupart des membres préférèrent le principe de l’autonomie pour les circonscriptions locales.

Au milieu des années 1920, les FUNB étaient à l’agonie et les progressistes, en déroute. Aux élections fédérales du 29 octobre 1925, le parti perdit bien plus que la moitié des sièges remportés quatre ans plus tôt. Caldwell lui-même figurait parmi les victimes : candidat libéral progressiste indépendant et seul député sortant à se présenter sous cette étiquette, il eut malheureusement comme adversaire James Kidd Flemming*, ancien premier ministre conservateur du Nouveau-Brunswick. Malgré son passé – il avait démissionné dans la honte en 1914 –, Flemming demeurait un héros local et remporta le siège par 1 901 voix. Contrairement à Crerar et à son successeur comme leader parlementaire du parti, Robert Forke, Caldwell ne retourna pas au Parti libéral, qui absorba de nombreux progressistes, et ne brigua plus les suffrages. Il avait perdu le goût de la politique.

Caldwell retourna dans le comté de Carleton et au mouvement des fermiers, devenant membre du conseil d’administration et du comité de direction de la Farmer’s Co-operative Company of New Brunswick. Sa première femme mourut en 1928. Il partit vivre peu après à Ottawa, où il se remaria et devint voyageur de commerce et agent d’assurance. Des problèmes de santé l’obligèrent à prendre sa retraite ; il aida alors sa nouvelle épouse, Mallissa Mae Halladay, à tenir sa pension de famille, rue Metcalfe. En 1932, Caldwell fit partie d’une délégation qui se rendit en Angleterre pour protester contre un embargo britannique sur les pommes de terre du Canada. Quand il mourut subitement d’une défaillance cardiaque le 16 mars 1937, de vieux amis et alliés politiques, tels qu’Agnes Campbell Macphail* et Joseph-Enoil Michaud*, lui rendirent hommage.

Homme politique malgré lui, Thomas Wakem Caldwell considérait la partisanerie politique comme un mal nécessaire. Idéaliste pragmatique, il croyait que les progressistes seraient plus efficaces comme parti politique national que comme mouvement de protestation agraire régional. Pour lui, le parti représentait, ou aurait dû représenter, la voix de tous les fermiers, dont les intérêts n’étaient pas suffisamment pris en considération par l’un ou l’autre des partis traditionnels. Même s’il eut un succès mitigé en politique, Caldwell constitua indubitablement un personnage important au sein du mouvement des Fermiers unis et du Parti progressiste. Toutefois, bon nombre des agriculteurs du Nouveau-Brunswick estimaient que la direction des FUNB tendait trop vers la gauche, et Caldwell fut écarté de la politique lorsque ses partisans prêtèrent en masse l’oreille à une voix discréditée du passé.

Barry Cahill

Queen’s Univ. Arch. (Kingston, Ontario), Thomas Alexander Crerar fonds.— Carleton Observer (Hartland, N.-B.), 1918–1930.— Carleton Sentinel (Woodstock, N.-B.), 1918–1937.— Grain Growers’ Guide (Winnipeg), 1918–1925.— Maritime Farmer and Co-operative Dairyman (Sussex, N.-B.), 1918–1925.— Observer (Hartland), 1930–1937.— Press (Woodstock), 1918–1937.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1919–1925 ; Journaux, 1919–1925.— Canadian annual rev., 1919–1922.— A. T. Doyle, Front benches & back rooms : a story of corruption, muckraking, raw partisanship and intrigue in New Brunswick (Toronto, 1976).— W. L. Morton, The Progressive Party in Canada (Toronto, 1950).— A. M. Trueman, « New Brunswick and the 1921 federal election » (mémoire de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1975).— United Farmers Guide (Moncton, N.-B.), 1920–1937.

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Barry Cahill, « CALDWELL, THOMAS WAKEM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/caldwell_thomas_wakem_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2019
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