CAIRNS, HUGH, soldat, né le 4 décembre 1896 à Ashington, comté de Northumberland, Angleterre, troisième des 11 enfants de George Henry Cairns et d’Elizabeth Dores Donkin ; décédé célibataire le 2 novembre 1918 près de Valenciennes, France.

Hugh Cairns fit ses études en Angleterre et immigra en Saskatchewan avec sa famille en mai 1911. Apprenti à la Northern Plumbing Company de Saskatoon, il appartenait par ailleurs à la chorale et à l’équipe de football de la Christ Church. Ses contemporains s’en souvenaient comme d’« un gars trapu d’environ cinq pieds huit pouces, cent soixante-dix livres, avec les joues rouges ».

Le 2 août 1915, à Saskatoon, Hugh et son frère aîné, Albert, s’enrôlèrent dans le 65th Infantry Battalion du Corps expéditionnaire canadien. Arrivés le 29 juin 1916 à Bramshott, en Angleterre, ils furent mutés le lendemain au 46th Infantry Battalion, qui allait bientôt partir pour la France. Le 3 juin 1917, Cairns conduisit un détachement à un moment critique et assura un feu de soutien au flanc d’un bataillon qui attaquait les lignes ennemies près de La Goulotte, à proximité d’Avion. Blessé, il couvrit pourtant la retraite de son groupe jusqu’à ce qu’il soit à court de munitions, puis regagna ses lignes. Il reçut la médaille de Conduite distinguée pour « bravoure et zèle manifestes ». Il servit avec le bataillon au combat de la cote 70, en août 1917, à la bataille de Passchendaele, en Belgique, en novembre 1917 et à celle d’Amiens, en France, en août 1918. Il fut promu caporal, puis sergent.

La mort d’Albert, survenue le 10 septembre 1918 des suites de blessures subies pendant la prise de la ligne Drocourt-Quéant, affecta profondément Hugh. Les deux frères avaient été inséparables. Un des camarades de Hugh rappela que « Hughie disait qu’il aurait cinquante Allemands pour ça » et ajoutait : « Je ne pense pas qu’il ait jamais eu l’intention de revenir [de la guerre] après qu’Abbie se fut fait tuer. » Seul un désir presque fanatique de vengeance peut expliquer ce que Cairns fit huit semaines plus tard.

Le 1er novembre 1918, le peloton de Cairns, en avançant sur un faubourg de Valenciennes, Marly, se trouva sous le feu nourri d’une mitrailleuse ennemie. Cairns saisit une mitrailleuse Lewis et enleva par surprise le poste, tuant cinq Allemands et saisissant l’arme. Peu après, le peloton rencontra encore de la résistance. De nouveau, Cairns monta tout seul à l’assaut ; il tua 12 hommes, en captura 18 et prit deux autres mitrailleuses. L’avance du peloton fut entravée une troisième fois. Cairns était blessé, mais il dirigea tout de même un petit détachement en vue de prendre en flanc le groupe allemand. Son groupe tua un certain nombre d’hommes et captura une cinquantaine de soldats avec leurs armes.

Malgré ces exploits surhumains, Cairns n’avait pas fini sa journée. Une fois que la ligne canadienne à l’est de Valenciennes eut été renforcée, il accompagna une petite patrouille à Marly. À cet endroit, la patrouille prit au piège 60 soldats ennemis et les força à se rendre. Pendant que les patrouilleurs désarmaient les captifs, un officier tira sur Cairns et l’atteignit à l’abdomen. La patrouille riposta et infligea à l’ennemi de lourdes pertes. Cairns s’effondra au cours de l’engagement parce qu’il perdait du sang. Il mourut des suites de ses blessures le 2 novembre, neuf jours avant l’armistice. Il repose au cimetière britannique d’Auberchicourt, à l’est de Douai, en France.

Dans une lettre à la mère de Hugh Cairns, l’aumônier F. H. Buck écrivait : « Votre fils était sans aucun doute l’un des hommes les plus remarquables du bataillon. Il ignorait la peur, tout simplement, et son habileté à la mitrailleuse était insurpassable. » En reconnaissance de sa « bravoure éclatante », on lui décerna la croix de Victoria à titre posthume ; il fut le dernier Canadien à recevoir cette décoration pour la Première Guerre mondiale. La médaille fut remise à son père en avril 1919. En outre, le gouvernement français nomma Cairns chevalier de la Légion d’honneur. En 1936, la ville de Valenciennes lui rendit hommage en donnant son nom à une avenue – la seule de France qui porte le nom d’un simple soldat étranger. À Saskatoon, on a érigé une statue de lui en l’honneur des joueurs de football tués pendant la guerre ; de plus, une école et un manège militaire portent son nom. Pour les habitants de cette ville, il en est venu à symboliser la Grande Guerre.

Stanley D. Hanson

AN, RG 150, Acc. 1992–93/166, dossier 472168.— General Register Office, Northumberland Central Registration Dist. (Morpeth, Angleterre), Reg. of births, Bedlington, 4 déc. 1896.— Daily Star (Saskatoon), nov. 1918–mai 1919.— The epic of Vimy, W. W. Murray, édit. (Ottawa, [1936]).— Don Kerr et S. [D.] Hanson, Saskatoon : the first half-century (Edmonton, 1982) (photographie de Cairns à la p. 158).— J. L. McWilliams et R. J. Steel, The suicide battalion (Edmonton, 1978).— G. G. Nasmith, Canada’s sons and Great Britain in the World War [...] (Toronto, 1919).— Valiant men : Canada’s Victoria Cross and George Cross winners, John Swettenham, édit. (Toronto, 1973).

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Stanley D. Hanson, « CAIRNS, HUGH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cairns_hugh_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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