CAILLY, FRANÇOIS-JOSEPH, officier dans le régiment suisse de Karrer, baptisé le 16 septembre 1700 à Sainte-Croix-en-Plaine (dép. du Haut-Rhin, France), fils de Jean-Christophore Cailly et de Marie-Salomé Duvallier ; il épousa Anne-Marie Volant, nièce du colonel Louis-Ignaz Karrer, qui lui donna cinq enfants ; décédé après 1762.

François-Joseph Cailly entra dans le régiment de Karrer comme cadet en 1719, au moment de la formation du régiment. Il fut fait enseigne en 1723 et on l’envoya à la Martinique ; trois ans plus tard il accéda au grade de capitaine-lieutenant (l’équivalent du grade de capitaine dans les troupes de la Marine) et on lui confia le commandement d’une demi-compagnie en garnison à Saint-Domingue (île d’Haïti). En 1730, il fut impliqué dans une querelle qui se termina par la mort d’un autre officier. Cailly fut acquitté du meurtre et on l’envoya commander les 100 Suisses qui étaient en garnison à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), en dépit des protestations du gouverneur, Saint-Ovide [Monbeton], cousin de l’officier tué. Cailly débarqua à Louisbourg le 2 septembre 1732.

Presque aussitôt, Cailly se querella avec Saint-Ovide ; le litige portait sur le roulement de tambour qu’il fallait utiliser quand les Suisses montaient la garde. À titre d’étrangers au service du roi, les Suisses avaient la permission de conserver beaucoup de leurs propres coutumes et, à cette occasion, Saint-Ovide encourut un blâme pour avoir tenté de leur imposer les pratiques françaises. Tout au long du séjour qu’il fit à Louisbourg, Cailly se fit fort de revendiquer tous les droits et prérogatives des Suisses et cette attitude devait lui susciter de nombreuses difficultés. Le reste du temps pendant lequel Saint-Ovide occupa la charge de commandant, il n’y eut plus d’autres conflits déclarés et le gouverneur, avant de quitter Louisbourg en 1738, écrivit une lettre où il recommandait le commandant de la garde suisse. Dans l’intervalle, Cailly avait consolidé sa propre position à Louisbourg. S’étant porté acquéreur de deux propriétés, il en loua une à la couronne comme résidence d’officier et, suivant en cela la pratique courante chez la plupart des commandants de compagnie, il installa, pour ses hommes, une cantine dont on dit qu’il retira des bénéfices considérables.

Peu après l’arrivée, en 1740, du nouveau commandant, Jean-Baptiste-Louis Le Prévost Duquesnel, Cailly sentit qu’il lui faudrait affirmer son autorité. Il était bien décidé à maintenir son autorité sur ses hommes et s’objecta quand ceux-ci portèrent plainte auprès des autorités civiles. En octobre 1741, il refusa à ses soldats la permission de se rassembler, malgré l’ordre émané directement de Duquesnel, et s’incrimina lui-même en formulant son refus par écrit. Duquesnel adressa une lettre ferme à Maurepas, ministre de la Marine, et joignit une copie de la note de Cailly ; il énuméra un certain nombre de cas où le commandant des Suisses avait outrepassé ses pouvoirs et laissa entendre que ces actions manifestaient un esprit de révolte. Devant ce cas patent de désobéissance, Maurepas n’avait pas le choix. Il informa le colonel Karrer qu’il avait soumis l’affaire au roi et il ordonna la mise à la retraite de Cailly à compter du 1er janvier 1742. Cailly quitta Louisbourg à la fin de 1741. En 1742, pour répondre à une requête de Mme Cailly qui était demeurée à Louisbourg jusqu’à l’été, Duquesnel demanda la réinstallation de son ancien antagoniste. Cailly obtint de reprendre du service en 1743, mais on ne lui permit pas de retourner à Louisbourg. Il fut affecté à Rochefort et, après la mort de Karrer, en 1751, il occupa pendant un certain temps le poste de commandant par intérim du régiment. Cette même année, on lui accorda la croix de Saint-Louis ; quatre ans plus tard il était promu lieutenant-colonel. Il était toujours en service en 1762, mais on ne sait rien de lui après le démembrement du régiment, en 1763.

Cailly ne semble pas avoir été un commandant exceptionnel. Sa vigoureuse défense des droits des Suisses fut poussée à l’extrême ; par son opposition à Duquesnel, il donna à ses hommes l’exemple de la désobéissance, car ses hommes se mutinèrent contre l’autorité française en 1744.

Blaine Adams

AD, Haut-Rhin (Colmar), État civil, Sainte-Croixen-Plaine, 16 sept. 1700.— AN, Col., B, 56, f.178 ; 57, ff.768v.–769 ; 59, ff.533–534 ; 74, ff.557–557v. ; 75, f.243 ; 76, ff.50–51v. ; 90, f.266 ; 94, f.56 ; Col., C11C, 12, ff.44–44v., 263–268 ; 13, ff.55–56 ; 23, ff.60–64, 82–83 ; 24, ff.47–47v., 49–50 ; Col., C11C, 11, f. 144 ; Marine, C7, 50 (dossier Cailly) ; Section Outre-Mer, G1, 406.— SHA, XI, cartons 31–33.— Louisbourg in 1745 (Wrong).

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Blaine Adams, « CAILLY, FRANÇOIS-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cailly_francois_joseph_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024