BURCHILL, JOHN PERCIVAL, entrepreneur forestier, homme d’affaires et homme politique, né le 6 février 1855 dans l’île Beaubears, Nouveau-Brunswick, fils de George Burchill* et de Bridget Percival ; le 4 janvier 1882, il épousa à Bushville, Nouveau-Brunswick, Eliza Bacon Wilkinson (décédée le 4 janvier 1921), et ils eurent deux filles et un fils ; décédé le 18 décembre 1923 à Newcastle, Nouveau-Brunswick.

L’éducation de John Percival Burchill (ou J. P., comme tout le monde l’appelait) se fit à l’école paroissiale et à la grammar school de Chatham ainsi que par une tournée équivalente au grand tour des Maritimes. Dans son cas, ce fut un voyage de deux ans au cours duquel il rendit visite à des parents au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Angleterre et même à St Louis, au Missouri. De retour en 1873, Burchill travailla au commerce de bois d’œuvre de son père à Nelson (Nelson-Miramichi) tout en poursuivant son apprentissage dans de petites exploitations.

En 1875, le père de John Percival Burchill acheta une scierie et lui-même commença peu à peu à diriger les activités externes de la compagnie. En 1881, John Percival et son jeune frère, George, s’associèrent à leur père dans une nouvelle société, la Geo. Burchill and Sons, où George fils prit graduellement la direction des activités internes. Avec des concessions forestières sur plus de 100 milles carrés de terres de la couronne et sa propre scierie, l’entreprise se situait dans la moyenne des compagnies de bois d’œuvre du Nouveau-Brunswick.

John Percival Burchill brigua les suffrages pour la première fois en 1878 : élu au conseil du comté de Northumberland, il fut désigné pour exercer la fonction de préfet en 1882, sa dernière année au conseil. Aux élections provinciales de la même année, il remporta l’un des quatre sièges de la circonscription de Northumberland. Il était libéral, mais le régime des partis n’était pas encore solidement implanté au Nouveau-Brunswick, et l’on avait l’habitude de distinguer les députés en parlant du camp gouvernemental et du camp de l’opposition. L’Assemblée comptait beaucoup de membres qui changeaient fréquemment de camp selon leurs visées politiques. Sans être l’un de ces députés « ni chair ni poisson », Burchill savait garder une certaine indépendance par rapport aux libéraux et prenait couramment ses décisions en fonction des besoins de l’industrie du bois d’œuvre. C’était non seulement son secteur d’activité, mais aussi la base de l’économie provinciale.

À Fredericton, Burchill siégeait dans l’opposition. Cependant, les élections avaient presque été un match nul et, après avoir essayé de gouverner, le premier ministre Daniel Lionel Hanington démissionna. Andrew George Blair* lui succéda en 1883. Burchill devint alors membre du gouvernement et, par manque d’expérience, il soutint les changements apportés par Blair à la réglementation des terres de la couronne. Comme ces modifications allaient à l’encontre des souhaits et des besoins de l’industrie du bois d’œuvre, il subit la défaite aux élections de 1886.

Burchill n’eut pas à attendre longtemps pour tenter sa chance une autre fois. Il fallut tenir une élection partielle en 1887 et, pendant la campagne, Burchill admit dans une lettre ouverte au Daily Sun de Saint-Jean avoir eu tort d’appuyer les modifications aux règlements. Il sortit vainqueur du scrutin. Une longue récession s’amorça vers la fin des années 1880 et, bien que Burchill ait défendu la cause des entrepreneurs forestiers, à la fois en public et auprès du premier ministre, il ne parvint pas à obtenir de nouveaux changements à la réglementation. Manifestement, à cause de l’opposition au sein de l’Assemblée et de la poursuite de la récession, le contrôle des terres de la couronne serait l’un des thèmes de la campagne électorale de 1890. Le premier ministre Blair convoqua les élections pour janvier. On l’accusa de priver une grande partie de la population du droit de vote. Les bûcherons passaient l’hiver dans les bois et ne pourraient pas se rendre aux urnes. Burchill et les autres députés de Northumberland, même s’ils étaient libéraux de nom, se firent élire en s’opposant au gouvernement sur la question de la réglementation du bois.

À l’issue du scrutin, le groupe gouvernemental et le groupe de l’opposition avaient à peu près le même nombre de sièges. L’équilibre des forces reposait entre les mains de sept ou huit indépendants, dont les quatre députés de Northumberland. Ces derniers conclurent un marché avec le gouvernement en vue de faire modifier les règlements sur le bois. Ainsi, Blair obtint sa majorité. Un des quatre députés de Northumberland, Lemuel John Tweedie*, obtint le poste d’arpenteur général, deux autres récoltèrent une commande de travaux publics, mais Burchill se contenta d’une réduction des droits de coupe. La presse et l’opposition s’indignèrent. Burchill fut réélu en 1892, en 1895 et en 1899. À l’Assemblée, le climat d’hostilité qui avait suivi « l’entente de Northumberland » se dissipa bien vite et, dès 1893, Burchill fut choisi à l’unanimité président. Il exerça cette fonction jusqu’en 1899 et perdit son siège aux élections générales de 1903.

Après cette défaite, George Burchill père quitta l’entreprise, où John Percival et George fils restèrent comme associés actifs. Cependant, ce dernier mourut en 1906 et George père un an plus tard, de sorte que John Percival se retrouva seul pour exploiter la compagnie. Il ne se présenta pas aux élections de mars 1908, que les libéraux perdirent au profit des conservateurs de John Douglas Hazen*. Toutefois, il sortit de sa retraite pour se porter candidat à une élection partielle en décembre 1908, la gagna et siégea à l’Assemblée jusqu’en 1912. Il ne brigua pas les suffrages cette année-là.

En 1913, le gouvernement conservateur de James Kidd Flemming amenda les règlements sur les terres de la couronne de manière à habiliter l’État à renouveler les baux sans procéder à une offre publique. Au vu et au su du premier ministre – c’est du moins ce qu’une commission royale d’enquête conclut –, un employé du département de Terres de la couronne exigea alors de l’argent des exploitants forestiers, en échange de quoi il leur promit que leurs baux seraient renouvelés sans enchères publiques. Cette initiative, destinée à recueillir 100 000 $ pour le Parti conservateur, donna une bonne partie des résultats escomptés : les entrepreneurs, dont Burchill, versèrent en tout 71 665 $. Cependant, la magouille fut dévoilée en 1914, Flemming démissionna, et le gouvernement perdit les élections suivantes, en 1917. Peut-être à cause de cette affaire douteuse et d’autres scandales, Burchill quitta de nouveau sa retraite pour combattre les conservateurs. Élu, il siégea pour la durée d’un mandat avec l’équipe du premier ministre Walter Edward Foster*, mais perdit en 1920 et quitta la politique.

Burchill œuvra aussi pour l’industrie forestière en dehors de l’arène politique. Dans les années 1880, après qu’il eut pris la direction des activités externes de l’entreprise familiale, celle-ci avait commencé à améliorer les conditions de travail dans ses établissements. Les Burchill avaient la réputation d’être des employeurs justes et bienveillants, et leurs camps de bûcherons étaient parmi les mieux équipés du Nouveau-Brunswick. En outre, John Percival Burchill fut président de la North West Boom Company et membre du conseil d’administration de la South West Boom Company. Ces coopératives desservaient des entreprises forestières de toutes dimensions qui flottaient leur bois sur la Miramichi chaque printemps. Les participants payaient en fonction du nombre de billes qu’ils avaient dans chaque train de flottage. Burchill fut aussi le premier président de la Lumbermen and Limit Holders’ Association of New Brunswick, formée en 1913.

John Percival Burchill fut président de la Miramichi Steam Navigation Company pendant au moins 15 ans avant la liquidation de cette dernière en janvier 1920, puis participa à la fondation de l’entreprise qui prit la relève en juin suivant, le Miramichi River Service Limited. Il appartint aussi à la Miramichi Pilotage Commission et fut membre du premier conseil d’administration de la Miramichi Agricultural Exhibition Association Limited, où il occupa la présidence de 1915 à 1917. Franc-maçon, il fut vénérable de la Northumberland Lodge No. 17 durant deux mandats. Il fut également, à un moment donné, maître des Fils de la tempérance. On l’inhuma à Bushville dans le cimetière de l’église anglicane St Paul, où il avait été conseiller paroissial.

Burton Glendenning

APNB, MC 1156 ; MC 1246 ; RS68, 1906.— J. G. Burchill, A Miramichi saga ([Miramichi ?, 2000 ?]).— CPG, 1880–1920.— A. T. Doyle, Front benches & back rooms : a story of corruption, muckraking, raw partisanship and intrigue in New Brunswick (Toronto, 1976).— Elections in New Brunswick, 1784–1984 (Fredericton, 1984).— Burton Glendenning, « The Burchill lumbering firm, 1850–1906 ; an example of nineteenth century New Brunswick entrepreneurship » (mémoire de m.a., univ. Concordia, Montréal, 1978).— W. D. Hamilton, Dictionary of Miramichi biography ; biographical sketches of men and women born before 1900 who played a part in public life on the Miramichi : Northumberland County, New Brunswick, Canada (Saint Jean, N.-B.,1997).— Diane Myles, Speakers of the Legislative Assembly, province of New Brunswick, 1786–1985 (Fredericton, 1986).— Jane Percival Dollahan, The ancestors and descendants of John Percival of the Miramichi (Tucson, Ariz., 1972).— Prominent people of New Brunswick [...], C. H. McLean, compil. ([Saint Jean], 1937).— Prominent people of the Maritime provinces (Montréal, 1922).

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Burton Glendenning, « BURCHILL, JOHN PERCIVAL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burchill_john_percival_15F.html.

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