BURCHILL, GEORGE, homme d’affaires, né le 8 mai 1820 à Bandon (république d’Irlande), fils de Thomas Burchill et de Catherine Murphy ; le 12 avril 1849, il épousa à Chatham, Nouveau-Brunswick, Bridget Percival, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 18 juin 1907 à Nelson (Nelson-Miramichi, Nouveau-Brunswick).

George Burchill immigra dans la région de la Miramichi avec ses parents en 1826. C’est dans un magasin de Chatham qu’il eut son premier emploi, en tant que commis. Il fut engagé à ce titre par Joseph Russell* au début des années 1840 et finit par accéder à la direction administrative du chantier naval de Russell dans l’île Beaubears. Il exerça cette fonction jusqu’au 21 juin 1850, date à laquelle il acheta le chantier pour 1 000 £ avec le maître constructeur de Russell, John Harley*. Les deux hommes étaient financés par la Rankin, Gilmour and Company [V. Robert Rankin* ; Allan Gilmour* (1805–1884)], composante d’une société de transport maritime qui avait des sièges sociaux à Glasgow et Liverpool, mais aussi des succursales dans le monde entier, dont à Douglastown sur la Miramichi.

Ensemble, Burchill et Harley allaient bâtir neuf navires gréés en carré jaugeant de 568 à 1 002 tonneaux. Ils utilisaient des matériaux de qualité, faisant même venir au besoin des genoux en chêne de Québec, et prenaient toujours de bonnes assurances sur leurs navires et leurs cargaisons. Comme la plupart des constructeurs de navires des Maritimes, ils étaient aussi marchands de bois. Chaque année, ils expédiaient jusqu’à deux millions de pieds-planches à la Rankin, Gilmour and Company à Liverpool. Bien qu’ils aient eu des concessions sur des terres de la couronne, ils ne les exploitaient pas eux-mêmes. En général, ils se procuraient leur bois en l’achetant ou en faisant du troc à leur magasin général.

Le 18 février 1857, sur l’avis de la Rankin, Gilmour and Company, Burchill et Harley mirent fin à leur association. La part du bénéfice qui revint à Burchill s’élevait à 8 384 £, ce qui était excellent puisqu’il n’avait investi que 500 £. Il conserva ce qui, dans l’entreprise, n’était pas du domaine de la construction navale et alla s’installer à Nelson, sur la rive sud de la Miramichi, où il se lança dans le commerce du bois et la vente au détail de diverses marchandises. De 1857 à 1875, il réalisa dans le commerce de détail un chiffre d’affaires variant entre 8 000 $ et 27 000 $, et récolta chaque année un bénéfice (qui atteignit même 11 000 $). Burchill pratiquait le troc ; bois, billes, produits agricoles et poisson lui servaient de monnaie d’échange. Il traitait équitablement ses employés et ses fournisseurs, leur versant en argent comptant à peu près le quart de ce qu’il leur devait. Il n’était pas rare qu’ils reçoivent le reste en marchandises, étant donné la distance qui les séparaient des centres commerciaux qu’étaient Newcastle et Chatham. Au début, Burchill s’approvisionna en grande partie auprès de la Rankin, Gilmour and Company, mais, au fil des ans, il s’en détacha : après s’être élevé à environ 24 000 $ en 1857, le crédit à son compte n’était plus que de 207 $ en 1872. C’était l’époque où les commerces canadiens acquéraient de l’indépendance et achetaient de plus en plus en Amérique du Nord. (Il est aussi possible que Burchill en soit venu à se méfier de ses anciens mentors britanniques. L’année même où ils avaient conseillé à Burchill et à Harley d’abandonner la construction de navires, ils avaient ouvert un chantier naval sur la Miramichi.)

Modeste au début, le commerce de bois de Burchill prit de l’essor à compter de 1866, à la faveur de la reprise que le marché britannique connut après la guerre de Sécession. Son chiffre d’affaires atteindrait 38 000 $ en 1875. Jusque dans les années 1870, ses concessions sur des terres de la couronne ne dépassaient généralement pas 20 milles carrés, et il ne faisait pas d’exploitation forestière. Des sous-traitants qui exploitaient ses concessions lui fournissaient des billes, ou bien il en achetait ou en obtenait par troc. De 1868 à 1875, il fit scier la plus grande partie de son bois à la scierie de Charles Sargeant, un de ses futurs gendres. Par ailleurs, il investit dans bon nombre d’entreprises locales, dont la Bathurst Telegraph Company, la Newcastle Telegraph Company et la Chatham Gas Light Company, ainsi que dans un certain nombre de banques. Il devint l’un des associés principaux de la North West Boom Company et détenait de nombreuses hypothèques sur des propriétés de sa région.

Les affaires de Burchill allaient très bien. En 1875, en pleine dépression mondiale, il put acheter la scierie de Sargeant sans recourir à un bailleur de fonds. De 1873 à 1880, la valeur nette de son avoir s’accrut du tiers, au point d’approcher les 100 000 $. L’année suivante, il forma la Geo. Burchill and Sons en prenant comme associés en second ses fils George et John Percival* Burchill (bientôt député à l’Assemblée de la province). À ce moment-là, ses concessions forestières étaient beaucoup plus vastes qu’auparavant ; elles représentaient 3,7 % de l’ensemble des concessions louées au Nouveau-Brunswick en 1880, ce qui le plaçait au neuvième rang des 107 locataires. Au début des années 1880, ses concessions annuelles étaient d’environ 100 milles carrés ; de 1894 à 1901, elles dépassèrent cette superficie au point d’atteindre 150 milles carrés à la fin de cette période. L’entreprise commença à abattre des arbres pour son propre compte dans les années 1880 tout en continuant de s’approvisionner auprès de sous-traitants et d’autres. Elle se mit aussi à faire du sciage pour des entrepreneurs forestiers qui n’avaient pas de scierie. Elle faisait donc toujours plus de sciage que d’abattage. De plus, comme elle continuait d’acheter du bois dans d’autres scieries, le volume de ses expéditions dépassait souvent sa production. De 1880 à 1906, la scierie, qu’il avait fallu reconstruire après un incendie en 1876, produisit annuellement une moyenne de quatre millions de pieds-planches. Les Burchill continuèrent longtemps d’expédier leur bois par voilier. Dès 1866, une cargaison de bois avait quitté la Miramichi sur un vapeur, mais ils n’adoptèrent ce moyen de transport qu’en 1892. Cependant, à compter de 1885, le bois à destination de l’Amérique du Nord fut expédié par train exclusivement.

Pour ce qui était de l’administration de ses camps de bûcherons, Burchill était en avance sur son temps. Bon nombre des produits alimentaires qu’il offrait n’apparurent pas dans les autres camps avant 20 ans. En outre, ses camps comportaient des fenêtres, des serviettes, des couvertures et des tapis, ce qui lui faisait des dépenses de plus à assumer. Abattre son propre bois lui coûtait plus cher que d’en acheter. Par ailleurs, il n’était pas dur avec ses locataires. De 1875 à 1896, le loyer mensuel des maisons dont il avait fait l’acquisition avec la scierie de Sargeant varia de 4 $ à 2,50 $, selon la conjoncture économique.

L’entreprise des Burchill fit l’objet d’une restructuration le 1er janvier 1904 : John Percival en devint l’associé principal et George père, alors âgé de 83 ans, prit sa retraite. Sa mort surviendrait trois ans plus tard. Avant toute chose, il avait su résister aux périls de son temps. Pendant la longue dépression de 1873 à 1896, au cours de laquelle tant d’entreprises s’étaient écroulées, la sienne avait pris de l’expansion. À une époque où tant de petites compagnies de bois se faisaient absorber par l’industrie des pâtes et papiers, la sienne était restée une entreprise familiale rentable.

Burton Glendenning

La biographie de George Burchill est fondée surtout sur notre thèse intitulée « The Burchill lumbering firm, 1850–1906 ; an example of nineteenth century New Brunswick entrepreneurship » (thèse de m.a., Concordia Univ., Montréal, 1978). Elle s’appuie aussi sur d’autres sources dont la George Burchill & Sons coll. aux APNB, MC 1246 (citée dans la thèse d’après sa classification antérieure, MBU), particulièrement la correspondance non classée de la famille datant des années 1970 et ajoutée à la collection depuis 1978, ainsi que les lettres d’homologation des testaments de George Burchill père et de George Burchill fils aux APNB, RS68, 1906 ; comme leur décès est survenu à des dates rapprochées, les documents ont été classés dans un seul dossier.  [b. g.]

APNB, RS153, A1/10–18 ; 17/2, no 3217.— N.-B., Crown Land Office, Returns (Fredericton), 1850–1860, publié par la suite sous le titre Crown Land Dept., Annual report, 1861–1906.— Jane Percival Dollahan, The ancestors and descendants of John Percival of the Miramichi (Tucson, Ariz., 1972).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Burton Glendenning, « BURCHILL, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burchill_george_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    28 novembre 2024