BUELL, WILLIAM, meunier, juge de paix et homme politique, né le 5 octobre 1751 à Hebron (Marlborough, Connecticut), fils de Timothy Buell et de Mercy Peters ; le 10 mars 1782, il épousa Martha Naughton (Norton), et ils eurent dix enfants, puis le 31 mars 1827 Margaret Barnard, née Berkley, et de ce mariage naquit un enfant ; décédé le 8 août 1832 à Brockville, Haut-Canada.
William Buell appartenait à une famille qui jouissait d’une certaine influence à Hebron depuis plusieurs générations. Au début des années 1770, Timothy Buell alla s’installer au fort Ann, sur l’Hudson, dans la colonie de New York. Lorsque la Révolution américaine éclata, il refusa de prendre position et sa famille fut harcelée à cause de cette neutralité ; il redéménagea donc pour aller vivre dans le comté de Charlotte (comté de Washington), sur le lac Ontario. William, qui était tonnelier comme son père, se rangea du côté des Britanniques et vint s’établir à Montréal peu après le début de la révolution. Il détenait le grade d’adjoint au quartier-maître dans l’armée du major général John Burgoyne* lorsqu’elle capitula, le 17 octobre 1777, à Saratoga (Schuylerville, New York). Buell s’enrôla ensuite comme enseigne dans les King’s Rangers de Robert Rogers*, recrutés en 1779 ; plus tard, il fut promu lieutenant. Pendant la guerre, il servit aussi comme courrier et fut capturé à deux reprises, mais il réussit chaque fois à s’évader. L’unité fut licenciée en 1783, et Buell fut mis à la demi-solde.
Après la révolution, le reste de la famille Buell quitta l’état de New York pour aller rejoindre William, et tous vécurent quelque temps à Lachine, dans la province de Québec. En 1784, Buell alla s’établir dans le canton no 8 (canton d’Elizabethtown), à l’ouest de la province ; il réclama alors 505 acres de terre sur la rive de la baie où s’éleva plus tard Brockville et où il construisit la première maison des environs. La même année, des membres de sa famille vinrent se joindre à lui ; finalement, son père, ses frères et ses sœurs possédèrent tous des terres dans la même région. En 1793, Buell acquit encore 1 200 acres, auxquelles son service militaire lui donnait droit, dans le canton d’Oxford, près de l’endroit où se trouve aujourd’hui Kemptville.
Buell cultiva la terre dans la région de Brockville et, au cours des années 1790, il ouvrit un moulin. Il se trouva aussi mêlé à une série de querelles avec les familles de Justus Sherwood et de Daniel Jones, qui étaient établies dans le même secteur et se disputaient le pouvoir économique et politique. Les trois familles, de loin les plus en vue de la localité, ne pouvaient même pas s’entendre sur le nom à donner à la communauté qui était habituellement appelée Elizabethtown, mais qu’on surnommait Snarlington à cause de ces débats acrimonieux. La question fut résolue en 1812, et on opta finalement pour le nom de Brockville.
Le 24 juillet 1788, Buell reçut une commission de juge de paix pour le district de Luneburg et, le 15 juillet 1796, pour le district de Midland. En 1800, il fut élu député de la circonscription de Leeds à la chambre d’Assemblée du Haut-Canada. Il fut toutefois rarement présent en chambre : il manqua les sessions de 1802 et de 1803 au complet, puis il arriva après l’ouverture de la session de 1804 et quitta son siège bien avant la fin des travaux parlementaires. Au cours de son mandat, il vota généralement contre le gouvernement, introduisant ainsi dans la famille Buell une tendance réformiste qu’allaient poursuivre les générations à venir.
Buell contribua de façon significative au développement que connut Brockville à ses débuts. Vers 1809, il ouvrit la première école, dans sa propre maison, et l’enseignement y fut dispensé pendant plusieurs années. Le premier instituteur en fut Joseph Pyle. En 1811, Buell subdivisa sa terre et, en 1820, la soixantaine de maisons que comptait alors Brockville étaient bâties pour la plupart sur sa propriété. Mû par le sentiment du devoir envers la collectivité et par le désir de voir la localité se développer près de sa propriété, Buell donna du terrain pour le palais de justice et les églises presbytérienne, baptiste, méthodiste et catholique. En 1820, il construisit la première maison en pierre de Brockville ; c’était une résidence imposante sise au cœur du village.
En 1823, William Buell aida son fils William* à acheter le Brockville Recorder, qui devint un important organe réformiste dans l’est du Haut-Canada et qui s’avéra un succès financier pour la famille. Pendant les années 1820, il passa la majeure partie de son temps à s’occuper de son moulin ou à travailler dans la ferme de son fils William, au nord du village. Il eut son dernier enfant en 1828 alors qu’il avait plus de 75 ans. Il mourut du choléra pendant l’épidémie de 1832.
AO, MU 275, A. N. Buell, ébauche d’inscription pour le monument dédié à William Buell et à sa femme Martha Naughton, s.d.— APC, MG 24, B7 ; B75 ; RG 1, L3, 32 : B5/44.— History of the Buell family in England, from the remotest times ascertainable from our ancient histories, and in America, from town, parish, church and family records, Albert Welles, compil. (New York, 1881).— T. W. H. Leavitt, History of Leeds and Grenville, Ontario, from 1749 to 1879 [...] (Brockville, Ontario, 1879 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 181, 196–197.— Ruth McKenzie, Leeds and Grenville : their first two hundred years (Toronto et Montréal, 1967), 36–37, 114–115.— Ian MacPherson, Matters of loyalty : the Buells of Brockville, 1830–1850 (Belleville, 1981).
Ian Macpherson, « BUELL, WILLIAM (1751-1832) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/buell_william_1751_1832_6F.html.
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Auteur de l'article: | Ian Macpherson |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |