BROWN, JAMES, fermier, professeur et homme politique, né le 6 septembre 1790 à Glamis, près de Dundee, en Écosse, fils de James Brown et de Janet Douglas ; en 1817, il épousa Sarah Sharman et ils eurent quatre fils et trois filles ; en 1842, il se remaria à Catherine Gillespie, née Cameron, qui donna également naissance à quatre fils et trois filles ; décédé le 18 avril 1870 à Tower Hill, près de St Andrews, Nouveau-Brunswick.

Après avoir fait des études en Écosse, James Brown s’embarqua sur le brick Hector et, « jeune immigrant sans amis », il arriva à St Andrews en 1810. Il acheta un terrain à Tower Hill, dans le comté de Charlotte, où il fut fermier et professeur durant quelques années.

Aux élections générales de 1827, il tenta vainement de se faire élire à l’Assemblée dans le comté de Charlotte ; en 1830, il remporta la victoire et conserva son siège aux élections de 1834, 1837, 1842 et 1846. À l’instar de la plupart des autres députés, Brown n’était pas étroitement lié à un parti, mais ses vues le rapprochaient des réformistes comme Lemuel Allan Wilmot* et Charles Fisher*. Il appuya les mesures qui semblaient progressistes et qui étaient de nature à contribuer au progrès matériel de la province et il s’opposa au maintien des privilèges. En raison de sa compétence et de l’intérêt marqué qu’il portait au développement du Nouveau-Brunswick, il fut nommé parle gouvernement, en 1838, surveillant des travaux de construction de la route de Fredericton à St Andrews. Brown attachait beaucoup d’importance à cette route qui allait relier le comté de Charlotte à la capitale, car il avait souvent parcouru lui-même, à pied et à cheval, la distance de Tower Hill à Fredericton. Il consacra beaucoup d’efforts à la réalisation du projet et il acquit ainsi, dans le domaine de la construction des chemins et des ponts, des connaissances qui lui furent utiles par la suite.

En 1844, comme il avait l’expérience de l’enseignement, Brown fut chargé d’étudier, avec le docteur Sylvester Zolieski Earle* et John Gregory, la situation des écoles secondaires dans la province. Durant la seconde moitié de l’année, il prit des notes abondantes sur les nombreuses écoles qu’il visita dans les régions sud et ouest du Nouveau-Brunswick. Les commissaires présentèrent leur rapport à l’Assemblée en février 1845 ; on y retrouve les jugements incisifs et quelquefois âpres sur le progrès de l’éducation et les aptitudes des enseignants qui prévalent dans les notes prises par Brown et dans son journal. Brown estimait que la Wesleyan Academy de Sackville était « peut-être la meilleure de toutes les maisons d’enseignement de la province ».

L’intérêt soutenu qu’il portait à l’enseignement et à l’accessibilité de tous à l’éducation lui valut, en 1854, d’être nommé au sein d’un autre comité ; en collaboration avec John Hamilton Gray*, Egerton Ryerson*, John William Dawson* et John Simcoe Saunders*, il avait comme mandat de mener une enquête sur la situation de King’s College, à Fredericton [V. Edwin Jacob]. Les membres du comité étudièrent, à titre de modèle, l’organisation et l’administration de Brown University à Providence, dans le Rhode Island. À la suite de cette enquête et des recommandations auxquelles elle donna lieu, King’s College fut remplacé par l’University of New Brunswick, une institution non confessionnelle fondée en vertu d’une loi votée en 1859. Brown fit une dernière contribution importante à l’amélioration du système scolaire du Nouveau-Brunswick en rédigeant un vaste projet de loi sur l’administration des écoles paroissiales qui fut adopté par la législature en 1858.

En 1849, Brown avait reçu l’autorisation, avec le docteur James Robb de King’s College, d’accompagner le professeur James Finlay Weir Johnston* dans la tournée de 2 000 milles que celui-ci devait faire au Nouveau-Brunswick en vue de dresser un rapport sur l’état de l’agriculture. Cette enquête était une étape importante du programme établi par le gouvernement dans le but de favoriser le développement de l’agriculture. Le rapport de Johnston fit époque dans l’histoire de la recherche en ce domaine ; il contenait un grand nombre de données qui demeurèrent valables durant plus de 100 ans.

Brown subit la défaite aux élections générales de 1850, mais il fut nommé au Conseil législatif. En 1854, il donna sa démission et se fit élire député du comté de Charlotte à l’Assemblée. Il devint alors conseiller exécutif et arpenteur général dans le gouvernement dirigé par Charles Fisher. L’année suivante, il obtint un poste au bureau des Travaux publics et, en 1855 et 1856, il mena une vaste enquête sur l’état des travaux publics au Nouveau-Brunswick. Dans le journal qu’il tint durant cette période, on peut lire un rapport détaillé sur la condition des routes et des ponts à cette époque.

En 1856, le gouvernement Fisher démissionna et Brown ne fut pas candidat aux élections générales qui suivirent. Son journal indique qu’il se rétablissait péniblement d’une grave et longue maladie et qu’il faisait face à des difficultés financières. Réélu sous la bannière du gouvernement Fisher en 1857, il reprit son poste d’arpenteur général. Sous le gouvernement Fisher, on signala des irrégularités dans l’attribution des terres de la couronne, l’une des principales responsabilités de Brown. L’Assemblée ordonna une enquête et Brown offrit alors sa démission, qui ne fut pas acceptée. Le rapport présenté le 26 mars 1861 révéla que certains fonctionnaires de son service avaient effectivement commis des abus dans la vente des terres, mais l’honnêteté de Brown ne fut pas sérieusement mise en doute.

Aux élections générales de 1861, Brown fut défait et démissionna de son poste. Presque immédiatement nommé agent d’émigration, il alla passer une année en Grande-Bretagne en vue de promouvoir l’émigration au Nouveau-Brunswick. Dans un rapport publié en 1863, il fit le récit de ce retour nostalgique dans sa patrie. Il publia également quelques textes incitant les émigrants à s’établir au Nouveau-Brunswick. En juillet 1864, Brown se porta une nouvelle fois candidat dans le comté de Charlotte mais il fut battu, probablement en raison de son opposition au projet de confédération. Il rentra chez lui, à Tower Hill, et c’est là qu’il mourut en 1870.

La vie publique de Brown fut marquée par le souci constant d’améliorer le sort des gens du commun. Il garda, tout au long de sa carrière, une attitude libérale, préconisant un système d’enseignement public solide, un progrès matériel inspiré du dynamisme des états américains et une société libre, ouverte et sans classe privilégiée. Élevé dans la confession presbytérienne, il avait préféré, à l’âge adulte, se joindre à l’Église universaliste de St Stephen. De temps en temps, il assistait au service méthodiste, à Fredericton, mais il notait dans son journal que « l’apparat » le choquait. Ce sentiment, caractéristique de sa conception de la vie, l’amena également à rejeter, en 1860, une proposition de l’Assemblée suivant laquelle le prince de Galles devait être invité à visiter le Nouveau-Brunswick. Puisque la province était endettée, affirmait Brown, il ne convenait pas de dépenser les fonds publics de cette manière. Il était, bien entendu, un adepte du mouvement de tempérance.

À l’Assemblée, Brown ne joua pas un rôle de premier plan dans les débats relatifs aux affaires constitutionnelles comme le contrôle des revenus imprévus, le gouvernement responsable et la confédération. Son influence s’exerça plutôt dans le domaine du développement social et économique de la province, en raison de l’intérêt qu’il montrait pour l’éducation, l’agriculture, la question des terres, le transport et l’immigration. Peut-être était-il inévitable qu’un immigrant écossais d’esprit pratique comme lui se distingue en tant qu’homme d’action plutôt que par sa compétence en matière constitutionnelle.

Michael Swift

James Brown est l’auteur de [...] New Brunswick, as a home for emigrants : with the best means of promoting immigration, and developing the resources of the province (Saint-Jean, N.-B., 1860), et Report of Mr. Brown’s mission to Great Britain and Ireland, for the promotion of emigration to New Brunswick (Fredericton, 1863). Brown a aussi écrit quelques poèmes dont un seul a été retrouvé : Deil’s reply to Robert Burns, Acadiensis (Saint-Jean, N.-B.), III (1903) : 219–223 ; ce poème a été rédigé en l’honneur du centenaire de la naissance de Burns en 1859.

N.B. Museum, James Brown, Journal (photocopie).— PANB, J. C. et H. B. Graves, New Brunswick political biography, VI : 3s. ; RED/be/5 ; REX/mi/ex, draft minutes, 1845, 1849, 1854, 1859, 1861 ; RNA/c/3.— UNBL, MG H9 (Lilian Mary Beckwith Maxwell papers).— N.-B., House of Assembly, Journals, 1845, 1849, 1854, 1858–1859, 1861.— Royal Gazette (Fredericton), 1844, 1849, 1854, 1861.— MacNutt, New Brunswick.— L. M. B. Maxwell, How New Brunswick grew (Sackville, N.-B., 1943).— D. F. Maxwell, Hon. James Brown, Acadiensis (Saint-Jean, N.-B.), III (1903) : 184–191.— L. M. B. Maxwell, James Brown, Maritime Advocate and Busy East (Sackville, N.-B.), 41(1950–1951), no 4 : 9–13.

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Michael Swift, « BROWN, JAMES (1790-1870) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brown_james_1790_1870_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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