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BROSSARD (Broussard), dit BEAUSOLEIL, JOSEPH, colon, milicien, né en 1702 à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), fils de Jean-François Brossard* et de Catherine Richard, décédé en Louisiane en 1765.
Joseph Brossard est encore aujourd’hui vénéré pour sa bravoure comme chef de la résistance acadienne du haut de la rivière Petitcodiac au temps de la déportation, surtout par les Acadiens de la Louisiane, où il est devenu une figure légendaire. Il faut noter cependant que ses exploits ne sont pas tous consignés dans les archives.
En septembre 1725, Brossard épousa Agnès, fille de Michel Thibodeau (Tibaudeau) et d’Agnès Dugas, à Annapolis Royal. Quelques années plus tard, il alla s’établir à Chipoudy (Shepody, N.-B.) avec son frère Alexandre. Joseph fut amené devant le conseil d’Annapolis à deux reprises à cette époque. Il fut accusé en 1724 d’avoir maltraité un Acadien, puis, en 1726, d’être le père d’un enfant illégitime. Quoiqu’il niât cette dernière accusation, il fut incarcéré pendant quelque temps pour avoir refusé de pourvoir à la subsistance de l’enfant.
Vers 1740 Brossard s’établit à Le Cran (Stoney Creek, au sud de Moncton, N.-B.). Lors du combat des Mines au début de 1747, Brossard prêta main-forte aux troupes de Nicolas-Antoine Coulon de Villiers. Le 21 octobre le gouverneur William Shirley, du Massachusetts, mit Brossard et 11 autres personnes hors la loi pour avoir ravitaillé les troupes françaises.
En juin 1755, les Anglais, qui se disputaient avec les Français au sujet de la possession de la péninsule de Chignectou, assiégèrent le fort Beauséjour (près de Sackville, N.-B.). Brossard se livra à des escarmouches contre l’envahisseur et, au cours d’une campagne, il captura un officier anglais. Racontant cet incident, l’officier français Louis-Thomas Jacau* de Fiedmont témoigna que Brossard était reconnu comme l’un des plus braves et des plus entreprenants parmi les Acadiens. Le 16 juin, jour même de la capitulation du fort, il poussa l’audace jusqu’à attaquer le camp anglais avec 60 hommes, Français et Indiens, ne perdant qu’un seul homme. Deux jours plus tard, muni d’un sauf-conduit, il alla trouver le colonel Robert Monckton*, se proposant d’agir comme médiateur entre les Anglais et les Indiens, à la condition qu’on lui accorde l’amnistie ; Monckton consentit à cet arrangement, moyennant toutefois l’approbation du gouverneur Charles Lawrence.
Lors de la déportation des Acadiens, Brossard et sa famille se retirèrent probablement dans les bois. Il est possible qu’il se soit uni, ainsi que les autres chefs de famille de la région, à Charles Deschamps* de Boishébert pour résister à un détachement anglais venu ravager Chipoudy et Petitcodiac en septembre 1755. Peu après, Brossard, sous les ordres du gouverneur, Pierre de Rigaud* de Vaudreuil, arma un petit corsaire et réussit à faire quelques prises dans la baie Française (baie de Fundy). Secondé par ses quatre fils et les Acadiens réfugiés le long de la rivière Petitcodiac, il continua de harceler les forces anglaises. Ce fut peut-être à l’occasion d’une rencontre avec les troupes commandées par George Scott, venues dévaster la région de Petitcodiac en novembre 1758, qu’il fut blessé à un pied, ce qui l’obligea à s’éloigner pour un temps du côté de la rivière Miramichi.
Quelques Acadiens résistaient encore aux autorités anglaises en 1761 après la chute de Québec et de Louisbourg, île du Cap-Breton. En août 1761, William Forster, colonel anglais, écrivait au général Jeffery Amherst* : « ces gens sont ancrés dans leur opiniâtreté à cause d’un certain Beausoleil [...] et de l’un ou l’autre qui se sont rendus tellement odieux aux Anglais qu’ils sont conscients du traitement qui les attend s’ils viennent à tomber entre nos mains ». En novembre, Brossard était réduit à la famine et il ne lui restait plus qu’à se rendre, ce qu’il fit avec un groupe d’habitants en se livrant au colonel Joseph Frye, commandant du fort Cumberland, l’ancien fort Beauséjour. L’année suivante, en octobre, Brossard et sa famille figurent au nombre des prisonniers détenus au fort Edward (Windsor, N.-É.). Envoyés par la suite à Halifax, ils y furent gardés en captivité jusqu’au traité de Paris en 1763. Plus tard la même année, Brossard fut appréhendé à Pisiquid (Windsor) et trouvé en possession d’une lettre écrite par l’ambassadeur de France à Londres dans laquelle les Acadiens étaient sollicités de se retirer en France. Amené de nouveau à Halifax devant le conseil du gouverneur, il ne fut mis en liberté que l’année suivante ; c’est alors que, selon toute apparence, il nolisa une goélette pour se rendre avec d’autres Acadiens vers Saint-Domingue (île d’Haïti). Le climat ayant eu raison de beaucoup d’entre eux, Brossard aurait, au début de 1765, conduit en Louisiane, ceux qui restaient.
Le 8 avril 1765, à La Nouvelle-Orléans, Charles-Philippe Aubry, commandant de la Louisiane, nomma Joseph Brossard capitaine de la milice et commandant des Acadiens de la région des Attackapas, laquelle comprenait, entre autres, les paroisses Saint-Landry, Saint-Martin et Lafayette. Décédé quelques mois plus tard, Brossard était inhumé, le 20 octobre, au camp Beausoleil, près du site actuel de la ville de Broussard, à quelques milles au sud de Lafayette.
APC, MG 9, B8, 24 (Registres de Saint-Jean-Baptiste du Port-Royal) (le registre original pour 1702–1728 est conservé aux PANS et celui de 1727–1755 aux Diocesan Archives, Yarmouth, N.-É), pt.i, p. 222. The siege of Beauséjour in 1755 ; a journal of the attack on Beauséjour, written by Jacau de Fiedmont […], J. C. Webster édit. (« N. B. Museum, Historical Studies », 1, Saint-Jean, 1936), 41.— Knox, Historical journal (Doughty), I, app., 3s.— Mémoires sur le Canada, depuis 1749 jusqu’à 1760.— Northcliffe coll.— N. S. Archives, III – Les papiers Amherst, La Société historique acadienne (Moncton), 27 cahier (1970) : 304, 307.— Arsenault, Hist. et généal. des Acadiens.— Antoine Bernard, Histoire de la Louisiane de ses origines à nos jours (Québec, [1953]), 157, 158, 410.— D. J. Le Blanc, The true story of the Acadians [...] ([Lafayette, Louisiane], 1932), 65–67.— Murdoch, History of Nova-Scotia, II : 117, 314, 431.— J. C. Webster, The forts of Chignecto ; a study of the eighteenth century conflict between France and Great Britain in Acadia (s.l., 1930), 55, 71, 87, 113.
C. J. d’Entremont, « BROSSARD (Broussard), dit BEAUSOLEIL, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brossard_joseph_3F.html.
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Auteur de l'article: | C. J. d’Entremont |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |