BOUTET DE SAINT-MARTIN, MARTIN (appelé tantôt Boutet, tantôt Saint-Martin), premier instituteur laïque à Québec, promoteur de la musique sacrée et éminent professeur de navigation, né vers 1612 en France, mort vers 1683 à Québec.

Boutet vint à Québec peu avant 1645 avec sa femme, Catherine Soulage, et ses deux filles, afin d’y donner des leçons particulières aux fils de Français. Saint-Martin avait l’esprit d’un mathématicien, mais sa sensibilité le portait vers la musique. Comme chantre et violoniste, il participa à l’activité de la chorale paroissiale à compter de décembre 1645. En septembre 1651, il s’engageait par contrat envers le conseil et les marguilliers de l’église paroissiale à diriger une école de chant choral. Peu de temps après, il acceptait du collège des Jésuites le logement et la pension au lieu des émoluments que lui avait promis la paroisse. On le retrouve dans les années subséquentes tantôt comme chantre principal, tantôt comme greffier de la paroisse. Entre-temps, il gagnait de l’argent de poche par ses travaux d’arpentage.

Lorsque la plus jeune de ses filles, Marie (née à Saintes, en France, en 1642), eut fait sa profession chez les Ursulines, en 1659, il se détacha de l’argent. Désireux de tout abandonner pour le service de Dieu, il se présenta chez les Jésuites pour les servir et les aider de toutes façons susceptibles de contribuer à la plus grande gloire de Dieu. Ils estimèrent que l’enseignement des mathématiques, ou de ce qu’on appelait alors les mathématiques, était son meilleur champ d’action. Il enseignait les mathématiques, particulièrement dans leur application à l’arpentage et à la navigation, depuis environ cinq ans lorsque, en 1666, Jean Talon l’exhorta à enseigner les principes de la navigation, non seulement aux élèves du collège mais à tous les jeunes aspirants pilotes. Les Jésuites appuyèrent le projet et y collaborèrent, aidant ainsi à établir la renommée de Boutet comme le grand mathématicien de Québec. La délivrance de tout permis d’arpentage était subordonnée à son approbation. On confia à Boutet la tâche de répondre à un questionnaire envoyé de France portant sur la météorologie et les marées à Québec.

En 1671, Talon faisait part à Louis XIV de l’œuvre admirable accomplie par le sieur Saint-Martin et exprimait l’espoir que Québec devînt une pépinière de navigateurs. Les vœux de Talon se réalisèrent. 15 ans plus tard, Brisay* de Denonville exposait à Seignelay que depuis la mort de Boutet, survenue trois ans auparavant, le pays ne comptait malheureusement personne qui pût enseigner les principes de la navigation, car Boutet « a formé tous ceux qui, ici, sont rompus au métier de navigateur ». Comme suite à cette démarche de Denonville, J.-B.-L. Franquelin* fut nommé hydrographe royal à Québec et chargé des tâches dont Boutet s’était acquitté pendant 17 ans sans titre ni rémunération.

M. W. Burke-Gaffney

AN, Col., C11A, 8, pp. 20–22 (Denonville à Seignelay, 8 mai 1686).— ANDQ, Arpentage, 5 juillet 1655.— ASQ, Documents Faribault, 89a, Marché et accommodation faits par les sieurs et marguilliers de Québec avec Martin Boutet, 2 sept. 1651.— BN, mss, Clairambault 1016, f.168.— Correspondance de Talon, RAPQ, 1930–31, 157s.— JR (Thwaites), LX 104–147, Lettre de P. Jean Enjalran, 13 oct. 1676 ; XLII : 268–289, Catalogue des bienfaicteurs de N. Dame de Recouvrance de Kebec.— Jug. et délib., I.— Les Ursulines de Québec, II : 53s.

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M. W. Burke-Gaffney, « BOUTET DE SAINT-MARTIN (Boutet, Saint-Martin), MARTIN  », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boutet_de_saint_martin_martin_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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