BOURASSA, FRANÇOIS, fermier, patriote, officier de milice et homme politique, né le 5 juin 1813 à Sainte-Marguerite-de-Blairfindie (L’Acadie, Québec), fils aîné de François Bourassa, premier maire de l’endroit, et de Geneviève Patenaude ; il était le frère de Napoléon Bourassa* et l’oncle d’Henri Bourassa* ; décédé le 13 mai 1898 à Saint-Valentin, Québec.

François Bourassa fréquenta la petite école rurale de ce qui est devenu L’Acadie puis, afin de subvenir aux besoins de la famille, il travailla à la ferme de son père qui possédait 336 arpents de terre. Son intelligence vive et son grand jugement compensaient son instruction limitée. Le 28 février 1832, à l’âge de 18 ans, il épousa à Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu) Sophie Trahan, d’un an sa cadette. Ils eurent 13 enfants dont 11 survécurent ; l’aîné, Alfred, fut maire de L’Acadie de 1875 à 1877.

Bourassa participa à la rébellion de 1838 à titre de capitaine d’une compagnie de l’Association des frères-chasseurs. Par suite de l’échec du soulèvement, il fut arrêté et incarcéré à la prison de Montréal, mais il obtint ensuite sa libération sans procès. En 1847, il avait regagné la confiance des autorités et devint capitaine dans le 3e bataillon de milice du comté de Chambly, grade qu’il conserverait jusqu’en 1859.

Pour un temps agriculteur à L’Acadie, Bourassa s’établit ensuite à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu) en 1849. L’année suivante, le 8 juillet, on l’élut représentant de sa paroisse au conseil de la municipalité de comté de Chambly, fonction qu’il remplit jusqu’au 24 juillet 1854. Partisan de l’abolition de la tenure seigneuriale, il fut, avec Pierre-Paul Démaray*, l’un des délégués choisis le 22 août 1853 afin de prendre part à la Convention pour l’abolition des droits seigneuriaux dans le district de Montréal.

Le 1er août 1854, avec une majorité de 434 voix, Bourassa fut élu député de la nouvelle circonscription de Saint-Jean sous la bannière des « rouges ». Réélu en 1857, 1861 et 1863, il fut du nombre des représentants du peuple opposés au projet de confédération des provinces de l’Amérique du Nord britannique et qui adressèrent en 1866 une requête au secrétaire d’État aux Colonies à Londres, lord Carnarvon. Cette position ne l’empêcha toutefois pas, après l’entrée en vigueur de la Confédération canadienne, de briguer les suffrages aux élections générales tenues sous le nouveau régime et même de devenir, en septembre 1867, le premier député fédéral libéral de Saint-Jean. Très populaire auprès de ses commettants, il fut réélu sans interruption jusqu’en 1891.

Bourassa se retira de la vie politique en 1896, à l’âge de 83 ans, après une étonnante carrière de 42 années « marquée, comme le souligna le Canada français de Saint-Jean, par une honnêteté qui ne s’[était] jamais démentie et une rigoureuse observance de son devoir ». Même si Bourassa, qui s’était fait « l’avocat zélé des intérêts agricoles de ses commettants », ne parlait pas l’anglais et avait recours depuis 1854 à Félix-Gabriel Marchand comme interprète auprès de ses électeurs anglophones, ceux-ci lui étaient toujours restés fidèles. Considéré comme le doyen des parlementaires fédéraux, il fut surnommé le « père de la chambre des Communes ».

Outre la charge de député, Bourassa occupa celle de maire de L’Acadie du 1er février au 6 septembre 1858. Il n’obtint cependant pas en 1862 le siège de conseiller législatif pour la division de Lorimier.

François Bourassa mourut à Saint-Valentin en mai 1898. On inhuma sa dépouille mortelle le 16 de ce mois dans le cimetière de sa paroisse natale à L’Acadie, en présence de nombreux notables et hommes politiques dont Marchand, alors premier ministre à Québec.

Lionel Fortin

AN, RG 68, General index, 1841–1867.— ANQ-M, CE4-1, 5 juin 1813, 16 mai 1898 ; CE4-10, 28 févr. 1832.— ANQ-Q, E17/19, no 1241 ; E17/20, nos 1251, 1268–1270.— Arch. de la ville de Longueuil (Longueuil, Québec), Fonds Brais, Doc. concernant l’élection des conseillers de Saint-Jean-l’Évangéliste au conseil de la municipalité du comté de Chambly, 8 juill. 1850, 12 juill. 1852, 24 juill. 1854.— Arch. municipales, L’Acadie (Québec), Livres des délibérations du conseil municipal, 1er févr., 6 sept. 1858.— Arch. privées, Lionel Fortin (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec), Lionel Fortin, « le Député François Bourassa » (travail présenté dans le cadre du cours d’histoire 924 au Cegep Saint-Jean-sur-Richelieu, 1973), 1–6.— Le Canada français/le Franco-Canadien (Saint-Jean-sur-Richelieu), 15 janv. 1897.— Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— F. R. É. Campeau, Illustrated guide to the House of Commons and Senate of Canada [...] (Ottawa, 1879), 40–42, 90–91.— Canadian directory of parl. (Johnson), 61–62.— J. Desjardins, Guide parl., 180, 294.— Pierre Brault, Histoire de L’Acadie du Haut-Richelieu (Saint-Jean-sur-Richelieu, 1982), 269–273.— Cornell, Alignment of political groups, 38.— Lionel Fortin, Félix-Gabriel Marchand (Saint-Jean-sur-Richelieu, 1979), 20–22.— W. L. Morton, The critical years : the union of British North America, 1857–1873 (Toronto, 1964).— Robert Rumilly, Papineau et son temps (2 vol., Montréal, 1977), 2.— J. E. Atkinson, « A quintette of veterans : five relicts of the legislature of the United Canadas who are now members of the House of Commons », Canadian Magazine, 6 (nov. 1895–avril 1896) : 431–432.

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Lionel Fortin, « BOURASSA, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bourassa_francois_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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