BOUCHER DE LA BRUÈRE, PIERRE-CLAUDE, médecin, fonctionnaire, baptisé à Boucherville le 28 septembre 1808, fils aîné du colonel René Boucher de La Bruère et de Marie-Julie Weilbrenner, décédé à Saint-Hyacinthe le 19 mai 1871.

On ne connaît à peu près rien de la jeunesse de Pierre-Claude Boucher de La Bruère. Le 11 mars 1829, il est admis à la pratique de la médecine. Le 3 octobre 1836, il épouse à Boucherville Marie-Hippolyte de La Broquerie. Quelques années avant les troubles de 1837, on le retrouve à Saint-Hyacinthe où il exerce sa profession. Il devait y finir ses jours.

L’époque troublée que traverse le Bas-Canada durant la décennie de 1830 est certes la plus remplie de sa vie. En 1838, soupçonné d’être sympathique aux Patriotes, il est arrêté et conduit en prison. Personne n’eût cru à une telle éventualité deux ans plus tôt. Organiste de la paroisse, passionné de dessin et de théâtre, il passait ses loisirs à converser avec les prêtres-professeurs et les élèves du collège de Saint-Hyacinthe qui vantaient sa sensibilité et son sens de l’humour. Jusqu’aux résolutions de lord John Russell, au printemps de 1837, La Bruère ne participe à peu près jamais aux manifestations qui regroupent les Patriotes de Saint-Hyacinthe et des alentours. Il n’en était pas moins fort préoccupé par la tournure des événements.

Comme citoyen de Saint-Hyacinthe Boucher de La Bruère vit au cœur de la tourmente qui frappe le Bas-Canada. Médecin, il partage avec trop de confrères une clientèle dont les revenus sont peu élevés. Ami du collège de Saint-Hyacinthe où étudiaient cinq membres de la famille Papineau et deux fils de Wolfred Nelson*, il échange et partage avec de jeunes professeurs ses craintes et ses espoirs sur l’avenir de la nation. Sans doute lui rappelle-t-on que son grand-père a combattu à Châteauguay et que du sang de héros coule dans ses veines.

Durant la période pré-révolutionnaire, qui va d’avril à novembre 1837, la modération fait progressivement place à l’impatience et à l’exaspération chez Boucher de La Bruère. On le retrouve aux différents charivaris dont sont victimes les adversaires des Patriotes, il participe à la plantation du mai devant l’église de Saint-Hyacinthe en l’honneur de Louis-Joseph Papineau et il arpente les rues de la municipalité habillé d’étoffe du pays. En octobre 1837, il assiste à l’assemblée des six comtés. Il aurait pris les armes en novembre sans que l’on sache le rôle exact qu’il a joué dans les événements de Saint-Charles et de Saint-Denis.

Un an plus tard, au moment où l’agitation a repris avec l’Association secrète des frères-chasseurs [V. Nelson], Boucher de La Bruère est arrêté et conduit à la prison de Montréal. Son arrestation s’explique sans doute par le fait que le 2 novembre précédent il avait rencontré Édouard-Élisée Malhiot, un des leaders patriotes qui arrivait des États-Unis. On le soupçonnait en outre d’aider les Patriotes en utilisant les fonds de la Banque canadienne qu’il avait établie à Saint-Hyacinthe en 1835–1836 en société avec un de ses beaux-frères, Charles-Adrien Pacaud, lui-même partisan des Patriotes. Cette banque cessera ses opérations en 1839. Le 29 décembre 1838, La Bruère était remis en liberté, sans procès.

Après la rébellion il semble que le médecin soit retourné à une ligne de pensée politique plus modérée, d’ailleurs plus conforme à son tempérament. Le 15 septembre 1847, il est nommé major du 5e bataillon de la milice de Saint-Hyacinthe. En 1849, il s’oppose énergiquement à l’agitation soulevée par la question de l’annexion aux États-Unis. Après, on ne sait plus rien de sa pensée et de ses activités politiques.

Le 22 décembre 1862, il est nommé par le gouvernement au poste d’inspecteur des agences des terres de la couronne et, le 29 octobre 1867, à celui de directeur de la colonisation dans le Bas-Canada. En 1869, il acceptait en outre la fonction d’inspecteur des prisons [V. Terence Joseph O’Neill]. Malgré ses fonctions il n’en demeurait pas moins fort préoccupé par la vie et l’avenir de sa région. En 1853, on le retrouve président de la Société Saint-Jean-Baptiste de sa municipalité. Il participa à l’organisation de la Société de colonisation de Saint-Hyacinthe qui dirigea nombre de familles vers le comté de Compton.

C’est à Saint-Hyacinthe qu’il meurt, laissant dans le deuil son épouse et un fils unique, Pierre-René-Joseph-Hippolyte*, qui sera membre du Conseil législatif et surintendant de l’Instruction publique.

Yves Roby

Inventaire des documents relatifs aux événements de 1837 et 1838, conservés aux archives de la province de Québec, RAPQ, 1925–1926.— C.-P. Choquette, Histoire de la ville de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Qué., 1930).— Fauteux, Patriotes, 123s.

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Yves Roby, « BOUCHER DE LA BRUÈRE, PIERRE-CLAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boucher_de_la_bruere_pierre_claude_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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