BOUCHARD, ARTHUR (baptisé Thomas-Arthur), artisan, prêtre catholique et missionnaire, né le 4 janvier 1845 à Rivière-Ouelle, Bas-Canada, fils de Mathieu Bouchard, forgeron, et de Félicité Lebel ; décédé le 12 septembre 1896 à Port of Spain (république de Trinité-et-Tobago).
Arthur Bouchard était issu d’une famille pauvre et, encore très jeune, il perdit sa mère. Il fréquenta l’école de Saint-Denis puis, à l’âge de 15 ans, il fit son apprentissage de tailleur. Il exerça ce métier à L’Isle-Verte et à Trois-Pistoles. Il fit ensuite une année de noviciat chez les oblats de Marie-Immaculée, à Ottawa, avec la ferme intention de devenir frère convers, puis missionnaire. Tombé dangereusement malade, il dut cependant quitter l’établissement et se réfugia alors au séminaire de Saint-Sulpice à Montréal. Il y exerça les métiers de portier et de tailleur pendant six mois. Par la suite, il travailla à Montréal chez un fabricant et marchand d’ornements d’église.
En 1872, Bouchard rencontra Herbert Alfred Vaughan, prêtre anglais venu au Canada afin de recruter de futurs missionnaires. Il se sentit appelé et se rendit d’abord au séminaire qu’avait fondé Vaughan à Baltimore, au Maryland. Il étudia ensuite à Londres pendant quatre ans au St Joseph’s College et termina sa théologie à Vérone, en Italie, où on l’ordonna prêtre le 11 août 1879.
Bouchard fit son apprentissage de missionnaire au Caire. En novembre 1879, il partit pour le Soudan et s’installa à Khartoum, où était établie la résidence principale de la mission. Il y travailla assidûment, non sans peine, puisqu’il dut constamment faire face aux conditions climatiques difficiles, à la maladie, à la misère, à la piètre qualité de la nourriture et au manque de ressources. À cela s’ajoutaient les problèmes de l’esclavage et de la traite des enfants noirs, qui le préoccupaient beaucoup.
En novembre 1881, on délégua Bouchard en Italie pour y faire état des besoins de la mission ; il arriva à Rome le 7 janvier 1882. Il passa le mois de mars à Paris afin de faire des collectes pour la mission. Il débarquait à Québec le 25 juin suivant. Avec l’assentiment de l’archevêque, Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau, il parcourut pendant deux ans les paroisses du diocèse où, tout en prêchant et en donnant des conférences sur les missions africaines, il levait des fonds pour ces dernières.
En septembre 1884, Bouchard fut appelé à retourner au Soudan, cette fois à titre d’aumônier d’un corps de voyageurs canadiens, que commandait le lieutenant-colonel Frederick Charles Denison et qui faisait partie de l’expédition britannique dirigée par Garnet Joseph Wolseley*. Depuis 1881, le Soudan était en proie à l’agitation déclenchée par le mahdi. En janvier 1885, ce dernier s’empara de Khartoum et le commandant de la garnison, le major général Charles George Gordon, fut tué. L’expédition britannique était arrivée trop tard pour le secourir.
Bouchard revint au Québec en mai 1885. On le nomma desservant de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes. Peu de temps après, un incendie détruisit l’église, le presbytère et une partie du village ; on le désigna alors au poste de vicaire de Sainte-Julie (à Laurierville), chargé de desservir Notre-Dame-de-Lourdes. En novembre de la même année, il devint curé de la paroisse Saint-Étienne, à Beaumont, où il fit construire une sacristie. De plus en plus indisposé par la maladie, il démissionna en août 1888 et partit pour l’île de la Trinité (république de Trinité-et-Tobago) avec l’intention de se refaire une santé. On le nomma curé d’une paroisse de l’île. Une fois rétabli, en juillet de l’armée suivante, il revint à Québec. Jusqu’en octobre 1891, il remplit les fonctions curiales à Saint-Pierre-Baptiste. En novembre, il entra au noviciat des pères du Saint-Sacrement à Bruxelles, mais dut le quitter en janvier 1893 à cause de sa mauvaise santé. De retour à Québec, il devint curé de la paroisse Notre-Dame-de-la-Garde le 13 avril suivant. Pendant l’hiver de 1894–1895, il tomba gravement malade et le médecin lui conseilla de quitter le pays pour aller vivre sous un climat plus chaud. Il regagna donc l’île de la Trinité et s’installa à Port of Spain, où il mourut le 12 septembre 1896.
Selon son ami et confident, Mgr Henri Têtu, Arthur Bouchard était un homme simple, gai, aimable et d’une grande bonté de cœur. Sa piété, son zèle pour le salut des âmes ainsi que son grand esprit de sacrifice étaient remarquables. En plus de s’avérer un excellent orateur et un « joyeux et infatigable causeur », il s’était toujours attiré le respect et la confiance de ses paroissiens.
ANQ-Q, CE3-15, 5 janv. 1845.— L’Opinion publique, 24 août 1882.— Allaire, Dictionnaire.— R. A. Preston, Canada and « Imperial defense » ; a study of the origins of the British Commonwealth’s defense organization, 1867–1919 (Toronto, 1967).— Honorius Provost, Notre-Dame-de-la-Garde de Québec, 1877–1977 (Québec, 1977).— P.-G. Roy, À travers l’histoire de Beaumont (Lévis, Québec, 1943), 176–177.— Henri Têtu, le R.P. Bouchard, missionnaire apostolique (Québec, 1897).
Honorius Provost, « BOUCHARD, ARTHUR (baptisé Thomas-Arthur) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bouchard_arthur_12F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |