BORLAND, ROBERT, homme d’affaires et mineur, né le 28 août 1839 près de Bowmanville, Haut-Canada, fils de Hiram Borland et d’Ann Frank ; le 23 février 1898, il épousa à Clinton, Colombie-Britannique, Christina Glassey, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 22 janvier 1923 à Quesnel, Colombie-Britannique.

Venu du New Hampshire avec sa femme et ses enfants, l’ancêtre de Robert Borland, William Borland, arriva dans le Haut-Canada en 1799, s’établit dans le comté de Durham et servit dans la 1st Durham Militia pendant la guerre de 1812. On ne sait rien des jeunes années de Robert Borland, sinon qu’il ne resta pas longtemps à la ferme familiale de Durham, près de Bowmanville. Arrivé en Colombie-Britannique vers 1862, il prit part à la ruée vers l’or dans la région de Cariboo puis, en 1867, à une autre, éphémère, au ruisseau Cedar du lac Quesnel.

En 1869, Borland s’associa à George Adolphus Vieth, originaire de Halifax. Ensemble, ils achetèrent le Willow Ranch, sur le delta du ruisseau Keithley au lac Cariboo. Situé sur la piste des convois de chevaux et de mulets qui reliait la route de chariots du Cariboo à Barkerville [V. William Barker*], ce ranch avait été un point d’arrêt important pendant la ruée vers l’or. Il produisait du grain pour les bêtes des convois ainsi que des légumes en abondance. Sous l’administration de Vieth et de Borland, il devint le lieu de rencontre et le foyer commercial de l’est de la région de Cariboo. Le bureau de poste, le saloon, le magasin et l’hôtel établis à Keithley Creek desservaient une population de 100 à 200 mineurs. Avec un troisième associé du nom de Robert McNab, Vieth et Borland ouvrirent un deuxième magasin au confluent des ruisseaux Little Snowshoe et Keithley, sur la piste de Barkerville. Dans les deux magasins, les mineurs payaient avec de la poussière d’or ou avec des fourrures en hiver. Pour aider certains d’entre eux à traverser des moments difficiles, Vieth et Borland leur consentaient souvent des hypothèques sur leurs concessions. De cette manière, les deux marchands, qui exploitaient aussi les mines Grotto et Onward au ruisseau Keithley, acquirent plusieurs concessions lucratives au ruisseau Little Snowshoe.

Vers 1884, Vieth et Borland achetèrent d’un ancien agent de la Hudson’s Bay Company, Gavin Hamilton, la halte appelée 150 Mile House sur la route du Cariboo. Ils y élevaient du bétail, y cultivaient des céréales et y tenaient un bureau de poste, un saloon et un hôtel. Reconnus pour leur participation à la vie sociale, ils faisaient leur part dans la ronde des festivités hivernales en organisant des « bals pour célibataires ». Tant à Keithley Creek qu’à la 150 Mile House, ils hébergeaient plusieurs vétérans des ruées vers l’or qui, en échange, faisaient diverses corvées, par exemple couper du petit bois. Jusqu’à sa mort, ils prirent soin d’une pionnière, Martha Hutch, une autochtone qui supervisait les travaux de buanderie à Keithley Creek.

En 1888, Vieth et Borland signèrent un contrat avec la Hudson’s Bay Company pour le transport de matériel par convoi de Hazelton au lac Babine à raison de deux cents la livre pour 200 000 livres. La même année, Borland, qui faisait des voyages à l’occasion, accompagna le convoi de Quesnel à Hazelton sur la rivière Skeena. Il arriva au moment même où commençait la crise provoquée par le meurtre d’un Indien gitksan. Considéré comme neutre, il put descendre la Skeena jusqu’à Port Essington, où il sauta dans un bateau à destination de Victoria. Il fit irruption à l’Assemblée en pleine séance et lança aux députés étonnés : « Messieurs, savez-vous que nous sommes en guerre ? »

De 1890 à 1910, une fois achevée la construction du chemin de fer canadien du Pacifique, l’exploitation de mines hydrauliques prit de l’essor dans l’est de la région de Cariboo. Vieth et Borland détenaient des actions de la South Fork Hydraulic Mining Company, qui exploitait un emplacement situé à deux milles au nord de Quesnel Forks, sur la rivière South Fork (rivière Quesnel). Acquise à titre privé en 1894 par un groupe d’administrateurs de la Compagnie de chemin de fer canadien du Pacifique et rebaptisée Cariboo Hydraulic Mining Company (puis Consolidated Cariboo Hydraulic Mining), l’entreprise employait plus de 200 hommes à la mine Bullion Pit. Pour approvisionner ce campement, Vieth et Borland y menèrent du bétail de leur ranch à la 150 Mile House. En fait, les associés annonçaient la 150 Mile House dans l’Ashcroft Journal en disant qu’il s’agissait du « point de distribution pour toutes les mines hydrauliques de Horse Fly, de North et South Forks et du cours principal de la rivière Quesnelle ainsi que des pâturages du Chilcoten et de la vallée de la Castor ». En outre, la vague de prospérité minière donna lieu en 1892 à l’arpentage de Quesnel Forks et à sa subdivision en lots urbains. Vieth et Borland en achetèrent deux et ouvrirent encore un hôtel, un magasin et un saloon.

La correspondance de Borland et de Vieth et leurs registres montrent que ce dernier s’occupa de la comptabilité durant leur longue association, qui ne prendrait fin qu’à son décès en 1906. Borland était lui aussi un homme avisé, surtout lorsqu’il s’agissait d’acheter des terres. En signant d’innombrables pétitions et en rendant visite à des représentants du gouvernement à Victoria, les deux hommes obtinrent des améliorations à des pistes et à des routes de chariots. Une fois, ils prirent l’initiative de défricher une piste de convois près des monts Frypan, dans la région d’Omineca, puis ils réclamèrent un remboursement. Leur seul concurrent était Peter Curran Dunlevy. Originaire de Pittsburgh, il possédait un hôtel à Soda Creek, il avait des investissements dans des mines à Barkerville, dans l’immobilier à Vancouver et dans un chemin de fer et une carrière dans l’île de Vancouver, et il transportait du matériel jusque dans la région de Cassiar. Le rayon d’action de Vieth et de Borland était moins grand que celui de Dunlevy : à l’exception du transport par convoi, leurs activités se concentraient dans l’est de la région de Cariboo et sur la route du Cariboo.

En 1898, Vieth et Borland vendirent leur entreprise de transport par convoi, dont la valeur avait déjà été estimée à 4 800 $ et qui consistait en 60 mulets de bât, 5 mulets de selle, 8 mulets de quatre ans (accoutumés au licou) et 1 mule guide (à la tête du convoi). Borland mena lui-même le convoi jusqu’à Glenora, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Après la vente de la 150 Mile House en 1899, il fit, pour lui seul, l’acquisition d’une propriété située non loin de là sur le lac Williams, le ranch William Pinchbeck. Sous sa direction, ce ranch, qu’il appela Kinlochaline, acquit la réputation d’être « l’une des meilleures fermes fourragères du district ». Vers 1913, il vendit la terre au gouvernement provincial ; elle devint le terminus du Pacific Great Eastern Railway en 1919 et l’emplacement de la localité de Williams Lake.

Après le décès de George Adolphus Vieth, Robert Borland avait assumé l’administration du Willow Ranch en plus de celle de Kinlochaline. Une fois cette propriété vendue, il s’installa au Willow Ranch, où il passa ses dernières années. En apparence, la fortune lui avait souri, mais sa vie personnelle ne fut peut-être pas si heureuse. Christina Glassey avait 21 ans lorsqu’il l’épousa en 1898 ; ils divorcèrent après qu’elle eut dépensé une bonne partie de son argent et l’eut quitté. Le Vancouver Daily Province décrivait ainsi Borland en 1923 : « puissamment bâti, très fort, plein de ressource, digne de confiance et généralement bien aimé par tous ceux qu’il a servis ». Peu de gens l’égalaient en matière de gentillesse et de générosité. Par exemple, il avait fourni huit attelages en couple pour les obsèques de Frank Guy, pionnier de la vallée de la rivière Castor, et avait différé l’acquittement des dettes d’épicerie du vieux mineur John (Aurora Jack) Edwards. Contrairement à tant d’activités minières qui commençaient en grand et se terminaient par une faillite, les investissements de Vieth et de Borland dans la région de Cariboo font preuve de leur attachement à cette région. Borland mourut en janvier 1923 à Quesnel et fut inhumé à Keithley Creek ; il léguait sa succession à Mabel Borland, sa nièce. Le ruisseau Borland à la 150 Mile House, la rue Borland à Williams Lake et le mont Borland près du lac Cariboo ont été nommés en l’honneur de ce populaire marchand et mineur.

Marie Elliott

Nous avons obtenu de l’information sur Robert Borland de Gary O. Borland, petit-cousin du sujet, en février 1999. On peut voir, dans la collection du Jack Lynn Memorial Museum, de Horsefly, en Colombie-Britannique, une invitation à l’un des « Batchelor Balls » tenus par Borland et Vieth.

AM, ACBH, B.290/e/1–3.— AO, RG 22-191, nº 1237.— BAC, RG 1, L3, 48 : B14/230 ; 85 : B leases, 1802–18/148 ; 86 : B leases, 1816–37/152 ; RG 31, C1, 1871, Darlington Township, Ontario, div. 1 : 10.— BCA, GR-0216, vol. 33 ; GR-1052 ; GR-1440, 1815/89, 4649/92, 2234/95 ; GR-1676, vol. 1/72a ; MS-2561.— Ashcroft Journal (Ashcroft, C. B.), 1896, 5 févr. 1898, 26 juill. 1902.— Daily Colonist (Victoria), 15 oct. 1890.— Vancouver Daily Province, 23 janv. 1923.— J. A. Roberts, Cariboo chronicles : Williams Lake golden jubilee, 1929–1979 ([s.l., 1979]).

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Marie Elliott, « BORLAND, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/borland_robert_15F.html.

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Année de la publication:    2005
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