BOISSEAU, NICOLAS, écrivain du roi, notaire et greffier, né à Paris en 1700, fils de Pierre Boisseau et de Marguerite Gérin (Guérin), décédé à Québec le 9 février 1771.
À la suite du décès de son père, procureur au parlement de Paris, Nicolas Boisseau obtenait du ministre de la Marine, le 20 mai 1722, son passage pour le Canada. Dès son arrivée dans la colonie, Boisseau, qui avait fréquenté « le Palais [de justice, à Paris,] pendant trois ans », fut employé comme écrivain du roi au bureau de l’Intendance à Québec (bureau de la Marine). Il exerça ces fonctions jusqu’en 1726. Au cours de la traversée, il s’était lié d’amitié avec François Daine*, qui rentrait au Canada après avoir été nommé greffier en chef du Conseil supérieur de Québec. Cette relation lui valut d’être appelé, à différentes occasions entre 1723 et 1726, à remplacer Daine dans ses fonctions. Cette amitié n’eut pas que des aspects professionnels : en effet, Boisseau fit la connaissance de la belle-sœur de Daine, Marie-Anne Pagé, dit Carcy, qu’il épousa à Québec, le 9 septembre 1725, en présence de son ami, témoin d’une des parties.
Grâce à son expérience dans le domaine judiciaire et à la protection de son oncle, l’abbé Gérin, doyen des curés de Paris, Boisseau put accéder au poste de greffier en chef de la Prévôté de Québec, le 23 avril 1726. À ce titre, Boisseau tenait un registre où il inscrivait tous les actes de cette cour et toutes les pièces qui lui étaient apportées pour dépôt dans son greffe ; de plus, il était dépositaire des minutes des notaires décédés ayant exercé dans le gouvernement de Québec. Or, l’intendant Hocquart jugeait nécessaire la présence d’un notaire au dépôt des minutes pour donner des quittances et ratifier certains actes. C’est pourquoi il commit Boisseau aux fonctions de notaire le 15 avril 1731. Le 22 avril 1732, le roi lui accordait une nouvelle commission, en tout semblable à la précédente ; il fut ainsi un des quatre notaires du Régime français à recevoir leur commission du roi lui-même.
Pendant 13 ans, Boisseau cumula les emplois de greffier et de notaire royal. À ce dernier titre, il rédigea 392 actes. Toutefois, à la suite de sa nomination au poste de greffier en chef du Conseil supérieur, le 25 mars 1744, il abandonna ses fonctions notariales – son fils Nicolas-Gaspard*, issu de son premier mariage, lui succéda alors comme greffier de la Prévôté et Jean-Claude Panet comme notaire royal. Il suivait ainsi les traces de son ami Daine puisqu’il le remplaçait une fois de plus.
Quelques années auparavant, à la suite du décès de sa première femme, le 7 mai 1739, Boisseau avait contracté un second mariage, avantageux tant sur le plan financier que social. En effet, le 4 juin 1741, en présence des principaux officiers judiciaires de la colonie, il épousait Marie-Louise Bissot de Vinsenne (Vincennes), fille de Jean-Baptiste*, officier dans les troupes de la Marine. Celle-ci lui apportait en dot 1 000# et un fief de dix arpents de front sur six lieues de profondeur, situé dans la seigneurie de Lauson. La présence à ce mariage de tout ce que le monde judiciaire de la colonie comptait de prestigieux et l’importance de la dot de son épouse démontrent bien la considération sociale dont Boisseau jouissait déjà en 1741.
Installé dans ses fonctions de greffier en chef du Conseil supérieur le 12 octobre 1744, Nicolas Boisseau les exerça sans interruption jusqu’au moment où le conseil se déplaça à Montréal à l’automne de 1759 ; Boisseau préféra rester à Québec. À compter de ce moment, et jusqu’à sa mort survenue à Québec le 9 février 1771, il n’assuma plus aucune fonction officielle. La Conquête semble l’avoir mis dans une fâcheuse situation financière puisque, en plus de perdre sa charge de greffier, ses biens furent détruits, lors du siège de Québec, dans l’incendie de sa maison sise rue Saint-Pierre, dans la basse ville.
Homme sage et bon praticien, selon les jugements de Beauharnois*, Hocquart, Vaudreuil [Rigaud] et Bigot, Nicolas Boisseau fut toujours considéré comme un fonctionnaire efficace et compétent. Jusqu’à la fin de sa vie, il jouit de la considération de ses concitoyens qui assistèrent en grand nombre à ses funérailles, le 11 février 1771.
Le greffe de Nicolas Boisseau (1731–1744) est conservé aux ANQ-Q.
AN, Col., B, 45, f.89 ; 49, f.670 ; 57, ff.694, 728 ; 65, f.439 ; 85, f.208 ; 87, f.2 ; 97, f.15 ; 117, f.73 ; C11A, 120, ff.347, 350v. ; E, 37 (dossier Boisseau) ; F3, 9, f.186.— ANQ-Q, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 9 sept. 1725, 8 mai 1739, 4 juin 1741, 11 févr. 1771 ; Greffe de Florent de La Cetière, 7 sept. 1725 ; Greffe de J.-N. Pinguet de Vaucour, 2 juin 1741 ; NF 2, 19, ff.82, 83 ; NF 25, 55, no 2 011.— Recensement de Québec, 1744, 128.— F.-J. Audet et Édouard Fabre Surveyer, Les députés au premier parlement du Bas-Canada (1792–1796) [...] (Montréal, 1946), 51–53.— J.-B. Gareau, La Prévôté de Québec, ses officiers, ses registres, ANQ Rapport, 1943–1944, 122s.— LeJeune, Dictionnaire, I : 199.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1777–1760, I : 301 ; II : 48, 290 ; III : 199 ; IV : 210 ; VII : 26s. ; Les notaires au Canada sous le Régime français, ANQ Rapport, 1921–1922, 42.— Tanguay. Dictionnaire, II : 330.— Vachon, Inv. critique des notaires royaux, RHAF, IX : 425, 546s.
André Lachance, « BOISSEAU, NICOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boisseau_nicolas_4F.html.
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Auteur de l'article: | André Lachance |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
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