BOIRET, URBAIN, prêtre, supérieur du séminaire de Québec, né le 6 septembre 1731 dans la paroisse Saint-Thomas, à La Flèche, France, fils de René Boiret, maître jardinier, décédé à Québec le 5 novembre 1774.

Urbain Boiret arriva au Canada le 26 juillet 1755. Il avait probablement été ordonné prêtre à Rouen, France, le 15 mars précédent, en même temps que son compagnon de voyage, Henri-François Gravé* de La Rive. Il désirait se consacrer à la mission des Tamarois (Cahokia, aujourd’hui East St Louis, Illinois), mais il n’atteignit jamais les rives du Mississippi ; on le garda au séminaire de Québec où il remplit diverses fonctions, entre autres celles d’économe et de professeur de théologie. Il devint aussi l’un des directeurs du séminaire, le 16 février 1759.

Au début du siège de Québec, à l’été de 1759, tous les prêtres du séminaire quittèrent les lieux [V. Colomban-Sébastien Pressart], sauf Boiret et Joseph-André-Mathurin Jacrau. Ce dernier tomba malade au mois de septembre et dut être hospitalisé, de sorte que Boiret se retrouva seul à garder le séminaire. L’édifice, placé au premier plan de la haute ville, était une cible facile pour les canons anglais et il fut fort endommagé, n’ayant plus que deux ou trois pièces logeables. Après la capitulation, Boiret, toujours économe de la maison, alla passer l’hiver à Saint-Joachim afin de se rendre compte des dégâts causés aux propriétés du séminaire et remplacer le curé Philippe-René Robinau* de Portneuf, tué par les Anglais. Tout avait été détruit, et les comptes de l’économat soulignent que, durant cet hiver, Boiret « étoit cabané en plein champ et par les plus grands froids [...] ; il n’avoit pas même d’Encre ni de commodité ». À l’automne de 1761, il était de retour à Québec.

En 1762, le séminaire des Missions étrangères de Paris nomma un nouveau supérieur pour le séminaire de Québec. Il s’agissait de Pierre Maillard*, grand vicaire de l’Acadie, et au cas où celui-ci ne pourrait se rendre à Québec, on désignait Gravé de La Rive. Le gouverneur Murray refusa cette nomination venue de France et exigea une élection locale excluant les deux noms proposés par Paris. Boiret fut élu à l’unanimité le 4 juillet, et sa charge fut prorogée ensuite pour un second triennat en 1765. C’est au cours de ces six ans que le séminaire se releva péniblement de ses ruines, tant à Québec que dans ses domaines, notamment dans la seigneurie de Beaupré où Boiret avait séjourné durant l’hiver de 1759–1760. La vente de quelques terrains de banlieue, entre autres à Murray et au négociant Thomas Ainslie*, permit de faire entrer les fonds nécessaires à la reconstruction.

Boiret fut aussi aumônier des religieuses de l’Hôtel-Dieu de 1764 à 1768 et eut à assumer la tâche délicate de rouvrir le petit séminaire à l’automne de 1765. Le rôle de celui-ci avait considérablement changé : réservé aux élèves qui se destinaient à la prêtrise, sous le Régime français, il remplaçait maintenant le collège des jésuites, contraint de fermer, et devait accepter tous ceux qui avaient des aptitudes pour les études classiques. Boiret en devint le directeur à la fin de son second mandat comme supérieur du séminaire, soit en 1768. Il le dirigea avec succès jusqu’à l’été de 1773 alors que le conseil du séminaire le promut à la direction du grand séminaire. Le 28 septembre 1774, il était de nouveau élu supérieur, mais il ne le demeura pas longtemps ; déjà malade, il mourut le S novembre suivant à l’Hôpital Général où il logeait depuis le 26 juin. Il fut inhumé dans la crypte de la chapelle du séminaire. La Gazette de Québec du 10 novembre publia une notice nécrologique dithyrambique en latin et en français, œuvre d’un lecteur anonyme, à laquelle répliqua un humoriste tout aussi anonyme, dans le numéro du 17 suivant.

Au xixe siècle, Mgr Edmond Langevin* devait faire une découverte surprenante dans le grenier d’une imprimerie québécoise : le texte d’un parchemin révélait que Boiret avait reçu du Saint-Siège la dignité de protonotaire apostolique. Il est bien probable que l’abbé Boiret tint sa nomination secrète, de peur de porter ombrage à ses confrères en se faisant appeler « Monseigneur », étant le premier à recevoir cette dignité sous le Régime anglais. Si Rome avait pensé à lui décerner cet honneur, c’est vraisemblablement par l’entremise de son frère cadet, Denis Boiret, prêtre des Missions étrangères de Paris, qui séjourna dans la Ville sainte de 1771 à 1773 dans l’intérêt des missions de la Cochinchine (Viêt-nam). C’est à lui, du reste, que l’abbé Boiret légua quelques biens patrimoniaux en France, tandis que ses meubles et sa bibliothèque de 180 volumes allèrent au séminaire.

Honorius Provost

AD, Sarthe (Le Mans), État civil, Saint-Thomas de La Flèche, 6 sept. 1731.— ASQ, C 9, passim ; C 11, passim ; C 22, passim ; Lettres, M, 116, 117 ; P, 124 ; R, 20 ; mss, 12, ff.30, 31, 32, 36, 41 ; Séminaire, 8, nos 43, 44.— Le séminaire de Québec (Provost), 450s.— La Gazette de Québec, 10, 17 nov. 1774.— Allaire, Dictionnaire, I : 61.— Casgrain, Hist. de l’Hôtel-Dieu de Québec, 574.— A.-H. Gosselin, L’Église du Canada après la Conquête, I.— Adrien Launay, Mémorial de la Société des Missions étrangères (2 vol., Paris, 1912–1916), II : 61–63.— M. Trudel, L’Église canadienne, II : 27–96.— J.-E. Roy, L’abbé Urbain Boiret, BRH, II (1896) : 93s.— P.-G. Roy, Mgr Urbain Boiret, BRH, II (1896) : 139.

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Honorius Provost, « BOIRET, URBAIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boiret_urbain_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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