Titre original :  HENRY FLESHER BLAND – Wesleyan Methodist Minister | fadedgenes

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BLAND, HENRY FLESHER, ministre méthodiste, né le 23 août 1818 à Addingham, Angleterre, fils d’Anthony Bland et de Martha Flesher ; en 1846, il épousa à Addingham Emma Levell, et ils eurent cinq fils, dont Salem Goldworth* et Charles Edward qui devinrent ministres méthodistes ; décédé le 29 décembre 1898 à Smiths Falls, Ontario.

Henry Flesher Bland était « un méthodiste de la troisième génération tant par son père que par sa mère », et ses premiers souvenirs gravitaient autour de sa conversion au méthodisme, à l’âge de 13 ans, durant un revival qui avait eu lieu dans sa ville natale. Bien que son rêve d’enfant ait été de devenir missionnaire, il demeura prédicateur laïque tout le temps qu’il vécut en Angleterre. Il fut également propriétaire d’une boutique, ce qui ne l’empêcha pas de prononcer de nombreux sermons ni de se charger de deux importantes réunions de groupes de fidèles à Addingham. Actif dans des organisations de réforme politique, morale et sociale, Bland prononça des allocutions dans lesquelles il demandait l’abrogation des Corn laws britanniques et il joua un rôle de premier plan en éducation populaire puisqu’il mit sur pied dans sa ville un institut des artisans.

Le radicalisme politique et les tensions sociales qui agitaient la Grande-Bretagne à cette époque allaient marquer le jeune prédicateur et le confirmer dans cette idée que le christianisme évangélique avait le pouvoir de transformer la société. Bland affirmerait plus tard que « le christianisme est le véritable communisme », révélant ainsi sa profonde conviction que les doctrines du méthodisme wesleyen – qui met l’accent sur le sentiment personnel du péché, la transformation consécutive à la rencontre de l’âme avec un Christ personnel, la perfection chrétienne et la pratique de la sainteté – pouvaient faire contrepoids aux idéologies radicales et révolutionnaires répandues en Grande-Bretagne dans les années 1840. De ces convictions centrales, Bland ne s’écarterait jamais.

Bland immigra à Montréal avec sa famille en juin 1858. Comme on manquait d’argent dans le district du Bas-Canada de la Conférence méthodiste wesleyenne, les autorités ecclésiastiques voyaient d’un œil désapprobateur l’embauche d’hommes mariés qui avaient charge de famille. Bland eut toutefois la chance qu’on l’affecte à la mission de Lachute. Après avoir agi à titre de prédicateur d’une circonscription ecclésiastique et avoir été pris à l’essai comme ministre, il fut ordonné en juin 1862.

Malgré ses premières difficultés, Bland devint rapidement un membre respecté de la Conférence de Montréal. Entre 1863 et 1880, il exerça son ministère dans plusieurs grandes communautés urbaines du Québec et de l’est ontarien, plus particulièrement à Montréal, Québec, Kingston et Belleville. Il gagna l’estime de ses collègues, tant en qualité de prédicateur vigoureux que de chef de file du mouvement d’expansion de l’Église à Montréal durant les années 1860, dans le cadre duquel, grâce à sa campagne énergique, on put recueillir les fonds nécessaires à la construction de quatre nouveaux temples. Son élection à la présidence de la Conférence de Montréal en 1874, en 1876 et en 1880, et à celle de la Conférence générale en 1881, vint corroborer cette réussite.

Bland était arrivé au Canada au moment de la rencontre entre le mouvement évangélique, les théories scientifiques de Darwin et la critique historique de la Bible. Au cours des années 1870, à titre de membre de la Wesleyan Literary Association of Kingston, il eut accès à nombre d’œuvres populaires sur les théories évolutionnistes de l’époque. Son journal fait état d’une longue liste où l’on trouve le livre de Max Müller sur les religions comparées, les histoires de James Anthony Froude, de Thomas Babington Macaulay et de Francis Parkman, de même que l’ouvrage dans lequel Henry Drummond fait la fusion entre l’évolutionnisme de Herbert Spencer et la théologie chrétienne, Natural law in the spiritual world. Devant ces écrits qui mettaient en question sa foi, Bland réagit d’une manière caractéristique à bien des méthodistes canadiens. Sans être indifférent à certains aspects de l’argumentation évolutionniste, il demeurait profondément ancré dans la théologie traditionnelle de ses premières années de prédication. De fait, dans les sermons qu’il prononça entre 1860 et 1890, il continua surtout à parler de la notion de péché personnel, du repentir et de la présence du Christ insufflée au cœur du pécheur. Ses opinions sur l’autorité et la source d’inspiration de la Bible demeuraient également traditionnelles, comme s’il n’avait pas été touché par la « critique des sources ». Pour lui, la Bible n’était rien de moins que « la Vraie Parole », une révélation divine irréfutable sur le plan théologique et moral et une histoire de la société humaine. La lecture des grands apologistes anglais William Paley et Joseph Butler ne venait que renforcer ses opinions.

En 1883, le Victoria College de Cobourg, en Ontario, invita Bland à donner une série de conférences. Publiées sous le titre Soul-winning, ces allocutions donnent l’essentiel de la pensée de Bland comme prédicateur méthodiste. Elles réaffirment avec force l’opinion traditionnelle selon laquelle la religion évangélique est une expérience personnelle plutôt qu’un système d’éthique sociale. Tout en insistant sur l’importance d’une éducation libérale dans la formation du clergé, Bland rappelle aux étudiants que leur vocation « n’est pas exclusivement une vocation humaine et de sagesse. Elle porte un sceau supérieur et comporte un mandat plus noble. » Il met ses étudiants en garde contre la mode des sermons sur les questions politiques et sociales. D’après lui, un sermon doit s’appuyer sur « le Christ et la Bible », les « critères légitimes » d’une théologie autorisée.

C’est durant le mouvement qui aboutit à l’union des congrégations méthodistes en 1884 que la fidélité de Bland aux traditions du méthodisme wesleyen fut la plus évidente. À titre de leader des éléments antiunionistés, il craignait énormément que la fusion de quatre groupes fort différents ne s’avère une source de faiblesse plutôt que de vigueur. Évoquant également les difficultés financières qu’entraînerait le surplus de temples et de pasteurs, il s’opposa à ce qu’on autorise un nombre égal de délégués laïques et ecclésiastiques à la conférence générale. Une telle proposition dénigrait, selon lui, l’autorité du clergé.

Bland fut également le premier à tenter de persuader l’Église méthodiste de modifier son point de vue sur le péché et la damnation des jeunes enfants. Son intérêt pour cette question tenait à l’amer souvenir qu’il avait gardé de sa conversion. Selon lui, en insistant sur le moment vérifiable de la conversion, on excluait de l’Église les enfants qui n’avaient pas vécu cette expérience. S’opposant à d’autres leaders méthodistes en vue, il soutint que le Christ n’avait pas rejeté les enfants comme des pécheurs non repentants et qu’il incombait aux parents et aux prédicateurs de nourrir progressivement la foi chrétienne. Sa position sur ce sujet laissait entrevoir une lente transformation dans la pensée méthodiste au terme de laquelle le revivalisme allait perdre son écrasante importance. Ses vues impliquaient la création d’autres « moyens [d’accéder à la] grâce », comme les écoles du dimanche, les « nourritures chrétiennes » et l’éducation chrétienne.

La place d’honneur que Henry Flesher Bland occupe dans l’histoire du méthodisme canadien tient à l’estime dans laquelle on tenait cet énergique prédicateur et bâtisseur de temples. Très au courant de ce que l’on écrivait à son époque sur l’histoire et la théologie, Bland n’a cependant pas contribué de manière originale à ces discussions. De fait, malgré l’apparent adoucissement de ses convictions sur le péché des enfants, sa pensée n’est jamais sortie de l’orbite des doctrines traditionnelles du méthodisme wesleyen. Sa carrière illustre néanmoins la souplesse et l’esprit de conciliation avec lesquels la tradition évangélique a pu adapter ses principes aux réalités d’une époque de remise en question intellectuelle et d’expansion missionnaire.

Michael Gauvreau

Henry Flesher Bland est l’auteur de : Universal childhood drawn to Christ ; with an appendix containing remarks on Rev. Dr. Burwash’s Moral condition of childhood (Toronto, 1882) ; et Soul-winning : a course of four lectures delivered under the auspices of the Theological Union of Victoria University [...] (Toronto, 1883).

UCC-C, Biog. files ; H. F. Bland papers.— Cook, Regenerators.— A. B. McKillop, A disciplined intelligence : critical inquiry and Canadian thought in the Victorian era (Montréal, 1979).— N. A. E. Semple, « The impact of urbanization on the Methodist Church in central Canada, 1854–84 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1979).

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Michael Gauvreau, « BLAND, HENRY FLESHER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bland_henry_flesher_12F.html.

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Auteur de l'article:    Michael Gauvreau
Titre de l'article:    BLAND, HENRY FLESHER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    28 novembre 2024