BLANCHET, JOSEPH-GODRIC (Goderic), médecin, militaire, homme politique et fonctionnaire, né à Saint-Pierre-Montmagny, Bas-Canada, le 7 juin 1829, fils de Louis Blanchet, cultivateur, et de Marie-Marguerite Fontaine ; le 28 août 1850, à Québec, il épousa Émilie Balzaretti, et ils eurent six enfants ; décédé à Lévis, Québec, le 1er janvier 1890.

Après des études secondaires au petit séminaire de Québec, de 1840 à 1844, et au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, en 1844–1845, suivies d’un stage de quatre ans et demi chez son oncle, le chirurgien Jean Blanchet*, Joseph-Godric Blanchet est reçu médecin le 14 mai 1850. Il pratique un an à Québec, puis un an à Saint-Nicolas et s’installe, en 1852, dans la paroisse Notre-Dame-de-la-Victoire, à Lévis, où il continue d’exercer sa profession.

Blanchet commence très tôt l’apprentissage de la vie politique puisqu’il occupe le poste de maire de la municipalité de paroisse de Notre-Dame-de-la-Victoire, de 1855 à 1861 ; à ce titre, il fait construire, en 1857, plusieurs quais, des halles ainsi qu’un marché et, en 1861, il participe à la reconnaissance juridique de la ville de Lévis. Après s’être présenté sans succès comme candidat « démocrate » à l’Assemblée législative de la province du Canada en 1857, il est élu député du comté de Lévis en juillet 1861 sous la bannière du parti libéral-conservateur ; il conserve son siège lors des élections de 1863 et demeure en fonction jusqu’en juillet 1867.

Sensibilisé au problème de la défense du pays et partisan, en 1862, du projet de loi de la milice, rejeté à l’Assemblée, Blanchet met sur pied, l’année suivante, le 17e bataillon d’infanterie de Lévis et y est nommé lieutenant-colonel, poste qu’il conservera jusqu’en 1884. En 1865, il suit des cours à l’école militaire de Québec et il obtient ses brevets de deuxième et de première classe. La même année, il devient commandant du 3e bataillon d’infanterie de Laprairie, à la suite du raid de St Albans, Vermont [V. Charles-Joseph Coursol]. En 1866 et 1870, on lui confie le commandement de la milice du sud du Saint-Laurent afin d’assurer une surveillance des frontières à l’est de la province de Québec, devant la menace d’invasions féniennes.

La Confédération, conçue et réalisée par les conservateurs, place Blanchet dans une situation favorable ainsi, il réussit à obtenir un double mandat dans la circonscription de Lévis aux élections de 1867. Au surplus, il devient, le 27 décembre, le premier orateur (président) de l’Assemblée législative de la province de Québec. À ce titre, Blanchet devait veiller à l’administration interne de l’Assemblée en plus de défendre les privilèges de cette dernière et d’assurer l’ordre ainsi que la dignité durant les débats. À l’occasion d’un vote à l’Assemblée, l’orateur pouvait utiliser son droit de voix prépondérante pour trancher la question lorsqu’il y avait égalité. À deux reprises, Blanchet utilise ce privilège : d’abord en 1872, au sujet d’un amendement au projet de loi devant assurer l’indépendance de la législature, et en 1875, lors d’un sous-amendement au projet de loi légalisant certains actes de notaires. Dans ces deux occasions, il vote en faveur de la proposition et chaque fois en opposition au vote du premier ministre. De 1867 à 1872, il dirige un comité dont la tâche principale est d’élaborer les règlements de l’Assemblée législative ; connaissant bien la procédure parlementaire, Blanchet s’acquitte facilement de ce travail. Réélu en 1871 à Québec et en 1872 à Ottawa, il doit démissionner comme député fédéral lors de l’abolition du double mandat au niveau provincial en 1874, pour demeurer député à l’Assemblée législative où il est reconfirmé dans ses fonctions d’orateur au début de la seconde législature. Il restera à son poste jusqu’à sa défaite aux mains du shérif du district de Québec, Étienne-Théodore Pâquet, aux élections provinciales du 7 juillet 1875.

De 1867 à 1875, Blanchet connaît la période la plus dense de sa vie. Outre ses fonctions de député à Ottawa et d’orateur à Québec, qui le mobilisent pendant plus de six mois par année, Blanchet, qui pratique toujours la médecine, s’intéresse à la fois aux affaires et à la vie culturelle dans la région de Québec. Vice-président de la Compagnie du chemin à lisses de Lévis à Kennebec en 1870, puis président de 1872 à 1876 [V. Louis-Napoléon Larochelle], il participe en outre, en 1871, à la fondation du journal l’Écho de Lévis, qui sera son porte-parole officieux auprès de la population de son comté. En même temps, il se mêle au Cercle de Québec, une société littéraire dont il assume la présidence en 1870 et 1871. En 1873, il devient membre du comité catholique du conseil de l’Instruction publique de la province de Québec.

Après sa défaite en 1875, Blanchet pose sa candidature pour le siège fédéral laissé vacant dans la circonscription de Bellechasse et y remporte la victoire le 30 octobre 1875. Il est réélu, mais cette fois dans la circonscription de Lévis, aux élections fédérales de 1878 et de 1882. Le 13 février 1879, Blanchet devient orateur à la chambre des Communes. Il occupe cette fonction jusqu’au 18 mai 1882 ; il est le premier et demeurera d’ailleurs le seul parlementaire à avoir assumé la présidence aux deux paliers de gouvernement. Blanchet démissionne de son poste de député le 4 octobre 1883, après sa nomination comme percepteur des douanes du port de Québec. Il occupera cette charge jusqu’à sa mort en 1890.

Frances Caissie

Débats de l’Assemblée législative (M. Hamelin), [I–II].— Québec, Assemblée législative, Journaux, 1867–1868.— Le triomphe de Joseph-Goderic Blanchet dans le comté de Lévis : une magnifique démonstration populaire, jeudi soir, 19 septembre 1878 (Québec, 1878).— Le Canadien, 27 oct. 1871, 23 oct. 1874, 3 mars 1883, 3 janv. 1890.— La Minerve, 4 janv. 1890.— Le Monde illustré (Montréal), 8 mars 1890.— L’Opinion publique, 20 févr. 1879.— Achintre, Manuel électoral.— Canadian biog. dict., II.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), II.— Dent, Canadian portrait gallery.— J. Desjardins, Guide parl.— P.-G. Roy, Profils lévisiens (2 sér., Lévis, Québec, 1948), I.— Auguste Béchard, Galerie nationale : l’honorable Joseph-G. Blanchet (Québec, 1884).— Le centenaire de Notre-Dame de Lévis ([Lévis, 1950]).— M. Hamelin, Premières années du parlementarisme québécois.— « Les Blanchet », BRH, 38 (1932) : 735–740.— « Le premier orateur de l’Assemblée législative », BRH, 69 (1967) : 63s.

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Frances Caissie, « BLANCHET, JOSEPH-GODRIC (Goderic) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/blanchet_joseph_godric_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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