Titre original :  Photograph Henry Birks, Montreal, QC, 1886 Wm. Notman & Son 1886, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 14 x 10.2 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. II-81968.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

BIRKS, HENRY, homme d’affaires spécialisé dans le commerce de l’orfèvrerie et philanthrope, né le 30 novembre 1840 à Montréal, fils de John Birks, pharmacien, et d’Ann Massie ; le 16 janvier 1868, il épousa à Toronto Harriet Phillips Walker, et ils eurent trois fils ; décédé le 16 avril 1928 à Montréal.

Les parents de Henry Birks, originaires de Barnsley, dans le comté de Yorkshire en Angleterre, immigrèrent au Canada au cours de l’année 1832. Avant son départ, John Birks avait signé un contrat de travail avec une firme de Montréal, où il ouvrit bientôt une pharmacie.

Henry fait des études commerciales au High School of Montreal. Après les avoir complétées, en 1856, il passe un hiver à Rivière-du-Loup (Louiseville) auprès du notaire Jean-Baptiste-Arthur Chamberland, afin d’apprendre le français. Le 22 avril 1857, il devient commis pour Joseph Savage et Theodore Lyman, dont le magasin d’horlogerie et de bijouterie, alors situé rue Notre-Dame, à Montréal, est considéré comme le plus beau du genre au Canada. Birks aurait préalablement rencontré Lyman au moment où il suivait les cours du dimanche de l’Église congrégationaliste, que donnait Lyman. Ce dernier, qui avait été l’un des membres fondateurs de la Young Men’s Christian Association à Montréal [V. Alfred Sandham*], intéressera sûrement le jeune homme à cette œuvre puisque Birks, en 1909, allait donner 25 000 $ au YMCA. En 1868, Birks devient partenaire dans l’entreprise de Savage et Lyman. Malheureusement, la crise économique de 1873 frappe la firme de plein fouet : une faillite la force à mettre un terme à ses activités en 1878, un an après le départ de Birks de la compagnie. Le cessionnaire confie alors à ce dernier la tâche d’en liquider les actifs.

Vers le 27 février 1879, Birks ouvre, avec un capital de 3 000 $, une petite boutique de même nature, située au 222, rue Saint-Jacques, en plein quartier des affaires. L’entreprise s’appelle alors Henry Birks and Company. Le fondateur instaure immédiatement de nouvelles pratiques commerciales à l’égard du consommateur : argent comptant seulement et même prix pour tous. Au cours de sa première année d’exercice, le magasin connaît un chiffre d’affaires de 30 000 $, chiffre qui augmente de 25 % pendant les quatre années subséquentes. En 1885, Birks déménage son magasin dans un local plus vaste, au 232 de la même rue. En 1893, avec des ventes annuelles qui se sont élevées de 500 % par rapport à l’année de fondation, il s’associe à ses trois fils, William Massey, John Henry et Gerald Walker ; la raison sociale devient Henry Birks and Sons. Le premier effet notable de l’association survient dès l’année suivante avec l’installation du magasin dans de nouveaux locaux, à l’intersection de la rue Sainte-Catherine et de l’avenue Union, soit au square Phillips [V. Edward Maxwell] ; par ce déménagement, l’entreprise se conforme à l’évolution de la métropole, dont la rue Sainte-Catherine devient, en ces années-là, la principale artère commerciale. Peu après, une phase d’expansion à l’extérieur de Montréal sera amorcée.

À ses débuts, la firme de Birks apparaît comme un magasin de cadeaux spécialisé dans la vente au détail de bijoux, de pièces d’orfèvrerie et d’horloges ; la publicité annonce autant des articles en métal plaqué qu’en argent massif. Une manufacture de bijoux ouvre en 1887, à l’étage du magasin. L’année suivante, un « département artistique » offre des articles fabriqués dans des manufactures européennes, mais acquis de fournisseurs américains. La firme s’approvisionne également sur le marché local. Le 17 février 1896, par exemple, John Leslie, administrateur de la Hendery and Leslie, importante fabrique d’argenterie, signe une entente avec la compagnie des Birks afin de lui réserver, pour la ville de Montréal, l’exclusivité de sa production d’orfèvrerie civile, exception faite des cuillères commémoratives. Toujours en 1896, la Henry Birks and Sons publie son premier catalogue annuel. L’année suivante, la compagnie achète la Hendery and Leslie, dessins, outillage et ouvriers inclus. À partir de ce moment, l’entreprise fondée par Birks fabrique donc elle-même ce qu’elle met en marché, exerçant ainsi un meilleur contrôle de sa production ; du même coup, elle affirme sa volonté de se spécialiser dans le domaine de l’orfèvrerie. Dès lors, le chiffre d’affaires augmente et le réseau de distribution prend de l’expansion. Après avoir constaté qu’un nombre important de commandes postales provenaient d’Ottawa, la maison y ouvre en 1901 son premier magasin à l’extérieur de Montréal, opération qui allait se répéter à plusieurs reprises. Avant le début de la Deuxième Guerre mondiale, l’entreprise en viendra en effet à monopoliser le secteur de l’orfèvrerie au pays. Pour ce faire, elle achète de nombreux magasins et compagnies dans tout le Canada (à Ottawa en 1902 et 1911, à Winnipeg en 1903 et 1913, à Toronto en 1905, à Vancouver en 1906, à Montréal en 1907, à Halifax en 1919, à Calgary en 1920) et ouvre des succursales tant au pays qu’ailleurs dans le monde (à Londres en 1925 et à Anvers en 1929).

Henry Birks appartient à un groupe particulier de Canadiens de la seconde moitié du xixe siècle, dont il constitue en quelque sorte le prototype. Fils d’immigrants, il a fait des études axées principalement sur le commerce qu’il s’est empressé de mettre en pratique en travaillant dans une firme importante. Aussitôt que les circonstances l’ont permis, il a lancé sa propre entreprise, qui n’a cessé de prospérer jusqu’à devenir un empire pancanadien. L’histoire de la fondation et de l’évolution de l’entreprise de Birks montre le changement radical qu’a subi le domaine de l’orfèvrerie à cette époque. Évidemment, Birks n’a manié ni le marteau ni l’enclume : il a débuté en affaires en s’approvisionnant auprès de divers fabricants, puis en rachetant son principal fournisseur afin d’intégrer la production au sein même de son entreprise. Lui et ses fils ont donné à l’orfèvrerie canadienne une base proprement industrielle. L’artiste a fait place à l’entrepreneur.

René Villeneuve

Entre 1936 et 1979, le petit-fils de Henry Birks, Henry Gifford Birks, constitua une vaste collection d’orfèvrerie canadienne, donnée le 1er décembre 1979 au Musée des beaux-arts du Canada. Celle-ci est la principale collection qui renferme des œuvres de la Henry Birks and Company, la Henry Birks and Sons, la Henry Birks and Sons Limited, de ses prédécesseurs et de ses fournisseurs.

ANQ-M, CE601-S95, 20 juin 1841.— AO, RG 80-27-2, 67 : 55.— Musée du Québec (Québec), Fonds Gérard-Morisset, dossier Birks, Henry and Sons.— Gazette (Montréal), 17 avril 1928.— La Minerve, 28 févr., 5 août, 10 sept., 11 déc. 1879, 4 déc. 1888.— Henry Birks and Sons, Catalogue ([Montréal ?, 1913 ?]) ; Catalogue, 1906 : the gold and silversmiths, diamond merchants (Toronto, 1906).— R. [A. C.] Fox, Pièces honorifiques de la Collection Henry Birks d’orfèvrerie canadienne (catalogue d’exposition, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 1985).— A. R. George, The house of Birks (s.l., 1946).— J. E. Langdon, Canadian silversmiths, 1700–1900 (Toronto, 1966).— K. O. MacLeod, le Premier Centenaire : histoire d’une compagnie canadienne (Montréal, 1979).— T. D. Nanavati, « Nineteenth century Canadian presentation silver » (mémoire de m.a., Univ. of Toronto, 1977).— Ryrie-Birks Limited, The romance of the silver craft (Toronto, 1925).— Ryrie Bros, Diamond merchants, jewellers and silversmiths, 1917 (Toronto, 1917).— Ramsay Traquair, The old silver of Quebec (Toronto, 1940).— René Villeneuve, Orfèvrerie québécoise de la collection du Musée des beaux-arts du Canada (catalogue d’exposition, Ottawa, 1998)

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René Villeneuve, « BIRKS, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/birks_henry_15F.html.

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Auteur de l'article:    René Villeneuve
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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