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BIRD, JAMES (appelé aussi Jimmy Jock), trafiquant de fourrures, chasseur, interprète et guide, né vers 1798, probablement à Carlton House (près de Fort-à-la-Corne, Saskatchewan), troisième fils de James Bird* et de sa femme crie, probablement appelée Mary ; il eut plusieurs épouses et au moins 11 enfants ; décédé le 11 décembre 1892 dans la réserve des Pieds-Noirs, au Montana.
Fils sang-mêlé d’un fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company, James Bird fut élevé dans divers postes de la compagnie situés dans le district de la Saskatchewan, surtout à Edmonton House (près de Fort Saskatchewan, Alberta), et il reçut son instruction de son père. Entré au service de la compagnie en août 1809, il fit un apprentissage de cinq ans, tout d’abord à York Factory (Manitoba) et, de 1810 à 1815, à Edmonton House. En poste, ensuite, au fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle, Saskatchewan), il fut l’un de ceux que des hommes de la North West Company capturèrent en mai 1816, durant les hostilités qui opposèrent les deux entreprises rivales dans la traite des fourrures [V. Cuthbert Grant*]. On le relâcha bientôt, mais ces événements suscitèrent en lui de tenaces préjugés antifrançais et anticanadiens.
Bird passa les cinq années suivantes dans le district de la Saskatchewan. Comme il avait fini par maîtriser cinq langues autochtones en plus du français et de l’anglais, on l’engagea à titre d’interprète et on l’envoya souvent vivre au sein de bandes indiennes dans le but de les encourager à recueillir des fourrures pour en faire la traite avec les postes de la Hudson’s Bay Company. Durant l’été de 1819, il aida à amener des chevaux de la Hudson’s Bay Company d’Edmonton House jusqu’à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). Responsable d’un poste avancé au lac Moose (près de Bonnyville, Alberta) pendant une partie de la saison de traite de 1819–1820, il fut envoyé la saison suivante en établir un autre au ruisseau White Earth.
Bird quitta la Hudson’s Bay Company en avril 1821 afin de chasser et de trapper pour son propre compte dans le territoire situé de chaque côté des Montagnes Rocheuses, au nord et au sud du 49e parallèle. Sauf en ce qui concerne un voyage effectué en 1823 pour amener les chevaux d’un particulier à la Rivière-Rouge, il voyagea et vécut avec les Pieds-Noirs durant les années 1820. Il épousa vers 1825 une Peigan, Sarah (Sally), et cette année-là, avec un groupe important de Peigans et de Gens-du-Sang, il rencontra un chef de poste de la Hudson’s Bay Company, Peter Skene Ogden*, dans la région de la rivière Snake. Convaincus de l’influence de Bird sur les Indiens des Plaines, dont il avait adopté le mode de vie, les responsables de la compagnie commencèrent à l’employer à titre d’agent non officiel dès la fin des années 1820. Toutefois, à la suite d’une dispute à propos d’argent, il quitta la Hudson’s Bay Company en 1831 afin d’aider l’American Fur Company à consolider ses activités entreprises depuis peu parmi les Pieds-Noirs installés près du confluent des rivières Missouri et Marias. Sa réputation d’avoir de l’ascendant sur les Indiens fut compromise en octobre 1832 lorsque les Pieds-Noirs avec lesquels il voyageait tuèrent un trafiquant de l’American Fur Company, William Henry Vanderburgh. Bird quitta la compagnie américaine peu de temps après pour revenir à la Hudson’s Bay Company à titre de commis en juin 1833.
Durant les années 1830, Jimmy Jock, comme on en vint à appeler Bird, vécut parmi les Pieds-Noirs et tenta de les ramener à la traite avec les postes de la Saskatchewan. La position de l’American Fur Company sur le Missouri était cependant trop forte, et même avec l’aide de Bird la Hudson’s Bay Company fut incapable de regagner le terrain perdu. Bird avait adopté dans une large mesure le mode de vie des Pieds-Noirs et, lorsque l’un de ses parents indiens fut tué dans une bataille avec des trafiquants américains à Pierre’s Hole (Teton Basin, Idaho) en juillet 1832, il accepta tout naturellement la responsabilité de venger sa mort. En mai 1836, il tira donc sur le présumé assassin, Antoine Godin, à l’extérieur du fort Hall (près de Fort Hall, Idaho), au moment où il fumait la pipe avec lui. En 1841, on ne renouvela pas le contrat qui le liait à la Hudson’s Bay Company ; à l’instar de leurs concurrents américains, les gens de la compagnie en étaient venus à considérer Bird comme imprévisible et indigne de confiance.
Cette année-là, Bird servit de guide à un groupe de colons qui se rendaient de la rivière Rouge jusqu’au Columbia sous la direction de son beau-frère, James Sinclair*. Il les accompagna depuis Carlton House jusque dans les Rocheuses, où il les laissa à un autre guide, Bras Croche (Maskepetoon*). Plus tôt la même année, en avril, Bird avait servi d’interprète au missionnaire méthodiste Robert Terrill Rundle, avec qui il travailla périodiquement comme guide et interprète jusqu’en 1848. Vers la fin de 1845, un missionnaire catholique, Pierre-Jean De Smet*, l’engagea au même titre. À cause de l’esprit d’indépendance de Bird, des difficultés surgirent avec l’un et l’autre missionnaire. À plusieurs occasions, il refusa de servir d’interprète à Rundle après lui avoir fait rencontrer des Pieds-Noirs, et il mit soudainement fin à son entente avec De Smet peu de temps après avoir emmené le groupe du missionnaire de Rocky Mountain House (Alberta) jusque dans les Prairies.
Même s’il était toujours en étroite relation avec les Pieds-Noirs, Bird passa l’hiver de 1843–1844 avec une bande d’Assiniboines, celui de 1844–1845 seul avec sa famille, au pied des collines au sud de la rivière Bow, et l’hiver de 1847–1848 à Rocky Mountain House, temporairement désertée. Durant ces années, il eut à souffrir périodiquement de graves problèmes de vision (il allait devenir complètement aveugle au cours des années 1870). Au début des années 1850, Bird descendit plus au sud, dans les environs du fort Benton (Fort Benton, Montana) où, en 1854–1855, il fut de nouveau employé par l’American Fur Company. En 1855, le gouvernement des États-Unis l’engagea à titre d’interprète principal auprès des Pieds-Noirs durant les pourparlers qui précédèrent la signature du traité avec ces Indiens et les tribus voisines [V. Peenaquim*].
Au printemps de 1856, Bird quitta cette région pour la colonie de la Rivière-Rouge où un grand nombre de ses parents, y compris son père, s’étaient établis. Il fit l’acquisition d’un terrain et d’une maison sur le bord de la rivière, quelque 12 milles en aval d’Upper Fort Garry (Winnipeg). Quelque temps après le soulèvement de 1869–1870 [V. Louis Riel*], il quitta l’établissement pour retourner chez les Pieds-Noirs où, en 1877, jouissant de la confiance des fonctionnaires du gouvernement canadien et des chefs autochtones, il servit d’interprète pour le traité no 7 à Blackfoot Crossing (Alberta) [V. Isapo-muxika*]. Avec sa femme Sarah, Bird parcourut en charrette à partir de la Rivière-Rouge une grande partie du territoire qui constitue aujourd’hui la Saskatchewan et l’Alberta, avant de se fixer dans une réserve. Le couple vécut dans la réserve des Peigans (Alberta) de 1885 à 1887 ; en 1890, il habitait la réserve des Pieds-Noirs, au Montana, où Bird mourut nonagénaire en 1892.
D’une indépendance farouche, James Bird se rebiffa devant l’autorité et choisit de vivre en homme libre plutôt que de servir longtemps une compagnie. Il provoqua la colère des fonctionnaires de la traite des fourrures qui laissèrent de lui à la postérité l’image en bonne partie imméritée d’un personnage irresponsable et enclin à un comportement irrationnel. Durant sa vie, qui couvre presque tout le xixe siècle, il joua cependant un rôle important dans les communications entre les trafiquants de fourrures, les missionnaires, les fonctionnaires du gouvernement et les autochtones avec lesquels il se sentait en une si grande affinité.
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David Smyth, « BIRD, JAMES (Jimmy Jock) (mort en 1892) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bird_james_1892_12F.html.
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Auteur de l'article: | David Smyth |
Titre de l'article: | BIRD, JAMES (Jimmy Jock) (mort en 1892) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |