BERNIER, BENOÎT-FRANÇOIS (aussi prénommé Joseph-Pierre), officier, commissaire ordonnateur des guerres en Nouvelle-France, né le 24 avril 1720 à Vienne, France, fils de François Bernier, négociant en drap, et de Marie Malen (Malien), décédé célibataire en 1799, probablement à Vienne.

Benoît-François Bernier semble avoir entrepris assez tardivement sa carrière militaire ; les documents les plus anciens le mentionnent comme sous-lieutenant au régiment Royal-Suédois, en 1746. Après avoir servi comme lieutenant au siège de Maastricht (Pays-Bas), en 1748, il fut mis à la demi-solde ; de 1749 à 1755, il fut employé aux affaires de son régiment à Paris et à Versailles. Il dut impressionner favorablement ses supérieurs, puisqu’il fut nommé aide de camp de Dieskau* lorsque ce dernier fut envoyé au Canada, en 1755, comme commandant des troupes régulières françaises dépêchées dans la colonie. Pour des raisons administratives, le nom de Bernier fut porté sur le rôle du régiment d’Artois, avec le grade de lieutenant, mais ses liens avec ce régiment étaient tout à fait fictifs.

Son premier séjour au Canada devait être bref. Arrivé avec Dieskau en juin 1755, il fut fait prisonnier au lac Saint-Sacrement (lac George, New York) en septembre. Dieskau, gravement blessé, fut abandonné de tous sur le champ de bataille, à l’exception de Bernier, lui-même blessé légèrement. Ils furent pris par les coloniaux de William Johnson.

On crut pendant quelque temps que Bernier et Dieskau avaient tous deux péri, à telle enseigne que leurs effets personnels furent mis aux enchères à Québec, avant que la nouvelle y arrivât qu’ils avaient survécu et que leur transfert en Angleterre était imminent. En Angleterre, Bernier fut séparé de son général et envoyé à Londres où, d’après un mémoire français, il fut détenu deux mois et soumis aux pressions du baron Holland, du duc de Newcastle et de lord Loudoun, désireux de « l’attacher au service d’angleterre ». Puis, « comme par punition », on l’envoya au château d’Édimbourg.

Bernier fut rapatrié en France en 1757 et promu capitaine ; l’année suivante, il fut nommé adjoint d’André Doreil*, le commissaire ordonnateur des guerres à Québec. Il arriva au Canada, à la fin de juin 1758, gravement malade des fièvres contractées au cours de la traversée, et ne fut vraiment hors de danger qu’à la fin de juillet. Sa convalescence fut longue, de sorte qu’au départ de Doreil, à l’automne, c’est un homme sans grande expérience qui le remplaçait. Mais Doreil, qui trouvait à Bernier « de l’esprit et de l’intelligence », s’arrangea pour qu’il fût assisté par son secrétaire, Alexandre-Robert Hillaire de La Rochette, « qui possed[ait] tous les détails du Commissairiat ». Bernier avait la responsabilité du bien-être matériel des troupes régulières françaises, de leurs rations, de leur équipement, de leur logement, de leur hospitalisation, et, au dire de tous, il les servit bien.

Après la chute de Québec en septembre 1759, Bernier resta pendant quatre mois dans la ville et se préoccupa particulièrement du soin des blessés. Il servit d’agent de liaison avec les Anglais et reçut du gouverneur Vaudreuil [Rigaud], qui se trouvait alors à Montréal, pleine autorité pour régler toutes les difficultés que pouvait occasionner la mise en vigueur de la capitulation de Québec. Ce rôle fut confié à Bernier parce que, performance peu commune parmi les officiers français du xviiie siècle, il parlait l’anglais, l’ayant probablement appris pendant son séjour en Angleterre.

Lors de la capitulation de la colonie, en septembre 1760, Bernier était à Montréal ; il y organisa la revue des troupes. Il retourna ensuite à Québec pour s’entendre avec les commissaires anglais sur les questions relatives à la subsistance et au logement des troupes françaises. Il eut à lui seul toute la responsabilité de l’embarquement des troupes régulières françaises, de même que celui des familles désireuses d’être rapatriées sur-le-champ. C’était une lourde tâche, dont il se tira à la satisfaction de ses supérieurs, si l’on en juge par le fait qu’à son retour en France avec Lévis, à la fin de novembre 1760, il reçut la croix de Saint-Louis et une pension de 1 200#, en plus d’être nommé commissaire ordonnateur à Dunkerque.

Bernier quitta le service du gouvernement le 2 septembre 1776. Il survécut à la Révolution française. Le « citoyen Bernier » toucha une pension de la République française jusqu’à sa mort, en 1799.

J. R. Turnbull

AMA, SHA, Y4d.— AN, Col., C11A, 103, ff.419–422v., 423–426v.— ANQ-Q, Greffe de J.-A. Saillant, 19 juill. 1758.— Bibliothèque municipale de Vienne (dép. de l’Isère, France), État civil, Saint-André-le-Bas, 25 avril 1720.— Doc. relatifs à la monnaie sous le Régime français (Shortt), II : passim.— Doreil, Lettres (A. Roy), ANQ Rapport, 1944–1945, 16, 24, 31s., 41, 45, 48, 71, 73s., 77, 88, 93, 100, 106, 111s., 143s., 161s.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), VI : 1 004 ; X : 318, 340, 354, 356s., 360, 384, 387, 422, 564, 692, 746, 765, 829, 861, 959, 965, 968, 1 009, 1 054, 1 120, 1 123s.— Le Jeune, Dictionnaire.— J.-E. Roy, Rapport sur les archives de France, 371s., 377, 415.

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J. R. Turnbull, « BERNIER, BENOÎT-FRANÇOIS (Joseph-Pierre) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bernier_benoit_francois_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024