BERNARD, PHILIP, chef d’un groupe de Micmacs à la baie de St Margaret, Nouvelle-Écosse, circa 1786.
Après la fondation de Halifax, en 1749, et la prise en main de toute la Nouvelle-Écosse par les Britanniques en 1758, les Micmacs sentirent leurs terres de plus en plus menacées par la poussée colonisatrice. Dès 1754, les Indiens avaient demandé que certains territoires fussent réservés à leur usage exclusif. En 1762, le lieutenant-gouverneur Jonathan Belcher émit une proclamation qui défendait aux colons d’empiéter sur certaines terres réclamées par les Indiens le long de la côte de la Nouvelle-Écosse, de la rivière Musquodoboit à Canseau (Canso), et au nord-ouest, jusqu’à la baie des Chaleurs. L’afflux des Loyalistes, à la suite de la Révolution américaine, accrut la concurrence dans le domaine foncier, cependant que le gibier, nécessaire aux Micmacs pour le maintien de leur mode de vie traditionnel, diminuait. Les Indiens en subirent le contrecoup et devinrent de plus en plus dépendants des Britanniques. Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse avait déjà fait quelques tentatives pour inciter les Indiens à s’établir et à vivre de l’agriculture et il intensifia alors ses efforts en ce sens. En 1783, on décida de commencer à émettre des permis ou des billets autorisant des groupes d’Indiens à occuper un territoire sur lequel ils acceptaient de s’installer. De septembre à décembre 1783, neuf de ces permis furent accordés. En 1784, s’en ajoutèrent plusieurs autres, à la suite de pétitions provenant des Indiens, qui, de toute évidence, étaient chaque jour plus alarmés devant la quantité de terres que réclamaient les colons.
Ces permis autorisaient tout juste les Indiens à se servir d’une terre donnée. En 1786, le gouvernement accorda aux Micmacs un premier titre de concession officiellement enregistré ; le groupe qui vivait à la baie de St Margaret et qui avait pour chef Philip Bernard, apprit qu’en attendant l’octroi d’une concession officielle, il pouvait occuper une terre de 500 acres sur la baie. Mais avant que la concession fût faite, on découvrit que la terre en question était la propriété de Brook Watson*, qui la vendit et en déposséda les Indiens. Le 1er février 1786, le chef Bernard ainsi que Solomon et Tawmaugh, deux hommes du groupe, adressèrent au gouvernement une pétition en vue d’obtenir 500 acres au fond de la baie. Le gouverneur John Parr répondit à la requête en ordonnant l’arpentage de cette terre afin qu’un titre de concession pût être donné aux Indiens. Le 3 mars, on rapportait que cet arpentage était terminé.
À la suite de la concession accordée aux trois requérants de la baie de St Margaret, des terres furent aussi octroyées inconditionnellement à d’autres groupes de Micmacs, tout autour de la colonie. Les Indiens se mirent quelque peu à l’horticulture, mais, dans l’ensemble, ils ne firent pas grand progrès vers la vie sédentaire malgré cette politique gouvernementale. L’importance de la concession octroyée à Bernard tient à ce que le principe fut alors admis de donner aux Indiens des titres fonciers, pratique qui allait trouver son achèvement en 1820, dans la création d’un système de réserves. Après 1786, les documents ne font plus mention de Philip Bernard.
PANS, RG 1, 165, pp.224s. ; 430, nos 23 1/2, 26 1/2, 27 1/2, 28.— N.S. Archives, I 215.— E. A. Hutton, The Micmac Indians of Nova Scotia to 1834 (thèse de m.a., Dalhousie University, Halifax, 1961).
Virginia P. Miller, « BERNARD, PHILIP », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bernard_philip_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |