BELVÈZE, PAUL-HENRY DE, marin français, commandant de La Capricieuse, issu d’une vieille famille du Languedoc, né à Montauban le 11 mars 1801, fils d’Antoine-Jean-François de Belvèze et de Marie-Josèphe-Jeanne Garrigues de Saint-Fauste, décédé dans son hôtel de Toulon le 8 février 1875.
Ancien élève de l’école Polytechnique, le jeune Paul-Henry entra dans la marine royale en 1823 et fut par la suite chargé de diverses expéditions, notamment en Amérique du Sud, en Europe et aux Lieux saints. En 1855, alors qu’il croisait dans le golfe Saint-Laurent à titre de « commandant des forces françaises dans les eaux de Terre-Neuve », le gouvernement de Napoléon III décida de lui confier la mission de renouer des relations avec le Canada, mission qui, aux termes du mandat officiel, devait être avant tout « commerciale, sans aucun caractère diplomatique ». Ce but fut largement dépassé : dans le Bas-Canada, où l’on assista avec grande émotion au retour des couleurs françaises, le passage du marin fut un triomphe, alors que des villes comme Ottawa, Kingston et Toronto, en dépit de quelques réserves, devaient ménager à la délégation française un accueil toujours correct, parfois chaleureux. Le moment semblait bien choisi : la Grande-Bretagne venait d’abolir les anciens tarifs douaniers qui, jusque-là, rendaient impraticables les échanges entre le Canada et l’étranger. D’ailleurs, les relations entre la France et l’Angleterre n’avaient jamais été meilleures : les souverains français avaient été les hôtes de la reine Victoria en 1850, et celle-ci, en cette année 1855, devait leur rendre leur visite, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris, où le Canada disposait d’un stand.
Le succès de la mission doit être également attribué pour une large part à la personnalité du commandant : « fort instruit, fort capable », dit de lui un de ses chefs, dès 1831. En 1848, on le considère comme « un des capitaines les plus aptes à commander ». Vrai méridional, Belvèze avait les dons naturels d’un brillant orateur, mais la spontanéité était bridée chez lui par une sagesse, un tact dignes d’un diplomate de carrière. Un rapport détaillé de ses observations parut plus tard et fut reproduit dans les journaux. On en retrouve l’introduction à la suite des Lettres choisies [...] éditées en 1882 par les soins de sa veuve. Sans obtenir l’avancement auquel il pensait avoir droit, le commandant fut mis à la retraite en 1861. Un des résultats pratiques de cette mission fut l’établissement, en 1859, d’un consulat à Québec, où la France n’avait encore été représentée que par un agent du nom d’Edward Ryan.
[Charles-Louis] de Beauvau-Craon, La survivance française au Canada ; notes de voyage (Paris, 1914), viii.— [Paul-Henry de Belvèze], Lettres choisies dans sa correspondance, 1824–1875, Hubert et Georges Rohault de Fleury, édit. (Bourges, France, 1882).— Le Canadien (Québec), 10 juin – 15 sept. 1855.— Journal de Québec, 10 juin – 15 sept. 1855.— La Minerve (Montréal), 10 juin – 15 sept. 1855.— Ottawa Tribune, 3 août, 10 août, 17 août 1855.— R. D. L. Kinsman, The visit to Canada of « La Capricieuse » and M. le Commandant de Belvèze in the summer of 1855 as seen through the French-language press of Lower Canada (thèse de
Armand Yon, « BELVÈZE, PAUL-HENRY DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/belveze_paul_henry_de_10F.html.
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Auteur de l'article: | Armand Yon |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
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