Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3477668
BELLEROSE, JOSEPH-HYACINTHE (baptisé Joseph), marchand, officier de milice, homme politique et juge de paix, né le 12 juillet 1820 à Trois-Rivières, Bas-Canada, fils de Michel-Hyacinthe Bellerose, marchand, et de Geneviève-Sophie Lemaître, dit Lottinville ; décédé le 13 août 1899 à Saint-Vincent-de-Paul (Laval, Québec).
Après avoir fait son cours primaire à Trois-Rivières, Joseph-Hyacinthe Bellerose fréquente le séminaire de Nicolet (à partir de 1833), puis celui de Saint-Hyacinthe (à partir de 1836 ou 1837). Ses études classiques terminées en 1842, il commence à faire son droit à Montréal où, encore étudiant, il épouse le 4 octobre 1847 Henriette Armand, veuve du commerçant Michel Brunet, de Saint-Vincent-de-Paul, fille du lieutenant-colonel de milice François Armand, dit Flamme, qui a été un gros actionnaire de la Banque du peuple [V. Louis-Michel Viger*], et sœur du futur conseiller législatif et sénateur Joseph-François Armand. Le couple s’installe définitivement à Saint-Vincent-de-Paul où Bellerose s’occupe de commerce et d’agriculture.
Bellerose joue un rôle important dans la milice. On lui doit la création d’une vingtaine de régiments de volontaires. Il gravit rapidement les échelons. Le 6 décembre 1855, il obtient une commission d’enseigne au 2e bataillon des milices de Terrebonne et en devient adjudant. Le 29 janvier 1857, on le nomme capitaine de la 1re compagnie de milice volontaire de Saint-Vincent-de-Paul, qui vient d’être créée, puis il est promu major de brigade dès le 4 décembre suivant. Pressenti en 1858 pour devenir capitaine dans le 100th Regiment de l’armée régulière, que l’on rassemblait pour le service impérial, Bellerose décline l’offre du gouverneur général à la dernière minute, pour des raisons inconnues. Il devient major de brigade du 8e district militaire le 22 mai 1861 et commandant du nouveau 12e bataillon de milice volontaire le 29 octobre 1862.
Après un essai infructueux aux élections de 1861 dans Laval contre Louis-Siméon Morin*, Bellerose est élu député de cette circonscription en 1863 avec 94 voix de majorité. En 1867, à l’occasion des premières élections générales tenues sous le nouveau régime constitutionnel, il est de nouveau candidat conservateur dans Laval, mais aux deux paliers de gouvernement (fédéral et provincial) cette fois, et il l’emporte sans opposition dans les deux cas. Par la suite, il est réélu sans concurrent pour représenter Laval d’abord à l’Assemblée législative de la province de Québec en 1871, puis à la chambre des Communes l’année suivante. Le 16 octobre 1873, on l’appelle au Sénat où il représentera la division de Lanaudière jusqu’à la fin de sa vie ; il abandonne son siège parlementaire à Ottawa, mais conserve celui de Québec jusqu’aux élections provinciales de 1875. C’est grâce à son insistance que la transcription des débats du Sénat est traduite en français à partir de 1877. Il sera aussi président du comité des bills privés de la Chambre haute.
En politique ainsi que dans sa vision de la société, Bellerose se révèle un conservateur de tendance ultramontaine. Cette attitude l’amène à critiquer le projet de loi présenté en 1869 par le premier ministre provincial conservateur Pierre-Joseph-Olivier Chauveau* pour scinder le conseil de l’Instruction publique en deux comités, l’un catholique et l’autre protestant ; toutefois, comme Joseph-Édouard Cauchon* et Joseph-Adolphe Chapleau, il se rallie à la fin, à l’heure du vote. De même, à l’occasion de la visite dans la province de Québec du délégué apostolique dom Joseph-Gauthier-Henri Smeulders en 1883 et 1884, lui présente-t-il, à l’instar de ses collègues ultramontains, une série de requêtes pour réclamer une enquête canonique sur les multiples difficultés religieuses dans la province [V. Louis-François Laflèche ; Elzéar-Alexandre Taschereau].
Ami intime du sénateur François-Xavier-Anselme Trudel*, Bellerose est l’un des principaux souscripteurs et défenseurs du journal ultramontain l’Étendard, de Montréal, que Trudel fonde en 1883 et qui critique vertement le gouvernement conservateur provincial. Avec les ultramontains, le clan des « castors » ainsi qu’on les désigne, il fait campagne contre le premier ministre conservateur Joseph-Alfred Mousseau* et s’allie même avec les libéraux d’Honoré Mercier aux élections partielles de juin 1883 et de juillet 1884 dans son château fort de Laval pour tenter de faire battre le candidat ministériel Pierre-Évariste Leblanc*. Il fait de nouveau cause commune avec les libéraux en 1885 pour dénoncer le gouvernement conservateur fédéral qui a permis l’exécution de Louis Riel* et il contribue à l’élection du parti national de Mercier en octobre 1886. L’alliance est rompue en 1892 lorsque, devant les accusations de scandales qui accablent le gouvernement Mercier, Bellerose décide d’appuyer les conservateurs de l’ultramontain Charles-Eugène Boucher* de Boucherville. Dans la querelle relative aux écoles du Manitoba en 1895, il encourage activement les ministres canadiens-français fédéraux du cabinet de Mackenzie Bowell* à démissionner et les sénateurs à refuser tout portefeuille tant que ne seront pas rétablies les écoles séparées.
Au cours de sa vie, Bellerose exerce diverses autres fonctions : juge de paix, commissaire chargé de l’érection des paroisses et de la construction et de la réparation des églises, des presbytères et des cimetières, maire de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul de 1867 à 1887, vice-président de la Sovereign Fire Insurance Company et président de la Compagnie de navigation Union, dominée par sir Hugh Allan*.
Atteint d’un cancer de l’estomac, Joseph-Hyacinthe Bellerose meurt le 13 août 1899 et est inhumé le 16 dans le caveau de l’église à Saint-Vincent-de-Paul. Veuf, « il laisse, selon la Patrie, une fortune de $30,000 dont $25,000 doivent être divisés également entre le collège Laval et le couvent des Sœurs de la Providence, de St-Vincent-de-Paul, pour l’entretien des pauvres ».
AN, RG 68, General index, 1841–1867.— ANQ-M, CE1-51, 4 oct. 1847 ; CE1-59, 16 août 1899.— ANQ-MBF, CE1-48, 12 juill. 1820.— La Patrie, 14 août 1899.— Auguste Achintre, Manuel électoral ; portraits et dossiers parlementaires du premier Parlement de Québec (Montréal, 1871 ; réimpr., 1871), 35.— Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— Canadian directory of parl. (Johnson).— J. Desjardins, Guide parl.— RPQ.— Choquette, Hist. du séminaire de Saint-Hyacinthe, 2 : 246.— J.-A.-I. Douville, Histoire du collège-séminaire de Nicolet, 1803–1903, avec les listes complètes des directeurs, professeurs et élèves de l’institution (2 vol., Montréal, 1903), 2 : 253.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 1–7.— « Le Sénateur Luc-Hyacinthe Bellerose », BRH, 39 (1933) : 28–29.
Marcel Caya, « BELLEROSE, JOSEPH-HYACINTHE (baptisé Joseph) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bellerose_joseph_hyacinthe_12F.html.
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Auteur de l'article: | Marcel Caya |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |