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BELCHER, sir EDWARD, hydrographe et explorateur, né à Halifax, N.-É., le 27 février 1799, fils d’Andrew Belcher et de Marianne von Geyer, décédé à Londres le 18 mars 1877.
Edward Belcher, petit-fils de Jonathan Belcher*, juge en chef de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, quitta Halifax pour l’Angleterre avec sa famille en novembre 1811. Le 9 avril 1812, il entra dans la marine royale comme volontaire de première classe, grade qui montrait qu’il était destiné à devenir officier. Il fut promu midship le 2 décembre 1812, et lieutenant, le 21 juillet 1818. Pendant cette période, il servit sur de nombreux navires sur la côte atlantique de l’Amérique du Nord, aux Antilles et dans les bases navales d’Afrique et d’Angleterre. En septembre 1821, il fut affecté au Salisbury, en station à Halifax. Dans l’intervalle, il avait étudié l’hydrographie et l’histoire naturelle afin d’être prêt à prendre part aux importants relevés hydrographiques des océans du monde qui furent faits au xixe siècle par la marine royale et qui devaient aboutir à l’établissement des fameuses cartes marines de l’amirauté.
Le premier poste important de Belcher fut celui d’hydrographe adjoint sur le Blossom, commandé par Frederick William Beechey*, qui appareilla le 19 mai 1825 pour se rendre au détroit de Béring en passant par le cap Horn. Cette expédition avait deux buts : d’abord de porter secours à William Edward Parry* et à John Franklin* dans le cas où ils atteindraient le détroit au cours de la tentative qu’ils faisaient séparément pour découvrir un passage au nord-ouest ; puis d’effectuer sur leur parcours le relevé des zones non inscrites sur les cartes. Belcher rentra en Angleterre en octobre 1828 pour accomplir d’autres tâches ; promu au grade de capitaine de frégate le 16 mars 1829, il se vit confier son premier navire, l’Ætna, le 27 mai 1830. Le vaisseau rentra en Angleterre le 19 août 1831, après avoir effectué des relevés hydrographiques sur les côtes de l’Afrique occidentale. À la suite de griefs portés contre Belcher, qui aurait abusé de l’équipage, Belcher et ses officiers se lancèrent des accusations de part et d’autre. Belcher fut disculpé et appareilla de nouveau pour l’Afrique le 21 décembre 1831. Lorsque l’Ætna rentra en Angleterre le 19 août 1833, certains membres de l’équipage portèrent plainte de nouveau contre Belcher. Cette fois, l’amirauté, pour le punir, l’affecta au Lightning, qui effectuait des relevés dans la mer d’Irlande. En 1836, l’ingénieur hydrographe Francis Beaufort, qui semble avoir été le protecteur de Belcher, persuada l’amirauté de lui confier un autre commandement et Belcher remplaça le capitaine Beechey, alors souffrant, sur le Sulphur qui devait entreprendre l’étude hydrographique des côtes occidentales des deux Amériques. Cette expédition dura presque six ans ; Belcher ne rentra en Angleterre que le 19 juillet 1842. Pendant cette période, il avait effectué des relevés hydrographiques des deux Amériques et des îles du Pacifique sud ; au cours du voyage de retour, il passa par la Chine et s’illustra dans les batailles de Canton qui aboutirent à la cession de Hong Kong à la Grande-Bretagne. Pour ses exploits, il fut fait compagnon de l’ordre du Bain le 14 octobre 1841, puis chevalier le 21 janvier 1843. L’équipage du Sulphur se plaignit de mauvais traitements mais Belcher fut de nouveau disculpé par une commission d’enquête et on lui confia un autre bâtiment du service hydrographique, le Samarang, qui quitta l’Angleterre le 26 janvier 1843. Belcher dirigea des travaux hydrographiques dans le sud de la mer de Chine et revint en Angleterre le 31 décembre 1846.
Le 11 septembre 1830, il avait épousé Diana Jolliffe, belle-fille du capitaine Peter Heywood. Après le retour de l’Ætna en août 1831, les époux vécurent de nouveau ensemble à Portsmouth jusqu’à son départ en décembre. Peu de temps avant la fin du second voyage de Belcher en 1833, sa femme lui fit savoir qu’elle ne vivrait plus avec lui, prétendant qu’il lui avait communiqué à deux reprises des maladies vénériennes. Alors commença un long procès que Belcher fit durer par dépit. Malgré l’acrimonie qui présida à cette séparation, sa femme s’accommoda fort bien du titre de lady Belcher qu’elle porta après que son mari fut créé chevalier, dix ans plus tard.
Compétent et téméraire, Belcher passait aussi pour un capitaine très dur. En 1846, l’amirauté décida de ne pas lui donner d’autre commandement ; ce n’est qu’en 1852 qu’elle lui confia cinq bateaux pour une expédition dans l’arctique canadien. Belcher devait rechercher les navires et les équipages perdus de sir John Franklin dont on était sans nouvelles depuis 1845. Belcher divisa ses forces et envoya, sous le commandement de Henry Kellett, le Resolute et son bateau annexe, l’Intrepid, à l’île de Melville, par l’ouest, à travers le détroit de Barrow. La seule réalisation concrète de ce groupe fut le sauvetage, en 1852, de Robert McClure et de l’équipage de l’Investigator bloqué par les glaces dans la baie de Mercy ; pendant l’été de 1853 et celui de 1854, les bateaux de Kellett ne purent avancer en raison de l’état des glaces et ils furent même incapables de rentrer à la base de Belcher dans l’île de Beechey. Le propre navire de Belcher, l’Assistance, et son bateau annexe, le Pioneer, sous le commandement de Sherard Osborn constituaient le groupe qui, en août 1852, se dirigea vers le nord par le détroit de Wellington. Ils effectuèrent quelques relevés hydrographiques et firent quelques découvertes mais, à l’instar de ceux qui étaient partis vers l’ouest, ils furent pris dans les glaces en 1853 et ne purent se libérer en 1854. Belcher était en partie responsable de ces échecs car il avait refusé de suivre les conseils de navigateurs arctiques expérimentés comme Sherard Osborn et avait ainsi commis l’erreur de s’avancer au milieu des glaces.
Finalement, durant l’été de 1854, Belcher donna l’ordre d’abandonner tous les vaisseaux, sans tenir compte des objections vigoureuses de Kellett. Les bâtiments furent donc évacués et les équipages rentrèrent au pays sur des navires de transport qui attendaient à l’île de Beechey. De retour en Angleterre, Belcher passa en cour martiale pour avoir laissé ses bateaux dans l’arctique, mais il fut acquitté lorsqu’il put prouver que ses ordres lui laissaient toute liberté d’action. En dépit de cet acquittement, on continua de le blâmer sérieusement en Angleterre. La réprobation se fit plus sévère encore lorsque le Resolute de Kellett se libéra des glaces et fut récupéré dans la baie de Baffin par un capitaine de baleinière américain, James Buddington. Celui-ci remorqua le Resolute jusqu’à New London (Connecticut) où le Congrès des États-Unis l’acheta, le fit réparer et l’offrit en cadeau à la reine Victoria, au nom du peuple américain, en décembre 1856.
Dans sa retraite, Belcher se consacra à la rédaction d’ouvrages et à la recherche scientifique. Sa carrière fut ternie par de nombreux échecs mais, en raison de son âge et de son ancienneté, il devint contre-amiral le 11 février 1861, fut promu vice-amiral le 2 avril 1866, fait chevalier-commandeur de l’ordre du Bain le 13 mars 1867 et, enfin, élevé au grade d’amiral le 20 octobre 1872.
Au cours de sa carrière, Belcher fut l’une des personnalités les plus controversées de la marine royale. Comme officier, il avait plusieurs qualités enviables : curiosité scientifique, compétence technique, esprit inventif, force physique et, parfois, courage intrépide. Cependant, affligé d’un caractère irascible, il était querelleur et impossible à contenter, ce qui rendait extrêmement difficiles ses rapports avec ses supérieurs aussi bien qu’avec ses subordonnés. Il fut de bien des façons un officier compétent, mais sa carrière reste marquée par son échec honteux comme commandant en chef de l’expédition envoyée à la recherche de Franklin ; cette nomination passe pour avoir été « malencontreuse » puisque Belcher n’avait pas le tempérament pour faire face à la situation.
University of British Columbia, Special Collections Division, Belcher papers.— Edward Belcher, Horatio Howard Brenton : a naval novel (3 vol., Londres, 1856) ; The last of the Arctic voyages ; being a narrative of the expedition in H.M.S. Assistance under the command of Captain Sir Edward Belcher, C.B., in search of Sir John Franklin, during the years 1852–53–54 (2 vol., Londres, 1855) ; Narrative of a voyage round the world, performed in Her Majesty’s Ship Sulphur, during the years 1836–1842 [...] (2 vol., Londres, 1843) ; Narrative of the voyage of H.M.S. Samarang during the years 1843–46 ; employed surveying the islands of the Eastern Archipelago [...] (2 vol., Londres, 1848) ; A treatise on nautical surveying [...] (Londres, 1835).
F. W. Beechey, Narrative of a voyage to the Pacific and Beering’s Strait to co-operate with the polar expeditions : performed in His Majesty’s Ship Blossom [...] in the years 1825, 26, 27, 28 (2 vol., Londres, 1831).— [McClure], Discovery of the north-west passage (Osborn).— Joseph Phillimore, A report of the judgement delivered by Joseph Phillimore, in the cause of Belcher, the wife, against Belcher, the husband (Londres, 1835).— The zoology of the voyage of H.M.S. Samarang during the years 1843–1846, Arthur Adams, édit. (Londres, 1850).— The zoology of the voyage of H.M.S. Sulphur, under the command of Captain Sir Edward Belcher, R.N., C.B., F.R.G.S., etc. during the years 1836–42, R. B. Hinds, édit. (2 vol., Londres, 1843–1844).— Times (Londres), 3 oct. 1831, 7 oct. 1854, 20 mars 1877.
DNB.— O’Byrne, Naval biog. dict., 68s.— E. S. Dodge, Northwest by sea (New York, 1961), 304–308.— G. E. Fenety, Life and times of the Hon. Joseph Howe, (the great Nova Scotian and ex-lieut. governor) ; with brief references to some of his promirent contemporaries (Saint-Jean, N.-B., 1896).— Harris, Church of Saint Paul, 187.— A. G. L’Estrange, Lady Belcher and her friends (Londres, 1891).— M. A. Lewis, A social history of the navy, 1793–1815 (Londres, [1960]).— Beamish Murdoch, A history of Nova-Scotia or Acadie (3 vol., Halifax, 1865–1867), III : 313.— G. S. Ritchie, The Admiralty chart : British naval hydrography in the nineteenth century (Londres, 1967), 221–237.— Noel Wright, Quest for Franklin (Londres, 1959), 206–214.— Rutherford Alcock, Address to the Royal Geographical Society [...] : obituary, Royal Geographical Soc. Journal (Londres), XLVII (1877) : cxxxvi-cxlii.— C. J. Townshend, Jonathan Belcher, first chief justice of Nova Scotia, N.S. Hist. Soc. Coll., XVIII (1914) : 25–57.— W. H. Whitmore, Notes on the Belcher family, New Eng. Hist. and Geneal. Register (Boston), XXVII (1873) : 239–254.
Basil Stuart-Stubbs, « BELCHER, sir EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/belcher_edward_10F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
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Date de consultation: | 28 novembre 2024 |