BÉLANGER, AMABLE (baptisé Jean-Baptiste-Amable), fondeur et manufacturier, né le 8 septembre 1846 à Saint-Pierre-de-la-Rivière-Sud, Bas-Canada, fils de Jean-Baptiste Bélanger, cultivateur, et de Marie-Théodora (Eléonore) Bernier ; le 29 septembre 1874, il épousa à Saint-Gervais, Québec, Marie-Louise Catellier, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 22 septembre 1919 à Montmagny, Québec.
Amable Bélanger fait son apprentissage dans une importante fonderie de Lévis dirigée par la société D. Laîné et Compagnie [V. Charles William Carrier*]. En 1867, il revient à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud afin d’exercer le métier de maître fondeur. En 1871, il produit dans sa petite boutique des charrues et des chaudrons, d’une valeur de 1 000 $, et il travaille seul. Cette année-là ou au début de 1872, il décide d’agrandir son commerce et s’installe à Montmagny, où les communications sont plus faciles. Les nombreux achats de terrain qu’il fait entre 1872 et 1900 témoignent de la croissance de son entreprise. En 1889, il construit un premier bâtiment en brique rouge, « l’un des plus beaux établissements de commerce de la province », selon le journal la Sentinelle de Montmagny. En 1892–1893, la fonderie de Bélanger emploie 20 hommes et constitue le deuxième employeur de la ville, après la Compagnie manufacturière de Montmagny. En 1905, les deux entreprises ont le même nombre d’ouvriers, soit 25.
En 1907, Amable Bélanger, qui a atteint la soixantaine, cède la direction de son industrie à son fils, Joseph-Adrien-Amable. Ce dernier, alors âgé de 30 ans, a fait des études en comptabilité et en affaires à l’université d’Ottawa, et il donne une impulsion nouvelle à la compagnie. En 1910, la capacité de production de la manufacture a doublé. En 1913, Joseph-Adrien-Amable convie ses employés à une réunion pour les informer de son projet de les faire bénéficier des profits de la compagnie. Cependant, il meurt le 29 mai 1913, à Québec, au moment d’une opération de l’appendicite, semble-t-il. Amable Bélanger, qui a alors 66 ans, n’est pas en mesure de diriger l’usine. Cette dernière jouit à ce moment-là d’une solide réputation : elle emploie 50 hommes à l’année et vend des instruments aratoires et des poêles dans toute la province ainsi que dans les Maritimes. Le 17 février 1914, Bélanger vend donc sa compagnie à un groupe d’hommes d’affaires de la région de Montmagny et de Québec. L’entreprise sera désormais connue sous le nom de A. Bélanger Limitée.
Parallèlement à son métier de fondeur et d’industriel, Bélanger participe activement au développement de sa ville. En 1900, il est président de la nouvelle Société de construction du district de Montmagny, qui est propriétaire d’un terrain à l’ouest de Montmagny qu’elle fait subdiviser en lots à bâtir. Curieusement, Bélanger possède 60 des 93 subdivisions, et il les vend à la société en avril 1901. Selon le Peuple de Montmagny, dans une seule semaine en 1904, Bélanger, au nom de la société, aurait vendu une cinquantaine de lots. En 1906, après avoir donné un dividende spécial de 40 % à ses actionnaires, la société vend le capital des rentes constituées qui lui sont dues et l’ensemble des terrains qui lui restent. L’opération a donc été un succès.
Les activités de Bélanger au sein de certaines entreprises industrielles sont par contre moins connues. De 1894 à 1901, il est actionnaire de la Compagnie manufacturière et électrique de Montmagny. De 1901 à 1906, il agit comme vice-président de la Montmagny Light and Pulp Company et, de 1902 à 1904, il est actionnaire et membre du bureau de direction de la Compagnie industrielle de Montmagny. Cependant, quand cette compagnie doit être liquidée en février 1904, Bélanger et son fils Joseph-Adrien-Amable, qui en est le gérant, sont très critiqués par le maire de Montmagny, Maurice Rousseau : il les accuse d’avoir mis la main sur les profits de la compagnie et d’être à l’origine de la faillite. À la suite de cette malheureuse aventure, Bélanger est moins présent sur la scène économique régionale, mais il conserve l’estime de ses pairs. Par exemple, en 1912, il devient le premier président de la Chambre de commerce de Montmagny, poste qu’il occupe durant un an.
Les liens qu’a tissés Bélanger comme administrateur d’entreprises de développement foncier ou industriel ont servi sa compagnie. Bélanger reconnaît volontiers qu’il a profité des largesses du conseil municipal, sous forme d’exemptions de taxes, grâce à des « amis » qui en faisaient partie, notamment Joseph-Couillard Lislois, maire de 1890 à 1905, avec qui il a fondé la Compagnie manufacturière et électrique de Montmagny en 1894. C’est sans doute pour solidifier ces liens avec le conseil que Bélanger se présente, mais sans succès, comme échevin en 1907.
La carrière d’Amable Bélanger démontre bien le rôle important que jouent les relations d’affaires dans le développement d’une entreprise. Grâce aux avantages qu’il obtient d’un conseil municipal où se retrouvent des associés en affaires, Bélanger peut atteindre ses objectifs. Il est alors plus en mesure de participer aussi au développement de la ville de Montmagny, qui devient au début du xxe siècle le principal centre industriel de la Côte-du-Sud.
AC, Montmagny, Cour supérieure, Livre des sociétés, 1909–1929.— AN, RG 31, C1, 1871, Saint-Pierre de Montmagny, Québec, tableau 6 (mfm aux ANQ-Q).— ANQ-Q, CE2-6, 8 sept. 1846 ; CE2-7, 22 sept. 1919 ; CE2-17, 29 sept. 1874.— Arch. de la ville de Montmagny, Québec, Procès-verbaux, 1898, 1907, 4 nov. 1912, 31 août 1914.— Bureau d’enregistrement, Montmagny, Index aux immeubles.— Québec, ministère des Ressources naturelles, Service du cadastre, Montmagny, 1876, lot no 1.— Le Peuple (Montmagny), 1er août 1902, 3, 17 juin, 8 juill. 1904, 16 nov. 1906, 18 janv. 1907, 18 avril, 30 mai, 6 juin, 14 nov. 1913, 24 déc. 1915.— La Presse, 6 août 1921 (photographie d’Amable Bélanger).— La Sentinelle (Montmagny), 16 juill. 1891.— F.-E.-J. Casault, Notes historiques sur la paroisse de Saint-Thomas de Montmagny (Québec, 1906 ; réimpr., Montmagny, 1979).— Martine Côté, « Industrialisation et Urbanisation à Montmagny, 1883–1930 » (mémoire de m.a, univ. Laval, 1990).— Albert Dionne, Topographie de Montmagny ; histoire primitive de la paroisse de Saint-Thomas-de-Montmagny (Québec, 1935).— Gazette officielle de Québec, 1904 : 459 ; 1914 : 405s.
Martine Côté, « BÉLANGER, AMABLE (baptisé Jean-Baptiste-Amable) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/belanger_amable_14F.html.
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Auteur de l'article: | Martine Côté |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
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