BECHER, HENRY CORRY ROWLEY, avocat, homme politique et auteur, né le 5 juin 1817 à Londres, fils cadet du capitaine Alexander Becher, de la marine royale, et de Frances Scott ; le 27 octobre 1841, il épousa Sarah Evanson Leonard (décédée en 1864), et ils eurent huit enfants, puis, en 1874, Caroline Robertson, née Street ; décédé le 6 juillet 1885 à Sidcup, Angleterre.

Henry Corry Rowley Becher immigra à London, dans le Haut-Canada, en 1835. Il commença son stage de clerc chez John Wilson* en 1836 et fut nommé greffier du tribunal des successions et tutelles du comté de Middlesex en 1839. Reçu attorney le 2 novembre 1840, il fut admis au barreau le 2 août 1841. Élu membre du conseil de la Law Society of Upper Canada en 1853, il donna des cours pendant un trimestre à Osgoode Hall, Toronto, en 1856 ; le 4 octobre de la même année, il devenait conseiller de la reine.

En 1850, Becher était l’un des avocats les plus occupés de la région de London. Avocat du colonel Thomas Talbot* au début des années 1850, il rédigea, en 1852, le testament qui léguait à George Macbeth* la plus grande partie des biens restants du colonel, soulevant de ce fait un tollé dans la famille Talbot. Belcher agit aussi à titre d’avocat de la municipalité de London, de 1849 à 1853. En avril et en mai 1855 seulement, il s’occupa des affaires de la couronne aux cours d’assises de St Thomas, de London et de Chatham tout en présentant 27 causes au civil à St Thomas et 35 à London. En 1857, il devint l’avocat de la Gore Bank et membre du conseil d’administration de la Great Western Railway. Il traitait d’affaires juridiques avec la compagnie de chemin de fer depuis 1852, mais avait toujours refusé le poste d’avocat qu’elle lui offrait ainsi que les £1000 et le personnel s’y rattachant. Dans les années 1870, Becher fut de nouveau mêlé, devant les tribunaux, à un litige célèbre. ayant trait au règlement d’une succession. Une des clauses du testament de George Jervis Goodhue* stipulait qu’on ne pouvait procéder à la distribution de la plus grande partie de ses biens avant la mort de sa femme. La famille, qui s’opposait à cette clause, réussit à faire adopter par la législature de l’Ontario un projet de loi privé favorable à ses revendications. Becher toutefois refusa de céder et, lors d’un appel, il vit sa position appuyée par un jury de neuf juges. Le partage des biens ne se fit pas avant la mort de Mme Goodhue en 1880.

La carrière politique de Becher se situa presque aux antipodes de sa florissante situation d’avocat. Il siégea au conseil municipal de London de 1850 à 1854, mais ses tentatives pour se lancer dans la politique provinciale s’avérèrent infructueuses. En 1857, il ne réussit pas à obtenir la candidature du parti conservateur à London ; on choisit John Carling* qui introduisit plus tard le projet de loi concernant la famille Goodhue. On prévoyait une victoire facile des conservateurs à l’élection partielle de Middlesex East en 1860 ; Becher parvint à se faire nommer candidat pour les conservateurs, mais Maurice Berkeley Portman, défait lors de la mise en candidature, se rangea derrière Francis Evans Cornish*, qui se présentait comme conservateur orangiste. Cette division au sein des effectifs conservateurs permit aux réformistes de remporter la victoire dans la circonscription. En 1861, Becher et Portman se disputèrent encore la candidature conservatrice. Becher se retira, après l’intervention de John Alexander Macdonald*, avec la promesse de l’appui de Portman lors des élections au Conseil législatif dans Malahide. Victorieux, Portman n’appuya toutefois pas Becher tel que convenu, et celui-ci perdit contre Elijah Leonard* fils. Après cette défaite, Becher ne se porta plus candidat à une charge publique, mais demeura un organisateur de parti actif.

Becher fut victime des rivalités entre conservateurs de la région, des congrès de mises en candidature qu’il trouvait « immoraux et démocratiques », de sa propre réserve et de ses bonnes manières. Bien qu’il fût généralement reconnu comme le candidat le plus compétent, l’orateur le plus raffiné et un homme d’« honneur, intelligent et éduqué », le fait d’être avocat lui nuisit dans les régions à prédominance rurale où il se porta candidat. Ce problème devint évident dans le débat avec Leonard, quand Becher conseilla au fabricant d’instruments aratoires de « s’en tenir à ses affaires agricoles » et se fit répliquer de s’en tenir à ses « affaires juridiques ». En 1860, Macdonald conseilla à Becher de faire une tournée électorale énergique et la plus complète possible : « Mets de côté tes bottes à talons hauts pendant un certain temps et bois du whisky trois-six. Tu pourras devenir abstinent dès que tu seras élu. »

Après avoir abandonné ses ambitions politiques, Becher fit des voyages son principal passe-temps. Il traversa l’Atlantique 20 fois, fit un certain nombre de séjours en Floride et se rendit au Mexique en 1878 ; il écrivit un livre pour assurer les gens que le Mexique était un bon endroit à visiter. Ses voyages, toutefois, le confirmèrent dans son opinion que le Canada était le pays où l’on vivait le mieux. Les gens y étaient « forts, courageux et énergiques » en raison du climat ; ils craignaient Dieu et respectaient la loi. Le gouvernement canadien était « le plus libre du monde » car il « comprenait parfaitement et ne perdait jamais de vue, dans la pratique, que les droits des hommes sont égaux ».

En 1880, Becher devint fellow de la Royal Geographical Society et, en 1882, barrister de l’Inner Temple, à Londres. À l’époque de sa mort, il était propriétaire d’une grande quantité de terrains, certains dans le nord de l’Ontario, mais la plupart à London. Celui de 13 acres entourant Thornwood, son imposante résidence déclarée lieu historique en 1970, avait le plus de valeur.

Elwood H. Jones

Henry Corry Rowley Becher est l’auteur de A trip to Mexico, being notes of a journey from Lake Erie to Lake Tezcuco and back [...] (Toronto, 1880), et son journal, édité par Merwyn Ainsley Garland et Orlo Miller, a été publié dans OH, 33 (1939) : 116–143.

Arch. privées, Mme A. V. Becher (London, Ontario), Lettres de J. A. Macdonald à H. C. R. Becher (E. H. Jones a édité quelques-unes de ces lettres sous le titre « Some letters from John A. Macdonald to H. C. R. Becher, 1857–63 », dans Western Ontario Hist. Notes ([London]), 21 (1965), no 1 : 26–33.— UWO, H. C. R. Becher papers.— Macdonald, Letters (J. K. Johnson et Stelmack), I ; II.— « The Richard Airey-Henry C. R. Becher correspondence », M. A. Garland, édit., Western Ontario Hist. Nuggets (London), 36 (1969).— The Talbot papers [...], J. H. Coyne, édit. ([Toronto], 1909).— London Free Press, 1857–1863.— Dominion annual register, 1885.

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Elwood H. Jones, « BECHER, HENRY CORRY ROWLEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/becher_henry_corry_rowley_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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