BAUDOUIN (Baudoin), MICHEL, prêtre, jésuite, missionnaire, né le 16 mars 1691 à Québec, fils de Gervais Baudouin* et d’Anne Auber, frère de Gervais Baudoin, décédé à La Nouvelle-Orléans en 1768.

Michel Baudouin entra au noviciat des jésuites, à Bordeaux, France, en octobre ou décembre 1713, après avoir terminé ses études secondaires et fait deux ans de philosophie. Nous ignorons s’il avait reçu cette formation en France ou à Québec. Pendant les premières années qu’il passa chez les jésuites, il donna l’impression de posséder un assez bon talent. Il avait une bonne intelligence, du jugement et jouissait d’une bonne santé. Il semblait calme et pas très joyeux, peut-être souffrant du mal du pays.

Il commença à enseigner à Angoulême en 1715 et, au cours des deux années qui suivirent, il monta, comme c’était la coutume, avec ses élèves, de classe en classe. Au cours des années scolaires 1719–1721, il enseigna les classes supérieures à Pau puis fit de même à La Rochelle et Fontenay-le-Comte, passant un an à chacun de ces endroits. Il commença ses études théologiques préparatoires à l’ordination à Poitiers, en 1722, et il fut ordonné prêtre en 1725. Lorsque 1726 s’acheva, il était à Marennes, engagé dans son troisième an, l’année de renouveau spirituel des jeunes prêtres jésuites. Après une année d’enseignement, cette fois à Luçon, on l’affecta en 1728 aux missions de la Louisiane. Il y prononcera, en 1731, ses vœux définitifs de coadjuteur spirituel.

Pendant deux, décennies il dispensa son ministère aux Chactas qu’il vint à connaître « parfaitement », comme l’écrivit Bienville [Le Moyne], gouverneur de la Louisiane, en faisant son éloge. Baudouin, qui accompagnait chaque année les chefs Chactas à Mobile (Ala.) où ils se rendaient recevoir leurs présents des Français, fut une importante source de renseignements touchant cette nation. Impliqué malgré lui dans la situation délicate créée par les affrontements perpétuels entre Français et Chactas et l’alliance formée par les Anglais et les Chicachas, Baudouin n’a sans doute pas été sans se rendre compte que sa vie était en constant péril.

En 1751, il fut nommé supérieur de toutes les missions de la Louisiane et alla résider dans la capitale de la colonie. Il remplit cette fonction pendant près de dix ans. La Louisiane relevait du diocèse de Québec et, contre le gré des jésuites et au grand déplaisir des capucins, l’évêque de Québec, Mgr de Pontbriand [Dubreil], avait, depuis 1741, tenu à ce que le supérieur des jésuites de La Nouvelle-Orléans fasse office de grand vicaire en Louisiane avec juridiction sur les missionnaires jésuites et capucins. Conciliateur bienveillant, Baudouin eut à souffrir pendant des années des épuisantes discussions engendrées par cet état de choses, lequel ne trouva sa solution finale qu’avec le départ des jésuites.

Lorsque la Compagnie de Jésus fut supprimée en France, le Conseil supérieur de la Louisiane entama des procédures judiciaires calquées sur celles de la mère patrie. Les missionnaires qui vivaient parmi les Indiens furent amenés à La Nouvelle-Orléans ; tous les jésuites de la colonie reçurent l’ordre de passer au clergé séculier et de retourner en France. Baudouin, alors septuagénaire, eut la permission de demeurer à La Nouvelle-Orléans, étant donné que son pays natal, le Canada, était maintenant possession anglaise et qu’il n’avait aucune famille pour l’accueillir en France. Le gouvernement français lui accorda, comme aux autres missionnaires jésuites sécularisés, une pension puisée dans les biens confisqués aux jésuites. Il fut pendant un certain temps l’hôte des planteurs Jean-Charles de Pradel et Étienne Boré et aussi celui des capucins. En juillet 1766, « un peu indisposé de corps, mais sain d’esprit, memoire et entendement », Baudouin dut sortir de sa retraite pour venir faire une déposition à La Nouvelle-Orléans sur Louis Billouart de Kerlérec, ancien gouverneur, laquelle allait s’ajouter aux autres témoignages dans l’interminable affaire de la Louisiane.

On ignore la date exacte de la mort de Baudouin. Mgr Jean-Olivier Briand*, lorsqu’il écrivit à Sébastien-Louis Meurin, en avril 1767, semble s’être trompé en rapportant que Baudouin était décédé, puisqu’en France, même à la fin d’avril 1768, on ignorait tout de sa mort, tant à la cour que parmi les syndics qui s’occupaient des affaires des jésuites et qui se proposaient de lui écrire. À la lumière d’une inscription dans le livre des comptes de la paroisse Saint-Louis de La Nouvelle-Orléans, on peut conclure que Baudouin mourut peu de temps avant Pâques 1768 ; il fut inhumé dans la vieille église paroissiale.

Selon le témoignage d’un grand nombre de personnes qui le connurent à un moment ou l’autre de sa longue vie, il était un homme dévoué et bon, qui avait mis sa vie au service de Dieu, de son pays, des Français et des Indiens.

C. E. O’Neill

AN, Col., C11A, 99 f.476 Col., C13A, 15, ff.9, 153v. –16, f.207 ; 17, ff.39–43 ; 44, ff.470, 739–749 ; Col. : D2D, 10.— ANDQ, Registre des baptêmes, mariages et sépultures, 27 mars 1691.— ARSI, Catalogi Aquitaniae, 8/1, 8/11, (1714–1757) ; Catalogi Franciae, 19, 20, 21, 28° (1730–1761).— Louisiana State Museum Archives (New Orleans), 62/17, 3 sept. 1763 ; 63/23, 17 août 1763.— St Louis Cathédral Archives (New Orleans), St Louis parish financial record book, 1756–1801, p. 102.— New régime, 1765–67 (Alvord et Carter), 561.— François-Philibert Watrin, Banissement des Jésuites de la Louisiane in JR (Thwaites), LXX : 212–301.— Delanglez, French Jesuits in Louisiana.— O’Neill, Church and state in Louisiana.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, I : 294, 331.— A. E. Jones, Le père jésuite Michel Baudouin, BRH, XXIV (1918) : 30–32.

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C. E. O’Neill, « BAUDOUIN (Baudoin), MICHEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/baudouin_michel_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
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