BABY, CHARLES-FRANÇOIS-XAVIER (il signait F. Baby), seigneur, homme d’affaires, conseiller législatif, né à Québec, le 19 juin 1794, fils de François Baby*, seigneur et homme politique, et de Marie-Anne Tarieu de Lanaudière ; décédé à Québec le 6 août 1864.
Charles-François-Xavier Baby, aîné d’une famille de 12 enfants, étudie au séminaire de Québec avant de se lancer dans les affaires. En 1817, il gère un « magasin général » et s’intéresse au commerce du bois à Saint-Pierre-les-Becquets (Les Becquets) où il acquiert une terre en avril de cette même année. Déjà seigneur du fief de Bruyères, Baby achète, le 9 janvier 1819, les propriétés de Pierre-Michel Cressé*, soit les deux tiers de la seigneurie de Nicolet, la ferme domaniale, une autre ferme de 7 arpents sur 40, les bâtiments seigneuriaux, manoir et dépendances, moulins banaux, etc. La transaction s’élève à £12 000 payables en une rente constituée rachetable par le paiement du capital. Mais à peine installé dans son nouveau manoir, le jeune seigneur éprouve de sérieuses difficultés financières. En janvier 1820, à la suite d’une poursuite intentée par Peter Sheppard, marchand de Québec, Baby perd une propriété sise rue Sainte-Anne à Québec. Incapable de répondre aux obligations contractées lors de l’acquisition de la seigneurie de Nicolet, François Baby fait face aux héritiers de Pierre-Michel Cressé, décédé en octobre 1819. La seigneurie de Nicolet est saisie en juillet 1820 et, quelques mois plus tard, revendue pour la somme de £6 500.
De retour à Saint-Pierre-les-Becquets, François Baby connaît des années difficiles ; il reprend néanmoins ses activités commerciales et semble intensifier son commerce de bois au cours des années 1830. En 1837, victime de son imprudence et de la crise économique anglo-américaine, il se retrouve dans une situation désastreuse et doit s’exiler à Albany, New York, d’où il tente, avec l’aide de son frère Joseph, son agent à Montréal, de dénouer l’imbroglio financier et juridique dans lequel il s’est empêtré. Ce n’est finalement qu’en avril 1844 (année où meurt sa mère et où s’amorce le long – il se poursuivra encore au début des années 1870 – processus de règlement de la succession de la veuve de François Baby, père) que Charles-François-Xavier Baby, après avoir remis ses biens à Robert Hunter Gairdner, commissaire des banqueroutes, est libéré de toutes dettes et réclamations. Revenu à Saint-Pierre-les-Becquets, il reprend son commerce de bois. Le 8 novembre 1845, il signe avec Charles A. Holt de Québec une entente qui dure jusqu’à la fin des années 1840 : les partenaires se partagent les profits en parts égales, et tandis que Holt s’occupe du financement des opérations, de l’approvisionnement des chantiers et du magasin de Baby, et l’informe régulièrement des mouvements des prix, celui-ci surveille la coupe, les achats et le transport du bois. Les affaires semblent aller assez bien, particulièrement au cours de l’année 1846 où le faible niveau des eaux dans l’ensemble du Bas-Canada avantage nettement les chantiers situés à proximité de Québec. Mais l’homme ne s’est pas encore relevé de sa dernière banqueroute et, après l’abandon de la politique de protection impériale, il n’échappe pas aux difficultés qui affectent l’ensemble de l’industrie forestière canadienne. En mars 1847, il écrit à son frère Joseph qu’il peut à peine nourrir sa propre famille et, en novembre, que depuis des semaines il n’a pas vu la somme de £5. Encore en mai 1850, Baby se plaint de la « grande compétition pour les contrats ». Jusque-là, il apparaît donc plus comme un petit entrepreneur besogneux que comme l’homme d’affaires en vue qu’il deviendra au cours des années suivantes.
À partir de 1851, en effet, François Baby se voit confier par le gouvernement et la Maison de la Trinité de Québec une série de contrats de construction et d’entretien de quais et de phares. Ainsi, en 1852 et 1853, il exécute des travaux à La Malbaie et aux Éboulements et, en 1856, à l’île d’Anticosti et à Rivière-du-Loup. Entre temps, il obtient, en avril 1854, le contrat de construction de la voie ferrée entre Québec et Montréal et des bâtiments de la Compagnie du chemin de fer de la rive nord. Le resserrement du marché financier anglais retarde cependant l’exécution du contrat. Pendant quelques années Baby, à titre d’entrepreneur et de responsable des engagements financiers, se retrouve ainsi au centre des difficultés pécuniaires de la compagnie bientôt contrainte d’abandonner virtuellement son projet. En septembre 1856, François Baby semble sur le point de perdre son emprise sur la dite compagnie, mais déjà ses intérêts sont largement engagés dans un autre secteur.
En septembre 1854, quelques mois après le début de l’aventure du chemin de fer de la rive nord, le gouvernement octroyait à Baby, pour une durée de sept ans, le contrat du service de remorquage entre le Bic et Québec. Aux termes de l’entente, Baby recevait un subside annuel de £7 965, en sus des tarifs limités qu’il était autorisé à exiger des usagers, et s’engageait à construire deux remorqueurs pour remplacer les trois vapeurs qu’il affectait au départ à ce service. Quelques mois plus tard, le contrat était révisé, conformément aux recommandations du Bureau de commerce de Québec : la durée était portée à dix ans à compter de février 1855, la zone à desservir était étendue jusqu’à l’île d’Anticosti et le subside annuel était porté à £11 300. Le nombre restreint des usagers amène, en juin 1857, Baby et le gouvernement à réduire les tarifs, réduction compensée par un subside supplémentaire pouvant atteindre £7 500, la première année, et £5 000, les années suivantes. Cette décision, qui suivait une tentative de Baby d’obtenir des compagnies d’assurances londoniennes une baisse des primes exigées dans les cas où les bateaux feraient appel au service de remorquage, ne semble pas avoir eu les résultats escomptés. En août 1859, Baby soutenait, en effet, avoir perdu des sommes considérables dans cette affaire et proposait au gouvernement du Canada-Uni de rompre ce contrat en même temps que celui du transport du courrier entre Québec et le Nouveau-Brunswick qu’il venait de signer le 6 mai 1859. Deux autres contrats qui le liaient à la Maison de la Trinité de Québec pour la pose et l’enlèvement des bouées, et le transport des approvisionnements, hommes et matériaux aux emplacements des phares en aval de Québec devaient aussi être résiliés. Pour l’ensemble de ces contrats, Baby recevait directement du trésor public plus de £20 000 annuellement. Le gouvernement accepta, le 8 août 1860, de mettre un terme à ces contrats et fit l’acquisition des cinq navires à vapeur de Baby : le Queen Victoria, le Napoléon III, le Lady Head, l’Admiral et l’Advance, aux conditions suivantes : paiement de la dette personnelle de l’entrepreneur envers la Bank of Upper Canada (£23 386), quittance des sommes que l’entrepreneur devait au gouvernement (£18 000) et une somme de £15 000, soit un total de £56 386. Ainsi dégagé, François Baby se lançait en politique en juin 1861 et se fit élire, sous la bannière conservatrice, conseiller législatif de la division de Stadacona, siège qu’il occupa jusqu’à sa mort. Baby jouissait d’ailleurs d’une influence indiscutable dans la région de Québec et du golfe du Saint-Laurent et jouait depuis quelques années déjà un rôle important dans les coulisses de la politique canadienne au point d’avoir acquis la réputation de faire et de défaire les ministères.
De son mariage, le 15 août 1831 à Saint-Philippe-de-Laprairie, avec Clothilde Pinsoneaut, sœur de Pierre-Adolphe Pinsoneault*, premier évêque catholique de London (Ontario), naquirent Michel-Guillaume, surnommé Francis, qui fut député à l’Assemblée législative du Canada-Uni de 1857 à 1863, et Alice, qui épousa sir Joseph-Philippe-René-Adolphe Caron*.
On trouve aux ANQ-Q, AP-G-336/1–2 des documents concernant la famille Baby. Il s’agit surtout de lettres d’affaires, comptes, reçus et contrats. Le tout permet de se faire une idée des transactions de Baby, mais ne révèle que peu de chose sur sa famille. Une partie de la correspondance de Charles-François-Xavier Baby est déposée aux BUM, Coll. Baby, Corr. générale ; boîte 110. Trois lettres datant de son exil à Albany (2, 5 et 14 août 1838) et quelques autres adressées à son frère Joseph de mars 1847 à juillet 1850, nous renseignent sur l’état de ses affaires. [a. g.]
Canada, Doc. de la session, 1867–1868, 5, no 8 : 125–127.— La Gazette de Québec, 17 août 1809, 27 nov., 18 déc. 1817, 20 janv., 11 mai 1820.— J.-E. Bellemare, Histoire de Nicolet, 1669–1924 (Arthabaska, Québec, 1924), 194–202, 206, 208–213.— P.-B. Casgrain, Memorial des familles Casgrain, Baby et Perrault du Canada (Québec, 1898).— É.-Z. Massicotte, Paul-Théophile Pinsonnault, ses ascendants et descendants, BRH, XXXIV (1928) : 207–220.
André Garon, « BABY, CHARLES-FRANÇOIS-XAVIER (F. Baby) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/baby_charles_francois_xavier_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |