ARNOLDI, MICHAEL, orfèvre, né le 19 juin 1763 à Montréal, fils de Peter Arnoldi, militaire originaire de Hesse (République fédérale d’Allemagne), et de Philipina Maria (Phébé) Horn ; décédé célibataire le 27 août 1807 à Trois-Rivières, Bas-Canada.

Michael Arnoldi semble avoir fait son apprentissage d’orfèvre chez Robert Cruickshank, à Montréal, puisqu’il était déjà en affaires avec celui-ci dès l’âge de 21 ans. En effet, le 14 octobre 1784, une annonce parue dans la Gazette de Québec avertit créanciers et débiteurs que la société Cruickshank and Arnoldi sera dissoute le 1er novembre suivant, Cruickshank étant « duement autorisé » à percevoir les comptes et à rembourser les dettes. Par la suite, on apprend qu’Arnoldi réside à Saint-Philippe-de-Laprairie en 1787, au moment de la procédure de séparation légale entre sa sœur Phebe*, qui habite avec lui, et John Justus Diehl. Saint-Philippe-de-Laprairie semble avoir été un poste de traite actif où de nombreux orfèvres, tels Dominique Rousseau*, John Oakes et Christian Grothé, possédaient des propriétés.

En 1788, Arnoldi appose son poinçon sur une croix d’argent façonnée pour l’église de Varennes. Malgré l’annonce parue en 1784, Arnoldi a été associé à Cruickshank jusqu’au 17 février 1789, date à laquelle ce dernier rachète toutes les « marchandises et effets » ainsi que tous les comptes de la maison Cruickshank and Arnoldi pour la somme globale de £150. Quelques mois plus tard, en septembre, Arnoldi rédige un testament olographe dans lequel il lègue ses meubles et vêtements à son frère Peter, et tous ses autres biens à sa mère. Il réside alors à Montréal, rue Saint-François.

Le 9 mai 1792, Arnoldi habite toujours au même endroit lorsqu’il signe un bail en faveur de Peter, son frère, et de John Oakes, lesquels louent pour deux ans sa boutique et ses outils d’orfèvre évalués à £113 12 shillings 4 pence. Les associés paieront le loyer de la maison en plus de « Loger, Chauffer, Nourrir, Blanchir » Michael et de lui fournir « annuellement un habit de Drap super fin à son choix ». Une clause incite Michael à ne pas s’établir ailleurs, ce qui empêcherait forcément les jeunes associés de jouir de son savoir. L’acte spécifie en outre les raisons qui ont poussé Michael à agir de la sorte : « attendu ses infirmités et ne pouvant plus vaquer a sa ditte profession d’orfèvre et voulant faciliter Les dits Sieurs pierre arnoldi son frere et John Oakes dans La ditte profession d’orfèvre ». Un magnifique service à the est le fruit de cette brève association : il porte le poinçon de Michael accompagné d’un autre aux initiales AO, pour Arnoldi et Oakes. Mais le bail est annulé prématurément le 8 janvier 1793 ; les associés sont alors redevables de £17 14 shillings 4 pence en compensation des outils non rendus à Michael. En avril, ce dernier déshérite Peter et fait de sa mère sa légataire universelle.

En février 1794, Arnoldi, « orfèvre demeurant à Montréal », reçoit £150 en héritage de Johann Michael Mayer. II aurait par la suite acquis une auberge à Trois-Rivières, qu’il aurait donnée à sa mère le 11 avril 1799. Celle-ci devait, en retour, se charger de l’entretien de son fils. En juin de cette même année, un Arnoldi achète des outils lors de la vente de la succession de l’orfèvre Louis-Alexandre Picard*, à Montréal. Mais il s’agit peut-être de Peter, établi comme orfèvre dans la rue Notre-Dame en 1797. Finalement, on ne sait pratiquement rien de la vie d’Arnoldi après 1794 jusqu’à son décès à Trois-Rivières en 1807 où il est toujours mentionné comme orfèvre.

Le poinçon d’Arnoldi et celui de son frère Peter offrent une similitude frappante : les initiales MA ou PA sont inscrites dans un rectangle au coin supérieur droit tronqué. Quant au poinçon CA, plusieurs auteurs l’ont jusqu’à maintenant attribué à Charles Arnoldi, frère des deux précédents. Cependant, tous les documents d’archivés mis à jour présentent celui-ci comme horloger, et on peut penser que ce poinçon pourrait être celui de la maison Cruickshank and Arnoldi, puisque sa forme et son graphisme ressemblent à s’y méprendre au poinçon de Cruickshank, principal partenaire de cette association. Au cours de ses quelque cinq années d’activité, cette société fut en mesure de produire les nombreux objets d’orfèvrerie de traite et les autres pièces d’orfèvrerie marqués du poinçon CA.

La brève carrière de Michael Arnoldi s’avère importante par les associations contractées et la prédominance de son œuvre sur celle de plusieurs autres orfèvres. L’abondance, la variété et les qualités esthétiques de ses œuvres témoignent de son talent et de son ardeur, malheureusement entravés par son état de santé.

Robert Derome

On retrouve des œuvres de Michael Arnoldi à Québec, au Musée du Québec et à l’archevêché ; à Montréal, chez les Religieuses hospitalières de Saint-Joseph ; à Ottawa, dans la collection Henry-Birks conservée à la Galerie nationale du Canada ; dans les églises Sainte-Famille, à Boucherville, et Sainte-Geneviève, à Berthierville, au Québec.

À notre avis, il serait prudent d’émettre certaines réserves sur les informations d’Édouard Fabre Surveyer, infra, qui affirme notamment qu’en 1802 Michael Arnoldi exerçait toujours son art à Montréal et qu’il aurait pris en apprentissage son neveu – faussement prénommé John Justus-Diehl. Un acte notarié (ANQ-M, CN1-29, 5 févr. 1800) nous apprend que ce neveu – qui se prénommait Peter – était mis en apprentissage pour sept ans chez des chirurgiens.  [r. d.]

ANQ-M, CN1-29, 19 févr. 1783, 1er mars, 11 sept. 1787, 16 janv., 17 févr. 1789, 2 sept. 1793, 18 févr. 1794 ; CN1-121, 1er sept. 1789, 9 mai 1792, 6 nov. 1793 ; CN1-134, 18 févr. 1817 ; CN1-185, 27 déc. 1806, 23 juill., 22 août 1807 ; CN1-269, 6 juin 1799.— MAC-CD, Fonds Morisset, 2, A762/J65.3.2 ; A762/M621.1.— La Gazette de Québec, 14 oct. 1784, 30 janv. 1806.— Quebec Mercury, 24 janv. 1817.— W. H. Carter, Metallic ornaments of the North American Indians, 1400–1900 (London, Ontario, 1973) ; North American Indian trade silver (2 vol., London, 1971).— Robert Derome, « Delezenne, les orfèvres, l’orfèvrerie, 1740–1790 » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1794).— Langdon, Canadian silversmiths. Traquair, Old silver of Quebec. Édouard Fabre Surveyer, « Une famille d’orfèvres », BRH, 46 (1940) : 310–315.— É.-Z. Massicotte, « Dominique Rousseau, maître orfèvre et négociant en pelleteries », BRH, 49 (1943) : 342–348.— H. T. Schwarz, « Les orfèvres de la Nouvelle-France », Vie des arts (Montréal), 24 (automne 1961) : 39–43.

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Robert Derome, « ARNOLDI, MICHAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/arnoldi_michael_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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