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ARMSTRONG, Joseph EMANUEL, fermier, producteur pétrolier, homme politique et manufacturier, né le 9 novembre 1864 à West York, Haut-Canada, fils d’Elijah Armstrong et de Sarah Brown ; le 30 décembre 1891, il épousa à West Chester, Pennsylvanie, Margaret James Phipps (décédée le 7 novembre 1936), et ils eurent trois filles, dont l’une mourut en bas âge et une autre au début de l’âge adulte, et un fils ; décédé le 31 janvier 1931 à Petrolia, Ontario, et inhumé trois jours plus tard non loin de là, à Sarnia.
Joseph Emanuel Armstrong fréquenta des écoles publiques de West York avant de poursuivre ses études au Business College de Toronto. Il reçut un diplôme de la National School of Elocution and Oratory de Philadelphie, où il rencontra sa future femme. En 1888 ou en 1889, il se rendit avec son père à Petrolia ; tout en s’adonnant à l’agriculture, les Armstrong acquirent des connaissances pratiques sur le forage pétrolier. Ils prirent cette initiative à une époque où le boum pétrolier local commençait à faiblir. Même si les neuf dixièmes de la production canadienne de pétrole brut se concentraient à Petrolia, les foreurs et les raffineurs n’arrivaient pas à concurrencer, sur le marché intérieur, des sociétés rivales des États-Unis. Néanmoins, l’activité était encore rentable et Joseph Emanuel Armstrong accumula un grand nombre de propriétés pétrolifères. Il était l’un des plus importants producteurs de la région et exploiterait 76 puits dès le milieu des années 1920. Selon son fils, James Shelley Phipps, il se livra aussi à l’exploitation de champs pétrolifères au Mexique et en Amérique du Sud, et fut l’un des premiers à croire aux possibilités des sables bitumineux de l’Alberta, où il obtint de vastes concessions au fort McMurray (Fort McMurray) et rechercha des méthodes économiques pour extraire le pétrole.
Durant les années 1890, une solide classe moyenne réussit à transformer Petrolia, bidonville rudimentaire, en une collectivité respectable de l’ère victorienne. Méthodiste converti au presbytérianisme, Armstrong incarnait les idéaux bourgeois : il occupa un siège au conseil municipal pendant trois ans, devint membre de la chambre de commerce de Petrolia et adhéra à plusieurs fraternités, dont la franc-maçonnerie, l’ordre d’Orange, les Knights of Pythias et les Oddfellows, ce qui lui permettait d’entretenir des rapports sociaux, et de nouer d’importantes relations commerciales et politiques.
À l’été de 1898, après qu’un conglomérat américain, la Standard Oil Company, eut mis la main sur l’Imperial Oil Company Limited [V. Jacob Lewis Englehart*], la disparition de l’industrie pétrolière locale était pratiquement assurée. À cette époque, la croissance du marché canadien de la consommation de produits pétroliers avait largement dépassé la capacité de production de brut à Petrolia. En 1901, les citoyens fondèrent une autre société, la Canadian Oil Refining Company Limited, et commencèrent à diversifier leurs activités manufacturières en passant à la production agricole, processus dans lequel Armstrong s’engagea financièrement et qu’il défendit devant le Parlement. En 1902, Armstrong et un autre entrepreneur de la ville, William English, fondèrent la Lambton Creamery Company Limited, qui serait constituée juridiquement en 1905 ; Armstrong en assumerait la présidence pendant de nombreuses années. La production de beurre de l’entreprise, destinée au marché anglais, atteignit rapidement près d’une tonne par jour ; en 1909, la société acheta la Glencoe Creamery pour en faire une succursale. Armstrong aida aussi à fonder la Petrolia Wagon Works, en 1902. Cependant, la malchance poursuivit cette entreprise : elle serait absorbée, en 1920, par une autre dominée par Henry Cockshutt* et ferait faillite deux ans plus tard. En 1910, avec Ernest D’Israeli Smith*, fabricant de confitures bien en vue de Winona, qui était aussi le mari de sa sœur Christina Ann, Armstrong prit part à la création d’une conserverie, la Lambton Packing Company Limited, à Petrolia. L’usine fut installée dans les anciens locaux de la Petrolia Packing Company Limited. Armstrong en assurait la direction générale. Elle commença sa production en 1911 et offrit aux fermiers de la région un débouché pour vendre leurs pois, fèves et autres produits de culture marchande. L’usine demeura en activité jusqu’en 1915, année où l’on ferma ses portes temporairement en raison de la guerre. Rouverte en 1918, elle fut de nouveau mise à l’arrêt durant quelques années avant d’être vendue à la Canadian Canners Limited en 1923.
Armstrong avait fait ses débuts en politique en 1896, en se présentant dans la circonscription fédérale de Lambton East sous la bannière de la Protestant Protective Association [V. D’Alton McCarthy*], mais il avait été battu de justesse par le candidat libéral. À l’élection partielle qui se tint en 1904, on le choisit pour représenter les conservateurs. Il l’emporta sur son rival libéral, Charles Jenkins, lui aussi producteur pétrolier, par une majorité de 586 voix, retentissante pour l’époque. Armstrong siégea sans interruption à la Chambre des communes jusqu’en 1921, année où il perdit au profit de Burt Wendell Fansher, fermier progressiste du canton d’Euphemia. Il reprit son siège aux élections de 1925 et fut défait par Fansher l’année suivante.
En Chambre, Armstrong s’intéressa particulièrement aux transports et aux communications. Par exemple, partisan de la mise en place d’installations frigorifiques, il blâma, en 1907, le gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier* de ne pas agir avec assez de vigueur relativement à ce sujet. Surtout, ce fut en grande partie lui qui convainquit le gouvernement de Laurier de faire l’essai de la livraison gratuite du courrier dans les régions rurales ; Armstrong avait soulevé une question en ce sens quelques mois après son entrée au Parlement en 1904. À ses propres frais, il étudia les rouages du système instauré aux États-Unis ; aux Communes, il insistait sur ce point dès que l’occasion se présentait. À l’extérieur de la Chambre, ses efforts furent étayés, à partir de la fin de 1905, par une campagne épistolaire du fermier ontarien George Wilcox. Même si le maître général des Postes, Rodolphe Lemieux, rejeta catégoriquement cette idée durant les débats en avril 1908, six mois plus tard, à l’approche des élections, le gouvernement créa un service limité entre Hamilton et Ancaster, et annonça son intention d’ajouter d’autres itinéraires de livraison. Le programme fut élargi par le gouvernement conservateur de Robert Laird Borden à compter de 1911 ; la fermeture de milliers de petits bureaux de poste transforma la communication rurale.
Armstrong défendit également l’acquisition et l’exploitation, par le gouvernement, de lignes téléphoniques et télégraphiques. En 1919–1920, il soutiendrait sans succès que, en vue d’obtenir une diminution du fret, la mainmise de l’État devait s’étendre aussi au trafic maritime dans les eaux intérieures et côtières. Il s’appliqua de la même manière à la question de l’approvisionnement du centre du Canada en charbon de l’Ouest ; l’Advertiser-Topic de Petrolia ferait plus tard observer que, « sur ce sujet, il recueillit une immense quantité de documents pratiques qu’il présenta devant le Parlement ». En 1914, Armstrong fut nommé coprésident du comité spécial de la Chambre des communes institué pour siéger avec un comité semblable du Sénat aux fins de refondre la Loi des chemins de fer. Au fil des ans, il participa à un certain nombre de comités parlementaires, dont le comité permanent sur les chemins de fer, canaux et lignes télégraphiques, et celui sur l’agriculture et la colonisation. Trois ans plus tard, il compta parmi les personnes choisies par le gouvernement unioniste de Borden pour inspecter le Corps expéditionnaire canadien en Angleterre et en France.
Même s’il se préoccupait des problèmes d’ordre national, Joseph Emanuel Armstrong n’oubliait jamais les intérêts de ses électeurs et, au Parlement, il se montrait infatigable dans son désir de voir adopter des lois conçues pour promouvoir l’agriculture locale et l’industrie pétrolière. Selon une notice nécrologique, « Lambton East n’eut jamais de député plus fidèle, plus minutieux ni plus consciencieux ». Actif au sein de la Crude Oil Producers’ Association après sa fondation en 1924, Armstrong assuma, à une certaine époque, la présidence de cette organisation. Au début de 1931, il se préparait à diriger une délégation qui allait se présenter devant le premier ministre Richard Bedford Bennett* et des fonctionnaires afin de discuter du rétablissement de la prime sur le pétrole brut éliminée en 1925. Il mourut avant d’entreprendre le voyage, succombant à une hémorragie cérébrale causée par une chute sur un chemin verglacé. Il avait connu des problèmes financiers durant la grande dépression et, de ce fait, sa succession fut relativement modeste. Sa femme lui survécut cinq ans. Issue d’ancêtres quakers, elle était, tout comme son mari, un pilier de l’église presbytérienne St Andrew de Petrolia, s’intéressait à la politique de façon éclairée et participait aux activités de diverses œuvres de bienfaisance. Le fils du couple, James Shelly Phipps, occuperait pendant de nombreuses années le poste d’agent général de l’Ontario au Royaume-Uni.
Nous remercions Joe C. W. Armstrong, petit-fils du sujet, et sa femme Kathleen, de nous avoir fourni de l’information sur leur famille, ainsi que des articles de journaux et d’autres documents relatifs à la carrière de Joseph Emanuel Armstrong.
AO, RG 80-8-0-1278, no 20200.— Chester County Arch. & Record Services, « Marriage records, 1885–1930 », West Chester, Pa : www.chesco.org/index.aspx?NID=1174 (consulté le 21 sept. 2015).— Advertiser-Topic (Petrolia, Ontario), 5, 12 févr. 1931.— London Free Press (London, Ontario), 2 févr. 1931.— Sarnia Canadian Observer (Sarnia, Ontario), 2 févr. 1931.— Christina Burr, Canada’s Victorian oil town : the transformation of Petrolia from a resource town into a Victorian community (Montréal et Kingston, Ontario, 2006).— Canada, Chambre des communes, Débats, 11 févr. 1926 : 926–931.— Canadian annual rev., 1904–1921, 1925–1926.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Victor Lauriston, Lambton’s hundred years, 1849–1949 (Sarnia, [1949]).— Edward Phelps, Petrolia, 1874–1974 (Petrolia, 1974).— Who’s who in Canada, 1922.
Christina Burr, « ARMSTRONG, JOSEPH EMANUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/armstrong_joseph_emanuel_16F.html.
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Auteur de l'article: | Christina Burr |
Titre de l'article: | ARMSTRONG, JOSEPH EMANUEL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2017 |
Année de la révision: | 2017 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |