ARMOUR, EDWARD DOUGLAS, avocat, éducateur, journaliste et poète, né le 26 mai 1851 à Port Hope, Haut-Canada, fils de Robert Armour et de Marianne Burton ; le 30 mars 1880, il épousa à Belleville, Ontario, Alma Sarah Wossell Ponton (décédée en 1921), et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 3 octobre 1922 à Toronto et inhumé dans cette ville au cimetière Prospect.

Les grands-parents paternels d’Edward Douglas Armour étaient Écossais. En 1825, ils immigrèrent avec les colons de Robinson [V. Peter Robinson*] à Peterborough, dans le Haut-Canada, où le révérend Samuel Armour fonda la première paroisse anglicane. Ensuite, la famille opta pour la profession juridique. Le père d’Edward Douglas, Robert, était barrister ; il milita pour le Parti conservateur à Bowmanville et à Port Hope. Son oncle John Douglas Armour fut juge en chef de l’Ontario et accéda à la Cour suprême du Canada peu avant de mourir en 1903. Des fils et petits-fils de Robert et de John Douglas Armour exerceraient aussi le droit en Ontario.

Diplômé de la Trinity College School de Port Hope en 1869, Edward Douglas Armour s’inscrivit au Trinity College de la University of Toronto, mais il le quitta bientôt pour se consacrer à l’étude du droit. Il fut reçu au barreau et admis en qualité de solicitor en 1876. Il exerça à Toronto avec un spécialiste du droit immobilier, Alexander Leith, et finit par lui succéder à titre de sommité locale dans ce domaine. Pendant la plus grande partie de sa carrière, il dirigea son propre cabinet ; Henry Walter Mickle, entre autres, fut son associé. Selon D’Alton Lally McCarthy*, qui serait par la suite un éminent conseiller juridique de Toronto, Armour était un plaideur très respecté en matière de droit immobilier et il avait « l’esprit alerte mais le verbe peut-être un peu caustique ».

Le droit, au xixe siècle, reposait sur l’autodidactisme des avocats, et Armour devint un membre prolifique de la confrérie des auteurs du barreau ontarien. Il écrivit plusieurs ouvrages, notamment A treatise on the investigation of titles to real estate in Ontario [...] (appelé familièrement « Armour on titles »), qui connut quatre éditions entre 1887 et 1925. Avec l’appui de la maison torontoise d’édition juridique Carswell and Company, Armour avait lancé en 1881 le Canadian Law Times. Cette revue offrait de la jurisprudence en matière judiciaire, des articles théoriques, des nouvelles de la profession et des commentaires. Armour contribua à presque tous les numéros en publiant des nouvelles et des éditoriaux. En général, il fixait des critères inaccessibles et considérait les innovations d’un œil sceptique. Sa charge de travail l’obligea à passer le flambeau à d’autres rédacteurs en 1900. Le Canadian Law Times fusionnerait en 1923 avec le périodique de l’Association du barreau canadien, la Revue du barreau canadien.

Dans ses éditoriaux, Armour avait préconisé la fondation en Ontario d’une école de droit centralisée qui serait dirigée par la Law Society of Upper Canada. En 1889, la société ouvrit une école de ce genre à l’Osgoode Hall de Toronto [V. William Albert Reeve*]. Armour en fut l’un des premiers maîtres de conférences. Jusqu’en 1910, il enseigna le droit immobilier et le droit constitutionnel tout en continuant de faire de la pratique privée et de la rédaction juridique. Nommé conseiller de la reine en 1890, il recevrait un doctorat honorifique en droit du Trinity College en 1902.

En 1889–1890, Armour poursuivit de ses foudres le ministre de la Justice, sir John Sparrow David Thompson*, qui décida de refuser de reconnaître l’Acte relatif au règlement de la question des biens des jésuites [V. Honoré Mercier*]. Ce projet de loi, fit valoir Armour dans le Law Times, minait la souveraineté de la couronne puisqu’elle autorisait le pape à arbitrer le règlement d’un litige entre catholiques de la province de Québec. Aux élections ontariennes de 1890, Armour se présenta dans Toronto à titre de conservateur indépendant, mais il subit la défaite. Il s’était porté candidat pour soutenir l’Equal Rights Association, dont l’objectif était de contrer l’influence des catholiques au Canada [V. William Caven* ; D’Alton McCarthy*].

Dans les conférences sur le droit constitutionnel qu’il donnait à l’Osgoode Hall, Armour enseignait aux étudiants que l’Acte de l’Amérique du Nord britannique établissait l’autorité du gouvernement central sur les provinces. Il s’opposait à l’ingérence du législateur dans les ententes de gré à gré (sacrées selon lui). Pour lui, l’anglais était la « langue de la race » canadienne. L’entrée des femmes dans la profession d’avocat lui inspirait des sarcasmes.

Peu après s’être retiré de son poste de maître de conférences (mais non de sa pratique) en 1910, Armour fut élu au conseil de la Law Society. (Son oncle John Douglas Armour et son cousin Eric Norman Armour, avocat torontois et procureur de la couronne, appartinrent à ce conseil à d’autres moments.) De 1915 à 1922, à titre de président du comité de formation juridique de la société, il fut, en fait, l’employeur de ses anciens collègues de l’école de droit. Il supervisa la suspension des exigences scolaires imposées aux étudiants en droit qui s’enrôlèrent pendant la Première Guerre mondiale et participa à la mise en place de cours d’été pour hâter le retour à la pratique des soldats rentrés au pays.

Dans sa vieillesse, Armour publia à Toronto deux recueils de poèmes. À la fois éloge et satire de son milieu professionnel, Law lyrics, paru en 1918, reformule ingénieusement de longs documents juridiques en couplets rimés. Echoes from Horace in English verse, lancé en 1922, rassemble des vers inspirés par le poète classique. Ce livre, dont des extraits avaient paru dans un nouveau périodique torontois, le Canadian Forum, suggère plus d’habileté que de réels talents poétiques (« Achille l’arrogant / Sans doute pensait-il. ») En 1921, Armour figura parmi les membres fondateurs de la Canadian Authors Association.

Edward Douglas Armour avait épousé en 1880 Alma Sarah Wossell Ponton, qui était issue d’une famille d’avocats de Belleville. Leur fils Archibald Douglas s’associa au cabinet Armour and Mickle et prépara l’édition posthume d’« Armour on titles », qui parut en 1925. Edward Douglas Armour était un fervent anglican, mais les lois rigides sur l’observance du dimanche et d’autres excès de dévotion le laissaient sceptique. Il fut délégué à plusieurs synodes de l’Église d’Angleterre au Canada. Dans l’hommage qu’elle lui rendit au moment de sa mort, en 1922, la Law Society souligna qu’il avait une volonté forte et qu’il était un gentleman chrétien.

Christopher Moore

Les diverses éditions d’« Armour on titles » ont été publiées à Toronto en 1887, 1894, 1903 et 1925. Edward Douglas Armour a aussi écrit : A treatise on the law of real property, founded on Leith & Smith’s edition of Blackstone’s commentaries on « The rights of things » (Toronto, 1901 ; 2e éd., 1916) ; Essays on the devolution of land upon the personal representative and statutory powers relating thereto : with an appendix of statutes (Toronto, 1903) ; et « Notes on Canadian statutes », dans la 7e édition de H. S. Theobald, A concise treatise on the law of wills (Londres, 1908). Armour a aussi fait paraître Reports of cases argued and determined in the Court of Queen’s Bench in Manitoba both at law and in equity, and some cases determined in the county courts during the time of Chief Justice Wood, from 1875 to 1883 : being principally judgments of the chief justice (Toronto et Édimbourg, 1884).

AO, RG 80-5-0-89, nº 4084 ; RG 80-8-0-858, nº 5606.— Arch. du Barreau du Haut-Canada (Toronto), 1-1 (Convocation, minutes), 1911–1922, particulièrement 23 nov. 1922 ; M259 (W. G. C. Howland fonds), D. L. McCarthy, draft autobiography ; Curtis Cole, « A history of Osgoode Hall Law School, 1889–1989 » ; Ontario bar biog. research project database.— Trinity College Arch. (Toronto), Student records, 1869–1870.— Globe, 4 oct. 1922.— Toronto Daily Star, 4 oct. 1922.— Annuaire, Toronto, 1906–1928.— The Canadian law list (Toronto), 1876–1922.— Canadian Law Times (Toronto), 4 (1884) : 232 ; 8 (1888) : 69, 276 ; 9 (1889) : 231 ; 12 (1892) : 111.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— J. R. Miller, Equal rights : the Jesuits’ Estates Act controversy (Montréal, 1979).

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Christopher Moore, « ARMOUR, EDWARD DOUGLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/armour_edward_douglas_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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