McKAY, ALEXANDER, éducateur, né le 16 juillet 1841 à Earltown, Nouvelle-Écosse, fils de Thomas McKay et d’une prénommée Mary ; le 3 novembre 1871, il épousa à Sandy Cove, comté de Digby, Nouvelle-Écosse, Caroline Gidney, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 8 avril 1917 à Dartmouth, Nouvelle-Écosse.

Alexander McKay commença sa carrière d’enseignant en 1856 dans le comté de Pictou. Diplômé de l’école normale provinciale de Truro en 1859, il enseigna ensuite dans les comtés de Digby, Colchester et Kings, puis s’installa à Dartmouth en 1872 à titre de directeur d’écoles. En 1880, la Halifax High School le prit comme professeur de mathématiques et de physique. Il démissionna en 1883 pour assumer la fonction de superviseur des écoles de la ville de Halifax.

Grand lecteur d’ouvrages américains, britanniques et allemands sur la théorie et la pratique pédagogiques, McKay connaissait à fond les concepts de l’« éducation nouvelle », qui visait à développer l’intelligence de l’enfant tout en le préparant à entrer dans la société industrielle. Bon nombre de ses idées résultaient d’une observation des écoles et des établissements de formation des enseignants du Canada et des États-Unis. Les questions suivantes, entre autres, le préoccuperaient toujours : le chauffage et la ventilation des écoles, l’importance des écoles secondaires dans le réseau public, la formation manuelle et les arts ménagers, le mouvement des jardins d’enfants et la nécessité de la formation professionnelle des enseignants.

En premier lieu, McKay veilla à remplacer la pédagogie classique de son prédécesseur, Benjamin Curren, par un programme progressiste qui permettrait aux élèves d’acquérir les aptitudes pratiques et techniques nécessaires en cette fin de l’époque victorienne. Dès 1890, on donnait des cours de théorie musicale et de callisthénie dans ses écoles, et l’on y faisait de l’exercice physique. L’année suivante, Halifax devint la première ville canadienne à offrir, au secondaire, un programme complet de formation manuelle. En 1903, on y construisit un établissement spécialisé, la Cunard Street Manual Training School, « la meilleure [école] du dominion exclusivement consacrée à cette science ». Halifax dépendait beaucoup du commerce et McKay reconnaissait l’importance de préparer les élèves à y occuper des emplois convenables ; il créa donc également, en 1903, une classe commerciale pour les élèves du secondaire.

Dès 1887, on put voir que McKay savait coopérer avec des groupements d’intérêts pour améliorer le système scolaire. Cette année-là, il devint secrétaire et membre du conseil d’administration de la nouvelle Victoria School of Art and Design ; il resterait associé à cette école toute sa vie. De concert avec Anna Harriette Leonowens [Edwards] et d’autres membres du conseil, il se servit de sa position pour promouvoir la formation artistique des enseignants, l’enseignement du dessin industriel aux élèves et le développement du goût artistique dans toutes les écoles de la ville.

Dans les années 1890, McKay s’allia avec des féministes de Halifax, d’abord pour améliorer le programme scolaire, puis pour promouvoir divers programmes sociaux dans le réseau des écoles publiques. En 1897, le Local Council of Women accepta d’aider le conseil scolaire à financer une école culinaire pour filles, innovation que le superviseur McKay prônait depuis la fin des années 1880. Le projet, conçu en très grande partie par Edith Jessie Archibald*, se heurta immédiatement à des difficultés au Local Council of Women. Alors, McKay persuada les commissaires d’écoles de l’intégrer au programme d’études secondaires. En 1899, il rapporta avec un petit air de triomphe : « les demandes d’admission [...] sont nombreuses au point d’être parfois embarrassantes. Même les mères et les sœurs des élèves sont [...] désireuses d’assister [aux cours]. »

En 1906, McKay salua l’instauration d’un programme de jardinage en milieu scolaire et l’ouverture du premier terrain de jeu surveillé de la ville. Dans le cadre de ces deux initiatives, lancées par le Local Council of Women et dirigées principalement par Mary Walcott Ritchie et Margaret Marshall Saunders*, des terrains appartenant au conseil scolaire étaient mis à la disposition des enfants défavorisés pendant l’été. En 1914, McKay pesa de tout son poids pour que, conformément aux demandes du Local Council of Women, les femmes soient représentées au Halifax Board of School Commissioners.

McKay remporta une autre victoire en 1907 en réussissant à doter les écoles de la ville d’un service d’examens médicaux et dentaires ; c’était le premier programme du genre dans les Maritimes. Une infirmière scolaire serait nommée en 1914. En raison de son intérêt pour la formation manuelle et industrielle et de sa foi en l’éducation permanente, McKay collabora à compter de 1907 avec Frederic Henry Sexton aux activités de la Halifax Evening Technical School, qui était parrainée par le conseil scolaire et le nouveau département de l’Instruction technique.

Comme bon nombre des administrateurs scolaires de l’époque, McKay était paternaliste envers le personnel enseignant. Son attitude s’expliquait par l’ambiguïté de sa situation : éducateur progressiste, il était entravé par un conseil scolaire qui avait rarement assez de fonds pour les salaires et qui, en plus, préférait employer des talents locaux, principalement des femmes sans formation. En 1886, très conscient de la nécessité de promouvoir un sentiment d’identité professionnelle parmi son personnel, McKay avait créé une bibliothèque et commencé à tenir régulièrement des assemblées d’enseignants. En 1895, il contribua à établir à l’échelle provinciale le Teachers’ Protective Union. À compter de 1896, il réclama souvent des pensions de retraite ; les enseignants de Halifax y eurent finalement droit à partir de 1906.

En outre, McKay se dépensa pour que les enseignants de la province puissent suivre des cours. Il soutint avec enthousiasme la Summer School of Science, établissement fondé en 1887 qui offrait aux enseignants la possibilité de se perfectionner chaque année en sciences naturelles. Ce fut en grande partie grâce à lui si, en 1895, un établissement de formation des Sisters of Charity, la Mount Saint Vincent Academy, reçut son accréditation d’école normale. McKay entretenait avec la congrégation des relations si cordiales que les religieuses le considéraient comme « l’un de leurs meilleurs amis » à Halifax. De 1893 à 1909, dans des conférences à la Dalhousie University, McKay mit au point un cours de pédagogie qui, par l’accent qu’il mettait sur l’enseignement pratique et l’administration scolaire, offrait une solution de rechange à l’école normale de la province. Son statut dans le milieu universitaire n’était pas clair : en 1910, à la célébration de ses 50 années de carrière dans l’enseignement, ce fut l’Acadia University, non Dalhousie, qui lui décerna une maîtrise ès arts à titre honorifique.

Le superviseur McKay ne connut pas uniquement des succès. En 1886, il tenta d’implanter le régime à mi-temps dans les écoles de Halifax ; ce fut un fiasco. Il réussit à lancer une classe de jardin d’enfants en 1891, mais le conseil scolaire accepta seulement en 1915 de financer un programme élargi. Ses incitations répétées à améliorer l’instruction sur l’hygiène et la tempérance ne donnèrent pas de résultats concluants, non plus que ses efforts pour améliorer les manuels et moderniser un programme qui se réduisait depuis longtemps aux classiques, à la lecture, à l’écriture et à l’arithmétique. Il dut insister inlassablement pour faire respecter la fréquentation scolaire obligatoire, et l’on réagit par un silence poli lorsqu’il préconisa d’ouvrir une « école parentale » en région rurale pour les enfants qui faisaient l’école buissonnière. En 1914, il proposa de créer des établissements spécialisés pour les jeunes immigrants et les handicapés mentaux, mais en 1916, suivant les traces de Curren, il manifesta une attitude rétrograde en réclamant une nouvelle école réservée exclusivement aux Noirs de Halifax.

On a dit de McKay que « son seul objectif [...] sembl[ait] être d’améliorer le réseau des écoles publiques ». Aussi est-il à peu près impossible de distinguer ses intérêts personnels et ses intérêts professionnels. Membre du Nova Scotian Institute of Natural Science à compter de 1872, il en fut secrétaire et président. À la fin des années 1870, il enseigna les mathématiques au Technological Institute, qui faisait partie de l’éphémère University of Halifax. Il appartint au conseil d’administration du Halifax Ladies’ College à partir de la création de cet établissement en 1887 jusqu’à sa mort. Collaborateur régulier de l’Educational Review de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, il fut un membre influent de la Provincial Educational Association of Nova Scotia et de la Dominion Educational Association. Il appartint à la Temperance Alliance et fut nommé en 1902 à la commission acadienne chargée d’étudier les meilleurs moyens d’enseigner l’anglais dans les districts francophones de la province.

De par son insistance sur l’aspect pratique de la formation, son engagement social, son sens inné de la diplomatie et, surtout, son solide enthousiasme, Alexander McKay fut un éducateur et un administrateur hors pair. Dans la période où il exerça son activité, les cercles éducatifs bouillonnaient d’idées. Le réseau provincial dans lequel il œuvra avait des mailles si serrées que, aujourd’hui, il est difficile de discerner de qui venaient ces idées et qui les réalisait. On n’a pas encore dressé de véritable bilan de son apport modeste mais marquant à l’« éducation nouvelle ». Vivant dans l’ombre du surintendant provincial de l’Éducation Alexander Howard MacKay*, collègue et ami proche avec lequel on le confond aisément, empêché d’accéder aux hautes sphères de la bureaucratie parce qu’il n’avait pas de titres universitaires, il s’employa néanmoins, avec discrétion, diligence et efficacité, à faire des écoles de Halifax le reflet de ce que le Canada pouvait offrir de mieux à la fin du xixe siècle.

Lois K. Yorke

On ne connaît l’existence d’aucun papier d’Alexander McKay. La seule étude publiée sur ses 34 années à titre de superviseur des écoles de la ville de Halifax est l’article de B. A. Wood, « Turn the schoolroom into a workshop » : Nova Scotia’s new education initiatives in the language arts, 1888–1910 », Journal of Education (Halifax), 6e sér., 6 (1978–1980), n° 4 : 17–22. Cet article est important, mais il ne traite que d’un aspect des réalisations de McKay dans le domaine de l’éducation.

La principale source d’information qu’on peut tirer de documents publiés demeure, en ordre d’importance, les rapports de McKay à titre de superviseur ainsi que ceux qu’il a rédigés à titre de président, tous des documents qu’on trouve dans Halifax, Board of School Commissioners, Annual report, 1880–1917. [Mary Power, dite] sœur Maura, The Sisters of Charity, Halifax (Toronto, 1956), donne un bref aperçu des relations de McKay avec les enseignants catholiques locaux ; dans N.-É., Council of Public Instruction, Manual of the public instruction acts and regulations of the Council of Public Instruction of Nova Scotia (Halifax, 1911), on trouve le rapport final de la commission acadienne de 1902. Les documents intitulés Minutes of the annual convention et Report of the convention de la Provincial Educational Assoc. de la Nouvelle-Écosse (Halifax), 1886–1895, sont utiles pour évaluer les relations entre McKay et la profession enseignante naissante de la Nouvelle-Écosse. Les notices nécrologiques sur McKay, notamment celles qui ont paru dans le Journal of Education, 3e sér., 9 (1917–1919), n° 1 : 143s., et le Evening Mail de Halifax, 9 avril 1917, contiennent des détails biographiques intéressants.

Parmi les sources manuscrites, les plus utiles pour reconstituer les activités de McKay en dehors de son cadre professionnel, on peut noter les documents de la Victoria School of Art and Design, Halifax, en particulier les procès-verbaux des assemblées des administrateurs, 1887–1914 (PANS, MG 17, 44, nos 1–2) et ceux des assemblées annuelles, 1887–1917 (MG 17, 6, n° 2). Il y a aussi les procès-verbaux du Halifax Local Council of Women, 1894–1899 (PANS, MG 20, 535, nos 1–2).  [l. k. y.]

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Lois K. Yorke, « McKAY, ALEXANDER (1841-1917) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mckay_alexander_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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