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TROOP, JACOB VALENTINE, homme d’affaires, propriétaire de navires et homme politique, né le 28 juillet 1809 à Granville Ferry, Nouvelle-Écosse, deuxième fils de Valentine Troop et de Tamar Bath ; le 11 juillet 1838, il épousa Catherine Fellows, et ils eurent deux fils et trois filles ; décédé le 3 octobre 1881 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.
À la fin des années 1830, Jacob Valentine Troop, marchand d’Upper Granville, Nouvelle-Écosse, vint s’établir avec sa femme et son jeune fils à Saint-Jean où il ouvrit un « magasin général » dans le North Market Wharf. Installé dans un centre de transport maritime prospère, Troop ne tarda pas à constater qu’il pouvait réaliser de plus gros bénéfices en faisant l’acquisition d’un navire pour transporter du poisson et du bois aux Antilles et en rapporter du sucre et de la mélasse pour son magasin. En 1847, il acheta la moitié des actions dans le schooner Kate d’une capacité de 60 tonneaux. Il acquit, plus tard dans l’année, le premier de plusieurs petits navires construits pour la plupart par Abraham Young dans le canton de Granville et destinés au commerce avec les Antilles. En 1851, Troop s’occupait surtout de transport maritime, mais il avait également investi dans l’immobilier et était probablement engagé dans la construction navale. Les représentants de la R. G. Dun and Company (firme déterminant la cote de crédit des compagnies) observèrent en 1854 qu’il augmentait son chiffre d’affaires « prudemment et avec succès ».
De 1847 à 1879, Troop détint des actions dans au moins 61 navires. Il en possédait un grand nombre en association avec son fils aîné, Howard Douglas, qui entra en 1864 dans la firme, connue par la suite sous le nom de Troop and Son ; le fils cadet, Jacob V. semble s’être joint à la compagnie seulement après 1880. En 1864, Troop noua une longue et profitable association avec le constructeur de navires John Stewart Parker, de Tynemouth Creek, dans le comté de Saint-Jean, faisant construire le Bessie Parker de 669 tonneaux. À la fin des années 1860, le commerce avec les Antilles étant devenu moins rentable, l’entreprise se lança dans l’achat de plus gros navires pour le commerce transocéanique, et la flotte de Troop navigua bientôt aux quatre coins du monde. Au nombre des navires que Parker construisit pour la flotte de Troop au cours des décennies 1860 et 1870 figuraient le Jacob V. Troop de 1232 tonneaux, le Howard D. Troop de 1 544 tonneaux et le J. V. Troop de 1 295 tonneaux. Un autre gros constructeur de navires du Nouveau-Brunswick, David Lynch, construisit un grand nombre de navires pour la Troop and Son au cours des décennies 1870 et 1880, notamment des trois-mâts barques, tels le Cedar Croft de 1699 tonneaux et le Rock Terrace, le plus gros navire de Troop à être construit au Canada, d’une capacité de 1769 tonneaux. Troop et son fils firent aussi fonction de marchands-commissionnaires et de courtiers maritimes. En 1872, les représentants de la R. G. Dun signalèrent dans leur rapport que les profits de l’année précédente se chiffraient « à environ $100 000 ». Troop, faisaient-ils remarquer plus loin, « est un administrateur très compétent, et son fils est un homme travailleur et perspicace ». Des rapports ultérieurs indiquèrent que l’entreprise avait perdu plusieurs navires peu ou pas du tout assurés, mais ils faisaient état de profits substantiels pour la compagnie au cours des années 1870.
La participation de Troop à d’autres secteurs d’activité se limita en général à la poursuite de sa carrière associée à la promotion de ses intérêts commerciaux et financiers. De 1859 à 1871, il siégea aux comités de direction et d’arbitrage de la chambre de commerce locale et exerça les fonctions de maître de port en 1862. Craignant que l’union législative des colonies de l’Amérique du Nord britannique ne nuise à l’économie du Nouveau-Brunswick, il décida de s’engager sur la scène politique en 1865 afin de s’opposer à la confédération. Le 4 mars, Andrew Rainsford Wetmore* et lui furent élus députés de la ville de Saint-Jean, vainquant Samuel Leonard Tilley* et Charles Watters ; Wetmore siégea quelque temps dans le cabinet d’Albert James Smith. Lors de la campagne électorale de l’année suivante, Wetmore se joignit cependant à Tilley pour défendre le projet de confédération. Ils battirent Troop et Samuel Robert Thomson* ; le Nouveau-Brunswick entra dans la Confédération, et Troop abandonna la politique. Il se mêla dans une certaine mesure à la vie de la communauté financière de Saint-Jean. Membre du conseil d’administration de la Commercial Bank of New Brunswick en 1865, il possédait encore quelques actions dans cet établissement en 1868, année où la banque fit faillite. Il fut également l’un des premiers administrateurs de la Maritime Bank of the Dominion of Canada, fondée à Saint-Jean en 1872. Prévoyant peut-être les difficultés auxquelles la banque aurait à faire face (elle fit faillite en 1887), Troop ne fit partie de son conseil que jusqu’en 1875.
Troop tomba malade en 1873 mais il continua de s’occuper de ses affaires, y compris l’inspection de tous les navires avant de quitter le port. En 1881, des blessures subies lors d’une chute qu’il avait faite dans la cale d’un de ses navires hâtèrent sa mort qui survint quelques semaines plus tard, à l’automne de cette année-là. Il laissait des biens estimés à $110 000.
On évalue entre 84 et 96 le nombre de navires qu’avait possédés en totalité ou en partie la Troop and Son à partir de 1847, mais ces estimations seraient, semble-t-il, incomplètes. La Troop and Son agit également à titre de représentant de plusieurs compagnies de transport maritime, dont la Cunard Line, la White Star Line et la Beaver Line. Howard Douglas Troop continua d’accroître la flotte de la compagnie après la mort de son père, ajoutant plus tard des navires en fer et en acier construits en Angleterre et en Écosse. Il fit de plus l’acquisition de deux navires à vapeur construits également en Grande-Bretagne. La firme commença cependant à subir de lourdes pertes et, lorsque Howard Douglas mourut en 1912, le seul navire battant pavillon de la Troop, le fameux « T » rouge dans un losange blanc sur fond bleu, était le Howard D. Troop, quatre-mâts barque en acier d’une capacité de 2180 tonneaux. On le vendit cette année-là, et ainsi prit fin l’ère de la flotte de Troop.
Les premiers papiers d’affaires de la Troop and Son, Saint-Jean, N.-B., ont été détruits lors de l’incendie de 1877, et aucun document antérieur à cette période n’a pu être retrouvé. [v. s.]
APC, RG 42, sér.I, 143–146 (mfm au musée du N.-B.).— APNB, RG 7, RS71, J. V. Troop, 1881.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 9 : 70, 557k.— Maritime Hist. Group Arch., Troop name file.— Musée du N.-B., G. H. Markham, « Digby biographical notes », 163 ; Millidge family papers ; Parker family, account-books, 1823–1886 ; Troop family file ; W. W. White coll.— UNBL, [Raymond Foster], « History of the shipbuilding industry in New Brunswick » (copie dactylographiée, 1933).— Daily Sun, 3 oct. 1881.— Saint John Globe, 3 oct. 1881.— Pedigree of Troop (Troup), Canada, J. D. E. Troop, compil. ([Sutton West, Ontario], 1974).— The Troop fleet in the days of sail : exhibition arranged by the Department of Canadian History, the New Brunswick Museum, 1960 ([Saint-Jean, 1960]).— Esther Clark Wright, Saint John ships and their builders (Wolfville, N.-É., [1975]).— S. T. Spicer, Masters of sail : the era of square-rigged vessels in the Maritime provinces (Toronto, 1968).— F. W. Wallace, In the wake of the wind-ships : notes, records and biographies pertaining to the square-rigged merchant marine of British North America (Toronto, 1927) ; Wooden ships and iron men : the story of the square-rigged merchant marine of British North America, the ships, their builders and owners, and the men who sailed them (Boston, 1937 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973).— G. B. Kaye, « Saint John heritage : the Troop house ; days of sail », Evening Times-Globe (Saint-Jean), 10 nov. 1973.— J. R. H. Wilbur, « The stormy history of the Maritime Bank (1872) to 1886 », N. B. Hist. Soc., Coll. (Saint-Jean), no 19 (1966) : 69–76.
Valerie Simpson, « TROOP, JACOB VALENTINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/troop_jacob_valentine_11F.html.
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Auteur de l'article: | Valerie Simpson |
Titre de l'article: | TROOP, JACOB VALENTINE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |