COURSOL, CHARLES-JOSEPH (baptisé Michel-Joseph-Charles), avocat, fonctionnaire, homme politique et homme d’affaires, né le 3 octobre 1819 au fort Malden, Amherstburg, Haut-Canada, enfant unique de Michel Coursol et de Mélanie Quesnel ; le 16 janvier 1849, à Montréal, il épousa Émilie-Hélène-Henriette, fille d’Étienne-Paschal Taché*, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 4 août 1888 à Montmagny, Québec.

Le père de Charles-Joseph Coursol, qui mourut un an après la naissance de son fils, était fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company au fort Malden. Adopté par son oncle, Frédéric-Auguste Quesnel*, Charles-Joseph fut élevé dans l’aisance à Montréal. Il devait partager avec son cousin la jolie fortune laissée par Quesnel à sa mort en 1866. De 1828 à 1834, Coursol fréquenta le petit séminaire de Montréal et il étudia ensuite le droit avec Côme-Séraphin Cherrier, membre éminent de la famille Viger-Papineau, qui avait épousé sa mère en 1833.

Coursol ne participa apparemment pas aux troubles de 1837–1838, mais au moment où il fut admis au barreau, le 24 février 1841, la cause de la réforme, dont les défenseurs étaient regroupés au Bas-Canada autour de Louis-Hippolyte La Fontaine*, avait soulevé lé jeune homme « avec la violence d’une épidémie [d’ordre] moral », comme le rapporte un contemporain, John Fennings Taylor. Ses débuts dans la vie politique, comme chef d’une meute de 600 fiers-à-bras armés de matraques et appuyant le candidat réformiste James Leslie* à Montréal lors des élections de mars 1841, ou encore comme défenseur de la résidence de La Fontaine à Montréal en août 1849 contre une bande de tories enragés par le projet de loi pour le dédommagement des pertes subies pendant la rébellion, suggèrent qu’il était plutôt attiré par l’aspect de l’organisation ou le côté physique de la lutte en faveur d’un gouvernement responsable.

Activiste extraverti et passionné, apparenté à la fois par le sang et par les alliances aux familles notables de la province, Coursol acquit en outre une excellente réputation dans le domaine juridique. En retour, il mérita la faveur populaire locale et se fit élire conseiller municipal comme représentant du quartier Saint-Antoine de 1853 à 1855. Pour les mêmes raisons, Coursol put bénéficier du favoritisme, plus avantageux, exercé par le gouvernement de La Fontaine et de Robert Baldwin* et, plus tard, par celui de Taché et de sir Allan Napier NacNab*. Le 30 juin 1848, Coursol fut nommé coroner du district de Montréal en même temps que Joseph Jones et, en janvier 1856, il reçut le grade de capitaine dans la 2e compagnie de cavalerie de la milice de Montréal ; il fut nommé le 2 février 1856 au poste beaucoup plus important d’inspecteur et de surintendant de la police de Montréal : par ces fonctions, Coursol présidait la Cour des sessions trimestrielles et faisait fonction de juge de la Cour des sessions de la paix du district de Montréal.

Vers la fin de la guerre de Sécession, le juge Coursol aggrava sérieusement les relations déjà précaires existant entre les États-Unis et le Canada par une décision qui contribua en partie à l’abrogation du traité de réciprocité de 1854. Le 19 octobre 1864, un groupe d’une vingtaine de soldats confédérés, qui s’étaient rassemblés au Bas-Canada, lancèrent une attaque contre la ville frontalière de St Albans au Vermont, pillant et incendiant la localité. Chassés et poursuivis jusqu’au Canada, 14 d’entre eux furent arrêtés par les autorités canadiennes et emprisonnés à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu) sous six chefs d’accusation justifiant l’extradition. De Montréal, on envoya Coursol présider à titre de juge les interrogatoires préliminaires qui débutèrent dans la dernière semaine d’octobre. Peu après le début du procès, Coursol renvoya l’affaire devant un autre tribunal à Montréal. Le 13 décembre, après un procès prolongé, il acquitta les accusés, et la plupart d’entre eux s’enfuirent du pays. Ne tenant pas compte de la question du statut légal des « pillards » suivant le droit anglais et négligeant de soumettre cette affaire au procureur général du Bas-Canada, George-Étienne Cartier*, ou à un tribunal supérieur, Coursol, « ce misérable magistrat de police suffisant », comme le qualifia sir John Alexander Macdonald*, soutint qu’il n’était pas habilité à prononcer un jugement, puisque la loi canadienne de 1861 sur l’extradition n’avait pas été promulguée par le parlement britannique. Coursol faisait cependant erreur, la loi ayant été entérinée en Angleterre par un décret du conseil des ministres. Les gouvernements des deux pays en furent outragés, et Coursol fut suspendu de ses fonctions de magistrat de police le 26 janvier 1865. Le rapport du commissaire Frederick William Torrance, chargé d’enquêter sur les poursuites relatives au raid, conclut que Coursol, en tant que fonctionnaire de la couronne, était passible d’une accusation de « méfait » dans l’exercice de ses fonctions. Néanmoins, le 9 avril 1866, une fois dissipés les tensions et les mauvais souvenirs, Coursol fut réintégré dans ses fonctions sur les instances de Cartier qui, avec une grande habileté politique, invoquait que l’erreur avait été commise de bonne foi.

Tout au long des décennies 1860 et 1870, l’intérêt et la participation constante de Coursol à la vie culturelle, sociale et commerciale de Montréal contribuèrent à accroître sa popularité. Tout en siégeant au conseil d’administration de la Banque du peuple et du Crédit foncier du Bas-Canada, il trouva suffisamment de temps et d’enthousiasme lors de la crise entourant l’affaire du Trent en 1861 pour lever un régiment de milice, les Chasseurs canadiens. Il commanda l’unité, à titre de lieutenant-colonel, le long de la frontière canado-américaine tant que dura la menace d’invasion des Féniens en 1866. Trois ans plus tard, Coursol reçut deux nominations du gouvernement fédéral, celles de commissaire de police pour le dominion et de commissaire en vertu d’un acte du parlement datant de 1868 et relatif aux clauses d’extradition contenues dans le traité Webster-Ashburton de 1842. Il vit ses aspirations comblées dans le domaine municipal lors de son élection sans opposition au poste de maire de Montréal en 1871 puis à celui de président de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal quatre années consécutives, de 1872 à 1876. L’association organisa la plus importante manifestation jamais vue jusqu’à ce jour dans la ville, le 24 juin 1874, dans un effort pour encourager le rapatriement des Canadiens français installés aux États-Unis [V. Ferdinand Gagnon]. Coursol fit partie de la Commission du havre de Montréal de 1871 à 1873 et joua un rôle important dans l’organisation des zouaves pontificaux [V. Ignace Bourget]. Il reçut le titre de chevalier de l’ordre de Charles III d’Espagne en 1872 et celui de conseiller de la reine le 28 février de l’année suivante.

Chose peu étonnante, dans la seconde moitié des années 1870, époque où les conservateurs fédéraux s’unirent pour renverser le gouvernement libéral du premier ministre Alexander Mackenzie*, l’organisation tory à Montréal considéra Coursol favorablement, quoique peut-être comme un allié pas très sûr. « Il est terriblement ambitieux, écrivait Thomas White à Macdonald, et l’on doit jouer sur ce trait de caractère. » On conseilla à Macdonald de faire miroiter à Coursol de vagues promesses d’avancement politique. Quel que soit le stratagème qu’utilisa Macdonald, Coursol, se faisant le champion de la Politique nationale, fut élu dans la circonscription de Montréal-Est aux élections générales de 1878 avec une majorité de presque 1 400 voix. Aux élections de 1882, il remporta le siège sans opposition. La rébellion du Nord-Ouest en 1885 et, probablement, sa déception de se voir refuser un siège au sénat l’incitèrent toutefois, ainsi que plusieurs autres, à rompre les rangs du parti conservateur en mars 1886 pour appuyer une motion présentée par Auguste-Charles-Philippe-Robert Landry* et déplorant la position prise par le gouvernement concernant l’exécution de Louis Riel. Aux élections de 1887, Coursol, le « vieux conservateur » toujours partisan de la Politique nationale, accusa le parti conservateur d’avoir failli à son devoir et à ses traditions, et se présenta comme conservateur indépendant. Les membres du parti reconnurent l’impossibilité de faire opposition au populaire renégat et ne cherchèrent pas à dramatiser sa défection, alors que la presse libérale l’appuya comme partisan de l’opposition. Le 15 février 1887, il fut élu de nouveau sans opposition. Il mourut 18 mois plus tard, sans avoir beaucoup participé à la session parlementaire.

Lorne Ste. Croix

AC, Montréal, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 7 août 1888.— APC, MG 24, B 125 ; MG 26, A, 19, 203, 296, 434 ; MG 30, D1, 9 : 112–118.— J. A. Macdonald, Correspondence of Sir John Macdonald [...], Joseph Pope, édit. (Toronto, 1921), 19.— Canada Gazette, 1er juill. 1848, 19 janv., 2 févr. 1856, 4–5 déc. 1869.— Gazette, 28 janv. 1856, 5 sept. 1865, 17 févr. 1887, 6 août 1888.— La Minerve, 6 août 1886, 16 févr. 1887.— Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 15, 16 févr. 1887, 6 août 1888.— Canadian directory of parl. (J. K. Johnson), 139.— CPC, 1887 : 198.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), I : 665.— Notman et Taylor, Portraits of British Americans, II : 325–328.— Wallace, Macmillan dict., 157.— Creighton, Macdonald, old chieftain, 448s. ; Macdonald, young politician, 195 ; Road to confederation, 212.— Histoire de la corporation de la cité de Montréal depuis son origine jusqu’à nos jours [...], J.-C. Lamothe et al., édit. (Montréal, 1903), 210s., 291–293.— Monet, Last cannon shot, 75, 131, 241, 342.— P.-G. Roy, La famille Taché (Lévis, Québec, 1904), 41, 56s., 61s.— Rumilly, Hist. de Montréal, III.— L. B. Shippee, Canadian-American relations, 1849–1874 (New Haven, Conn., et Toronto, 1939).— Léon Trépanier, « Figures de maires », Cahiers des Dix, 22 (1957) : 163–192.

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Lorne Ste. Croix, « COURSOL, CHARLES-JOSEPH (baptisé Michel-Joseph-Charles) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/coursol_charles_joseph_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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