COLDWELL, GEORGE ROBSON, avocat et homme politique, né le 4 juillet 1858 dans le canton de Darlington, Haut-Canada, fils de William Edward Coldwell et de Mary Robson, tous deux originaires du Yorkshire, Angleterre ; il épousa Annie Anderson, de Brampton, Ontario ; décédé le 24 janvier 1924 à Brandon, Manitoba.

George Robson Coldwell fréquenta la grammar school à Clinton, en Ontario, puis la Trinity College School de Port Hope. De là, il entra au Trinity College de Toronto, où il obtint une licence ès arts en 1880. Ensuite, il étudia le droit à Seaforth, à Toronto et, après son installation au Manitoba en février 1882, à Winnipeg. Le barreau de cette province l’admit en novembre 1882.

Coldwell s’établit à Brandon au début de 1883 et commença à y pratiquer le droit. Thomas Mayne Daly*, reçu au barreau l’année suivante, se joignit à lui. Leur fructueuse collaboration dura jusqu’en 1892, année où Daly se fixa à Winnipeg. Par la suite, Coldwell aurait d’autres associés. En 1903, il recevrait le titre de conseiller du roi. Sa présence au conseil municipal de Brandon, de 1887 environ jusqu’en 1907, lui apporta notoriété et estime. À la suite du décès de Stanley William McInnis*, député de Brandon à l’Assemblée législative, le 4 novembre 1907, le premier ministre conservateur Rodmond Palen Roblin* invita Coldwell à exercer, dans son cabinet, les fonctions de secrétaire de la province et de commissaire municipal. Assermenté le 14 novembre, Coldwell fut élu sans opposition quatre jours plus tard au scrutin partiel tenu dans Brandon.

On se souvient de Coldwell parce qu’il fut ministre de l’Éducation du Manitoba ; nommé à ce poste le 5 mars 1908, il en était le premier titulaire (huit mois plus tard, il démissionna du secrétariat de la province). Aux élections générales du 11 juillet 1910, il n’eut aucune difficulté à conserver son siège. Au printemps de 1912, il parraina à l’Assemblée une série de changements au Public Schools Act de 1897. La petite histoire des « modifications de Coldwell » est à la fois instructive et sinueuse.

Depuis de nombreuses années, et surtout depuis la création de la Saskatchewan et de l’Alberta en 1905, le Manitoba réclamait l’extension de ses frontières vers le nord. En 1911, le moment semblait propice. Le Parti conservateur fédéral – auquel le gouvernement Roblin avait apporté un appui fidèle et important durant la première décennie du xxe siècle – paraissait avoir des chances réelles de gagner les élections générales. Le Parti conservateur du Manitoba et son organisation électorale se lancèrent à fond dans la campagne fédérale et, bien que la réciprocité ait été populaire dans les Prairies, Roblin fournit huit des dix sièges de sa province au chef conservateur Robert Laird Borden*, qui devint premier ministre du Canada le 10 octobre 1911. Borden s’était engagé, entre autres, à repousser les frontières du Manitoba jusqu’à la baie d’Hudson. Cependant, le territoire qui s’ajouterait à la province, à savoir une bonne portion du district du Keewatin, serait assujetti à la législation scolaire du Manitoba. C’était là que le bât blessait.

Les catholiques, principalement à Winnipeg et à Brandon, ne se réjouiraient sans doute pas de voir s’étendre l’application d’une loi en vertu de laquelle ils payaient des taxes pour des écoles publiques sans que les écoles paroissiales de leur confession reçoivent la moindre subvention de l’État. Dans une bonne partie du reste de la province, il y avait des concentrations de population homogène sur le plan religieux et linguistique, de sorte que le gouvernement Roblin se montrait accommodant. Ainsi, dans les localités francophones situées le long de la rivière Rouge en amont de Winnipeg, les écoles publiques étaient, dans les faits, catholiques. Toutefois, les arrangements de ce genre n’existaient pas dans les régions urbaines, où les catholiques étaient très minoritaires.

Le mécontentement des catholiques manitobains n’était pas le seul obstacle à l’agrandissement de la province. Un groupe de nationalistes conservateurs canadiens-français allié au gouvernement Borden et dirigé par un député de l’arrière-ban, Paul-Émile Lamarche, s’opposait avec fermeté au projet de loi fédéral sur l’extension des frontières parce que celui-ci ne contenait aucune garantie à propos de l’enseignement catholique dans le district à annexer. Le ministre fédéral de l’Intérieur, Robert Rogers*, grand ami de Roblin, eut beau affirmer que le premier ministre du Manitoba traiterait équitablement les catholiques du district, Lamarche et six de ses collègues votèrent contre le projet de loi, qui fut adopté le 12 mars. D’autres nationalistes conservateurs, dont Frederick Debartzch Monk*, demeurèrent loyaux au gouvernement Borden. La cohésion des conservateurs fédéraux en souffrit beaucoup. Les modifications de Coldwell, on l’espérait, aideraient à colmater la brèche.

À la mi-mars, l’archevêque de Saint-Boniface, Adélard Langevin*, se fit demander par un ami conservateur d’entamer des négociations avec Rogers et le gouvernement Roblin sur des changements visant le Public Schools Act. Langevin accepta. Il crut avoir obtenu des bonifications importantes. Or, les dispositions présentées à l’Assemblée du Manitoba par Coldwell le 1er avril étaient interprétatives et ne touchaient pas aux questions de fond. En vertu du compromis Laurier-Greenway conclu en 1896 [V. Thomas Greenway*], les écoles rurales comptant 25 élèves catholiques ou les écoles urbaines en comptant 40 avaient droit à un instituteur catholique diplômé si les parents en faisaient la demande. Cette règle s’appliquait aussi aux protestants dans les régions à forte concentration catholique. Les modifications de Coldwell proposaient de toujours interpréter le mot « école » comme signifiant « tout bâtiment scolaire [et toute] salle de classe ». Si la loi s’appliquait aux salles de classe prises séparément, elle pourrait permettre à l’État de subventionner les écoles paroissiales situées en ville.

Dans la mesure où elles apaisaient les nationalistes canadiens-français du gouvernement Borden, les modifications de Coldwell auraient pu être une solution. Cependant, elles ne présentaient aucun avantage pour les catholiques de Winnipeg et de Brandon. Par négligence ou par choix, le gouvernement Roblin ne fit rien pour que les modifications entrent en vigueur. Ces dernières n’abrogeaient pas l’article du Public Schools Act en vertu duquel tout commissaire d’école qui permettait de séparer les enfants selon leur religion pendant la journée de classe était passible de lourdes pénalités. Les citadins catholiques étaient consternés. Un an plus tard, le Manitoba Free Press put écrire avec satisfaction : « jusqu’à maintenant, [les modifications de Coldwell] n’ont pas changé d’un iota le statut de l’école publique au Manitoba ».

Entré en politique provinciale sous des auspices favorables, George Robson Coldwell en sortit sous le signe du déshonneur. En 1915, il fut impliqué dans le scandale qui entoura la construction du nouvel édifice du Parlement et qui força le gouvernement Roblin à démissionner en mai. L’entrepreneur et le Parti conservateur avaient reçu du gouvernement des paiements démesurés. Une commission royale présidée par le juge en chef Thomas Graham Mathers conclut le 24 août 1915 que Roblin, Coldwell et deux autres ministres du cabinet, Walter Humphries Montague et James Henry Howden, avaient conspiré en vue de commettre une fraude. Les quatre hommes comparurent en justice le 24 juillet 1916. Les délibérations du jury avortèrent le 28 août, et l’on ordonna la tenue d’un nouveau procès. L’année suivante, la couronne décida de surseoir aux poursuites. Elle invoqua l’état de santé de Roblin et de Howden (Montague était décédé entre-temps), mais ce motif n’explique guère pourquoi l’inculpation de Coldwell fut levée. Déjà retourné à la pratique du droit, Coldwell continua de travailler jusqu’à sa mort en 1924.

J. E. Rea

AM, MG 13, G1 ; MG 14, B36 ; RG 18, A4, boîtes 10–11.— BAC, RG 31, C1, 1871, Hullett Township, Ontario, div. 1 : 2.— Univ. of Manitoba Libraries, Dept. of Arch. and Special Coll. (Winnipeg), J. W. Dafoe fonds.— Manitoba Free Press, 25 janv. 1924.— Réal Bélanger, Paul-Émile Lamarche : le pays avant le parti (1904–1918) (Sainte-Foy, Québec, 1984).— Canadian annual rev., 1912.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— G. R. Cook, « Church, schools, and politics in Manitoba, 1903–12 », CHR, 39 (1958) : 1–23.— CPG, 1908–1915.— « Documents inédits : correspondance Langevin–Audet », RHAF, 1 (1947–1948) : 271–277.— A. I. Inglis, « Some political factors in the demise of the Roblin government : 1915 » (mémoire de m.a., Univ. of Manitoba, 1968).— J. A. Jackson, The centennial history of Manitoba ([Toronto], 1970).— W. L. Morton, Manitoba : a history (Toronto, 1957).

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J. E. Rea, « COLDWELL, GEORGE ROBSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/coldwell_george_robson_15F.html.

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