BOTSFORD, BLISS, avocat, propriétaire foncier, homme politique et juge, né le 26 novembre 1813 à Sackville, Nouveau-Brunswick, septième fils de William Botsford*, homme politique et juge, et de Sarah Lowell Murray, née Hazen ; en 1842, il épousa Jane Chapman, et ils eurent cinq enfants ; décédé le 5 avril 1890 à Moncton, Nouveau-Brunswick.

Bliss Botsford était le petit-fils d’Amos Botsford*, distingué loyaliste qui fut orateur (président) de la chambre d’Assemblée du Nouveau-Brunswick de 1786 (année de la création de cette chambre) jusqu’à sa mort en 1812, et de William Hazen*, éminent marchand d’origine américaine établi au Nouveau-Brunswick avant la guerre d’Indépendance. On ne sait pas grand-chose sur l’enfance et les premières années d’études de Botsford ; il entra au King’s College (University of New Brunswick) de Fredericton en 1829 et le quitta plus tard sans avoir obtenu de diplôme. Marchant sur les traces de son père, il étudia le droit auprès de William End*, dans le comté de Gloucester, et fut admis au barreau en 1838. Deux ans plus tôt, il s’était établi au lieu dit Bend of Petitcodiac (Moncton) où il exerça sa profession jusqu’en 1870. Au moment où il s’y installa, cette localité comprenait quelques petites boutiques, une auberge et une vingtaine de maisons entourées de marécages et de forêts. Botsford se fit construire une grande demeure sur un vaste terrain situé au centre du village et, lorsque la population augmenta, il se mit à acquérir des terres grâce à des achats, des hypothèques, des règlements de succession et des décisions judiciaires. En 1854, par exemple, il obtint 100 acres de terrain de première qualité dans le village, en paiement des dettes contractées à son égard par Jacob Trites, petit-fils du concessionnaire original. Lors de la création d’une paroisse anglicane en 1851, Botsford donna un terrain pour l’église et le presbytère, et il en devint un des premiers marguilliers.

Moncton, érigé en ville en 1855, avait connu un développement rapide après 1850, en raison du fait, surtout, que ses chantiers maritimes répondaient à une forte demande de navires provoquée par la guerre de Crimée et par la ruée vers l’or de l’Australie. À la fin des années 1850, toutefois, le marché de navires de Liverpool, en Angleterre, était saturé et en 1859 les chantiers navals de Joseph Salter, le plus important constructeur de bateaux à Moncton, étaient en faillite. On ne trouva pas de nouvelle industrie pour remplacer la construction navale ; la Westmorland Bank (destinée à la faillite en 1866) montrait déjà des signes de faiblesse ; les valeurs immobilières dégringolaient et on ne pouvait rembourser la dette municipale parce qu’un grand nombre de citoyens étaient incapables de payer leurs taxes. Le chemin de fer European and North American entre Saint-Jean et Shédiac, terminé en 1860, ne parvint pas à contrebalancer cette conjoncture défavorable, et la ville entra dans une période de stagnation. Élu maire de Moncton en mars 1862, Botsford persuada l’Assemblée d’abroger la loi érigeant la ville de Moncton et de réduire ainsi les dépenses en éliminant les salaires des fonctionnaires municipaux et en partageant le fardeau des taxes entre les citoyens de tout le comté de Westmorland. Moncton ne retrouva son statut de ville qu’en 1875, moment où le rôle de plus en plus important de cette localité en qualité de centre ferroviaire suscita la reprise des affaires. En 1870, le cabinet fédéral accepta la recommandation des commissaires de l’Intercolonial à l’effet que Moncton devînt le site des principaux ateliers de ce chemin de fer public. La ville était également le point de rencontre de l’Intercolonial et de l’European and North American. Malgré la dépression qui sévit au pays dans les années 1870, l’activité ferroviaire apporta un regain de vigueur économique à Moncton.

Botsford avait été mêlé aux diverses fortunes de Moncton en œuvrant sur les scènes provinciale et municipale. De 1851 à 1854, puis de 1856 à 1861, il avait représenté le comté de Westmorland à l’Assemblée, mais sans se distinguer dans son rôle de député. En 1865, il se déclara opposé à l’entrée du Nouveau-Brunswick dans la confédération ; élu député en mars de la même année, il devint arpenteur général dans le gouvernement – opposé à la confédération – que dirigeait Albert James Smith. Le gouvernement de Smith perdit les élections de l’année suivante, mais Botsford fut réélu et, de 1867 à 1870, il exerça les fonctions d’orateur de l’Assemblée du Nouveau-Brunswick, poste que son père et son grand-père avaient occupé avant lui.

Avec son physique imposant (il dépassait six pieds et pesait plus de 200 livres), son magnétisme personnel, la vigueur et l’éloquence de son discours, Botsford était un avocat prestigieux. Il plaida sa cause la plus importante en 1852, lorsqu’il représenta Peter et John Duffy contre le célèbre géologue Abraham Gesner*. Sur un terrain situé à 16 milles au sud de Moncton, dont les Duffy avaient acquis les droits miniers puis les avaient transférés à William Cairns, Gesner avait découvert, affleurant, une substance noire et luisante dont la teneur en gaz était élevée et qui ressemblait à de la houille tendre. Il avait donné le nom d’albertite à ce minerai, mais les Duffy affirmèrent que c’était vraiment de la houille et qu’en vertu de certains règlements provinciaux, le minerai leur appartenait. Soutenu par plusieurs savants canadiens et américains, Gesner déclara que ce minerai était une substance nouvelle et lui appartenait par droit de découverte. Au cours du procès, Botsford présenta des témoignages d’experts et insista particulièrement sur le principe du « droit des propriétaires de biens », argument qui incita le jury à se prononcer en faveur de ses clients. Par la suite, toutefois, des recherches poussées démontrèrent la justesse du raisonnement de Gesner.

En 1870, Botsford était l’un des citoyens les plus respectés de Moncton et son hospitalité était légendaire. Il milita dans la franc-maçonnerie et, en 1870, les Royal Arch Masons donnèrent son nom à leur nouveau chapitre. Cette année-là, il fut nommé juge de la cour des comtés de Westmorland et d’Albert, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort. Son impartialité, son attitude bienveillante à l’égard des jeunes avocats, la logique et la concision de ses allocutions aux jurés ainsi que la fermeté de, ses décisions commandaient le respect.

Le 5 avril 1890, Botsford quittait son club, logé au second étage d’un immeuble de la rue Main, lorsqu’il s’effondra dans l’escalier, dégringolant les marches et passant à travers une grande fenêtre pour aller s’écraser sur le trottoir de bois. Souffrant de multiples fractures et d’hémorragies internes, il succomba au bout de quelques heures. Lors des funérailles de Botsford, les autorités de Moncton (qui allait justement obtenir le statut de cité deux semaines plus tard) décrétèrent une journée de deuil public.

C. Alexander Pincombe

APNB, « This New Brunswick, a parade of places and people », Ian Sclanders, compil. (coupures du Telegraph Journal, Saint-Jean, N.-B., 1937–1938).— St George’s Anglican Church (Moncton, N.-B.), « History of St George’s Anglican parish », J. J. Alexander, compil. (copie dactylographiée, 1932).— Westmorland County Registry Office (Dorchester, N.-B.), libro GG : 536–538.— Moncton Times, 20 janv. 1885, 11 déc. 1889, 7, 9 avril 1890, 15 juin 1927.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), II : 603.— The register : being a list of former students and graduates of the College of New Brunswick, later King’s College, and since 1859 the University of New Brunswick, Fredericton, N.B. (Fredericton, 1924).— E. W. Larracey, The first hundred : a story of the first 100 years of Moncton’s existence after the arrival in 1766 of the pioneer settlers from Philadelphia, Pa. (Moncton, 1970), 122s.— L. A. Machum, A history of Moncton, town and city, 1855–1965 (Moncton, 1965), 43, 107.— MacNutt, New Brunswick, 432.— C. A. Pincombe, « The history of Monckton Township (ca. 1700 1875) » (thèse de m.a., Univ. of New Brunswick, Frederic ton, 1969), 141, 152, 167s., 206–208.— Waite, Life and times of confederation, 247.— J. C. Webster, A history of Shediac, New Brunswick ([Shédiac], 1928), 13.

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C. Alexander Pincombe, « BOTSFORD, BLISS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/botsford_bliss_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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