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BELLEAU, sir NARCISSE-FORTUNAT (baptisé Narcisse), avocat, homme politique, homme d’affaires et fonctionnaire, né le 20 octobre 1808 à Québec, fils de Gabriel Belleau, cultivateur, et de Marie-Renée Hamel ; le 15 septembre 1835, il épousa à Berthier (Berthier-sur-Mer, Québec) Marie-Reine-Josephte Gauvreau, fille du marchand Louis Gauvreau*, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 14 septembre 1894 dans sa ville natale.
Narcisse-Fortunat Belleau fait ses études classiques au petit séminaire de Québec de 1818 à 1827. Il entreprend son stage de clerc en droit en avril 1827 auprès de Joseph-François Perrault* et d’Edward Burroughs, protonotaires à la Cour du banc du roi. Il le poursuit chez André-Rémi Hamel de novembre 1829 jusqu’à l’obtention de sa commission d’avocat le 26 septembre 1832. À cette époque, le choléra frappe durement la population de Québec. Les décès, souvent subits, laissent de difficiles problèmes de succession, dont tirent parti les gens de basoche. Selon son biographe Stanislas Drapeau, Belleau se constitue alors une clientèle qui lui restera longtemps fidèle.
Très tôt à l’aise financièrement, Belleau se marie le 15 septembre 1835. Il s’installe rue Saint-Louis et s’adonne à la pratique du droit. Il amorce sa carrière politique en janvier 1848, lorsqu’il se présente, mais sans succès, sous la bannière réformiste dans Portneuf. La même année, il milite dans le parti réformiste et appuie Joseph-Édouard Cauchon* contre Louis-Joseph Papineau*, qui réclame l’abrogation de l’Union. Belleau s’intéresse aussi à la vie municipale. Le 9 février 1848, il est élu conseiller du quartier Saint-Jean. Deux ans plus tard, il devient maire de Québec, poste qu’il occupe jusqu’au 4 février 1853. Durant son mandat, on entreprend d’importants travaux d’aqueduc. Le conseil municipal fait appel à l’ingénieur américain George R. Baldwin, qui a déjà supervisé l’installation du système d’éclairage au gaz dans la ville. Celui-ci opte pour l’érection d’un barrage et d’un château d’eau à Jeune-Lorette (Wendake), au débouché du lac Saint-Charles, puis pour la mise en place d’une canalisation jusqu’à Québec. L’eau potable parvient dans la ville en 1852. Belleau propose aussi de construire un système d’égouts et de paver toutes les rues qu’on avait défoncées pour installer l’aqueduc.
En 1848, Belleau était devenu administrateur de la Banque de Québec, fonction qu’il allait occuper jusqu’en 1893. Au dire de Drapeau, il considère toujours les demandes d’escompte « au point de vue de la solvabilité raisonnable de l’emprunteur sans distinction de race ou de religion ». Il accepte aussi, en 1850, la présidence de la Compagnie du chemin de fer de la rive nord, entreprise appuyée par des hommes d’affaires qui veulent relier Québec à Montréal. Ses amis réformistes ne l’oublient pas. Le 23 octobre 1852, on le nomme membre à vie du Conseil législatif pour la division de Québec et, le 18 décembre 1854, conseiller de la reine. Il devient bâtonnier du barreau de Québec le 1er mai 1857.
Belleau est un homme qui possède ses dossiers, influent dans sa région, modéré dans ses idées et d’un comportement affable, qualités qui lui valent le respect de ses adversaires. Désireux de renforcer leur ministère, John Alexander Macdonald et George-Étienne Cartier* le nomment président du Conseil législatif le 26 novembre 1857 ; à ce titre, il fait aussi partie du Conseil exécutif. Renversés le 29 juillet 1858, Macdonald et Cartier reprennent le pouvoir le 6 août et renomment Belleau président du Conseil législatif. Ce dernier s’occupe de la visite du prince de Galles durant l’été de 1860. Le 21 août, au cours d’une réception dans la salle des séances du Conseil législatif, le prince le fait chevalier ; il porte désormais le titre de sir.
En mars 1862, Belleau devient ministre du département d’Agriculture et de Statistiques mais, le 21 mai suivant, le gouvernement Macdonald-Cartier est renversé. Belleau continue alors de siéger au Conseil législatif tout en s’adonnant à la pratique du droit et à l’administration de la Banque de Québec. Associé depuis 1858 à Philippe-Jacques Jolicœur, il va exercer avec lui jusqu’en 1863. En février 1865, durant le débat au Conseil législatif sur les Résolutions de Québec, il appuie fortement le projet confédératif, car il est sûr que les Canadiens français du Bas-Canada s’épanouiront dans ce cadre constitutionnel. Quelques mois plus tard, la mort du premier ministre sir Étienne-Paschal Taché*, qui était à la tête de la coalition qui prépare la Confédération, le ramène à l’avant-scène. George Brown*, Macdonald et Antoine-Aimé Dorion, le triumvirat qui détient le pouvoir réel, s’entendent pour lui confier la succession de Taché. Jusqu’au 1er juillet 1867, Belleau est donc officiellement premier ministre et receveur général. En récompense de ses services, Macdonald et Cartier le font sénateur en mai 1867. Il démissionne après avoir accepté le poste de lieutenant-gouverneur de la province de Québec le 1er juillet.
Belleau, premier Canadien français à représenter la couronne britannique, demeure en poste jusqu’en février 1873. Au lieu de s’installer à Spencer Wood, la résidence du lieutenant-gouverneur, il préfère continuer à vivre dans sa maison de la rue Saint-Louis. Il assume lui-même les dépenses inhérentes à ses fonctions. Avec lady Belleau, il participe à toutes les réceptions et à tous les dîners d’État. Mais la fonction n’est pas que représentative. En tant que lieutenant-gouverneur, il est l’œil du gouvernement fédéral qui surveille l’administration provinciale. Lui qui croyait en l’autonomie des provinces au sein de la Confédération, il ne tarde pas à déchanter. Les tensions qui règnent entre Cartier et Hector-Louis Langevin* d’une part, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau* et les ministres provinciaux d’autre part, dans la conduite des affaires publiques comme de celles du parti conservateur, l’amènent à intervenir en coulisses. En avril 1869, dans une longue lettre à Langevin, il fait le procès des ministres fédéraux tatillons, autocrates, jaloux de leur pouvoir, qui ne cessent d’interpréter dans un sens centralisateur le partage des pouvoirs prévu par la constitution. Il prie Langevin de donner « le bénéfice du doute aux juridictions provinciales » et de ne pas, « par déduction, par conséquence & conclusion », attribuer d’autres pouvoirs au gouvernement fédéral.
Le 11 février 1873, son mandat terminé, sir Narcisse-Fortunat Belleau se retire. Il refuse un siège de sénateur. Il continue de faire partie du conseil d’administration de la Banque de Québec et prend une part active à la vie mondaine. Il suit toujours de près la vie politique et n’hésite pas parfois à intervenir auprès des uns et des autres. Le 24 mai 1879, à Montréal, il reçoit le titre de commandeur de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges. Il meurt le 14 septembre 1894 en laissant à un neveu une fortune que des contemporains évaluent entre 200 000 $ et 300 000 $.
ANQ-Q, CE1-1, 20 oct. 1808, 18 sept. 1894 ; CE2-2, 15 sept. 1835 ; P-3 ; P-134.— ASQ, Fichier des anciens.— Le Canadien, 13 déc. 1847.— Le Courrier du Canada, 14 sept. 1894.— L’Événement, 15 sept. 1894.— Gazette (Montréal), 15 sept. 1894.— La Minerve, 17 sept. 1894.— Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— J. Desjardins, Guide parl.— Political appointments, 1841 to 1865 (J.-O. Coté ; 1866).— Quebec directory, 1847–1892.— RPQ.— Turcotte, le Conseil législatif.— Chouinard et al., la Ville de Québec, 3.— L.-M. Côté et al., les Maires de la vieille capitale.— Désilets, Hector-Louis Langevin.— Stanislas Drapeau, Biographie de sir N. F. Belleau [...] (Québec, 1883).— Henry Fry, A biographical sketch of Sir N. F. Belleau from Home Journal, for October 1894 (Québec, 1894).— M. Hamelin, Premières années du parlementarisme québécois.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 1.— Alastair Sweeny, George-Étienne Cartier : a biography (Toronto, 1976).— F.-J. Audet et al., « les Lieutenants-Gouverneurs de la province de Québec », Cahiers des Dix, 27 (1962) : 215–216.
Michèle Brassard et Jean Hamelin, « BELLEAU, sir NARCISSE-FORTUNAT (baptisé Narcisse) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/belleau_narcisse_fortunat_12F.html.
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Auteur de l'article: | Michèle Brassard et Jean Hamelin |
Titre de l'article: | BELLEAU, sir NARCISSE-FORTUNAT (baptisé Narcisse) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |