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YONGE, JAMES, médecin dans la marine, auteur de travaux portant sur la médecine et d’un journal où il relate sa vie de médecin chez les pêcheurs de Terre-Neuve ; né le 27 février 1646/1647 (ancien style) à Plymouth en Angleterre, décédé au même endroit le 25 juillet 1721.

Il était le deuxième fils de John Yonge (mort le 13 octobre 1679) chirurgien et médecin à Plymouth, et de Joanna (1618–1700), fille de Nicholas Blackaller de Sharpham dans le Devonshire. Yonge n’avait pour toute scolarité que deux ans passés à l’école secondaire de Plymouth mais il réussit quand même, sans beaucoup d’aide ni d’encouragement de la part de son père, à se faire un nom dans le monde médical, sa carrière atteignant son apogée en 1702 lors de son élection comme membre de la Royal Society et licencié du Royal College of Physicians. Plusieurs de ses travaux furent publiés dans la revue Philosophical Transaction of the Royal Society, entre autres le premier compte rendu de la méthode d’extraction par le vide utilisée en obstétrique, procédé très efficace que l’on vient tout juste de redécouvrir. Il a introduit en chirurgie l’emploi de la technique « d’amputation à lambeau » et rapporte le fait dans un ouvrage intitulé Currus Triumphalis e Terebinthe, publié en 1679. On trouve encore une preuve de son habileté comme chirurgien dans Wounds of the Brain proved Curable, publié en 1682, où il décrit comment il a opéré avec succès des fractures crâniennes.

Vers l’âge de dix ans, il devint pendant huit ans l’élève de Silvester Richmond, médecin sur la frégate Constant Warwick. En 1662, lorsque son maître prit sa retraite et se retira à Liverpool, Yonge retourna à Plymouth où il devait faire un apprentissage de sept ans chez son père. Cette servitude ne lui plaisait guère et, en février 1663, il s’embarqua sur le Reformation en qualité de médecin attaché à un des petits groupes de pêcheurs du Devonshire qui allaient faire la pêche sur les côtes de Terre-Neuve tous les étés.

De tous les endroits qu’il visita il prit des notes et fit des dessins qui furent publiés sous forme de journal pour la première fois en 1963. C’est à ce journal que nous devons les comptes rendus de ses voyages à Terre-Neuve. Ses observations au cours de ses voyages lui avaient également inspiré un autre petit ouvrage intitulé Some considerations touching the debate, etc. concerning the Newfoundland Trade, publié en 1670.

Dans la relation de son premier voyage (pp. 54 à 60), Yonge décrit en détail le travail des pêcheurs. Leur port d’attache principal était Renoose (Renews) avec un petit groupe à Firmoose (Fermeuse). « Dès que nous avons choisi un endroit pour faire la pêche, le navire est dégréé et, malgré le froid et la neige, les hommes vont dans la forêt chercher du bois. Le sapin, l’épinette et le bouleau, que l’on y trouve en abondance, serviront à la construction des échafauds, des vignaux des cuisines et des cabanes. » Yonge nous a laissé un croquis (planche 4B) représentant l’échafaud sur lequel on déchargeait le poisson. « Le bateau de trois ou quatre tonnes charge entre 1 000 et 1 200 morues, toutefois, trois rameurs peuvent parcourir de grandes distances dans ces grosses embarcations. » Les trancheurs de morues travaillaient à une table placée sur l’échafaud ; « il y en a qui tranchent à une vitesse incroyable, soit 480 poissons en une demi-heure. » On recueillait les foies de morues dans une manne et le poisson vidé était salé et mis à sécher sur des vigneaux construits sur la grève (planche 4B) avant le chargement.

« Les hommes ne reçoivent pas d’argent mais sont rétribués de la façon suivante : les deux tiers [de la prise] reviennent aux propriétaires et le reste est divisé en autant de portions qu’il y a d’hommes sur le navire [...] Pour le médecin, on procède comme suit : les propriétaires contribuent cinq, six, sept ou neuf livres [en argent comptant], prises sur la caisse, le maître lui donne une part de la prise et chaque homme une demi-couronne, en plus de quoi il reçoit 100 morues séchées. »

De toutes les « maladies du pays » décrites par Yonge, le scorbut était la plus dangereuse. Pour le combattre, il faisait ingurgiter à ses malades diverses feuilles vertes infusées à froid dans de la bière. « Les grands écarts de température, – lorsque nous arrivons au printemps il fait très froid, mais en juillet la chaleur est intolérable —, la nourriture grossière et aqueuse qu’est le poisson, les brusques refroidissements après un travail ardu, et surtout l’air qui est cru, brumeux et scorbutique, sont les causes de cette maladie si répandue. » En plein été, les hommes « ne prennent que deux heures de repos chaque nuit », ils sont harcelés par les maringouins et souffrent de violents saignements de nez dus à une trop grande consommation de foie de morue. « En hiver, les colons font la pêche, le sciage du bois d’œuvre, fabriquent des rames et vont à la chasse au castor et aux gros oiseaux. Les canards, les oies, les pigeons sauvages, les perdrix, les lièvres, etc., y abondent. » Yonge rapporte aussi avoir vu des phoques et des pingouins.

Il revint à Terre-Neuve en 1664, à bord du Robert Bonaventure. Le navire atteignit Petty Harbour en juin avec une cargaison de sel et quitta Saint-Jean en août avec un chargement de 20 tonnes de morues qui fut vendu à Gênes (pp. 67 à 70). Au début de juin 1666, le navire qui le menait à Boston ayant été capturé par les Hollandais, Yonge fut fait prisonnier avec tout l’équipage et amené à Rotterdam. Son journal contient une relation très vivante des souffrances qu’il eut à endurer au cours de son emprisonnement (pp. 90 à 106). Dès la fin de l’année, il fut échangé contre un Hollandais prisonnier en Angleterre et arriva à Londres alors que les ruines du grand incendie qui avait dévasté cette ville fumaient encore.

En 1669, il passa de nouveau la saison de pêche à Terre-Neuve. Il cite tous les bateaux qui s’y trouvaient avec les noms de leurs propriétaires, soit : 132 bateaux de pêche et 660 hommes d’équipage auxquels il faut ajouter les colons et les équipages des bateaux interlopes, soit 175 hommes et 35 barques. « Je n’ai jamais eu de meilleur emploi et je n’ai jamais été plus heureux [...] Il ne s’est rien passé qui vaille la peine d’être noté au cours de la saison, sauf que ma clientèle particulière m’a rapporté au delà de £80 et que nous avons fait un assez bon voyage de sorte que pour la saison j’aurai peut-être au delà de £ 100 ».

L’année suivante, retardés par les glaces et les tempêtes, les navires n’atteignirent Saint-Jean qu’à la fin d’avril mais la saison n’en fut pas moins couronnée de succès. « Nos gens apportèrent la petite vérole aux habitants du pays », écrit Yonge, mais, grâce à ses soins, ils en guérirent tous, et il trouva quand même le temps de s’adonner à la lecture et de rédiger un petit ouvrage sur le commerce à Terre-Neuve. Il nous rapporte qu’il y avait 128 bateaux de pêche et 630 hommes d’équipage à Saint-Jean. Il soignait aussi les gens de Petty Harbour situé à une distance de neuf milles qu’il fallait parcourir à pied, « un trajet très difficile et accidenté où il faut traverser des marécages et des terrains rocheux et où, par endroits, il n’y a même pas de sentier. » C’est au cours d’un de ces voyages qu’il vit une « hutte de castor » dont il nous a laissé une description. Il semble bien qu’il ait aussi mangé au moins un repas de viande de castor dont il dit que « la chair n’est pas amère pourvu qu’on ait pris la précaution de la faire bouillir afin d’éliminer le goût rance et poissonneux, comme cela se fait pour la viande de tortue. Cette viande n’est pas vénéneuse comme l’ont stupidement prétendu certains auteurs. »

Ayant amassé assez d’économies pour s’établir à Plymouth, le 28 mars 1671, Yonge épousait Jane Crampporn, fille de Thomas Crampporn, de Buckland Monachorum dans le Devonshire. Premier médecin de l’hôpital de la marine à Plymouth, il fut nommé, en 1674, médecin général adjoint de la marine. Devenu un des notables de la ville, il en était élu maire en 1694. Une plaque commémorative de Yonge existe encore dans l’église paroissiale de St. Andrew où il fut enterré.

James (1672–1745), l’aîné de ses cinq enfants, épousa en secondes noces Mary Upton, fille et héritière de John Upton de Puslinch dans le Devonshire. La famille Yonge, qui habite toujours Puslinch, possède un très beau portrait de James Yonge. Ce portrait a servi de frontispice au volume intitulé Plymouth memoires publié en 1951 par le cercle Plymouth Institution.

F. N. L. Poynter

L’article sur Yonge, dans le DNB, ainsi que les sources citées, contiennent des erreurs notamment en ce qui concerne la date de naissance de Yonge. À part les ouvrages publiés de son vivant, la seule source authentique de renseignements sur Yonge et son travail est son Journal dont le manuscrit est gardé à l’Athenaeum de Plymouth (autrefois Plymouth Institution). La famille Yonge possède une copie de ce manuscrit à Puslinch. Ce journal fut publié intégralement (seuls quelques dessins et quelques cartes croquis ayant été écartés) sous le titre de The Journal of James Yonge (1647–1721) Plymouth surgeon, F. N. L. Poynter, édit. (Londres, 1963). Les renvois de la présente biographie reportent le lecteur à cette édition.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

F. N. L. Poynter, « YONGE, JAMES (1646/1647-1721) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/yonge_james_2F.html.

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Auteur de l'article:    F. N. L. Poynter
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    28 novembre 2024