WRIGHT, JOHN JOSEPH, ingénieur électricien, né le 11 décembre 1847 à Great Yarmouth, Angleterre, fils de James Wright, ministre méthodiste, et de Matilda Whittaker ; le 22 juin 1874, il épousa à Toronto Jessie Firstbrook, et ils eurent six filles et deux fils ; décédé le 1er février 1922 à Newcastle, Ontario.
Formé au Shireland Hall de Birmingham, John Joseph Wright arriva à Toronto en 1870. Il était alors mécanicien d’entretien, mais se définirait plus tard comme machiniste. En 1874, il épousa Jessie Firstbrook, dont le père vendait du bois d’œuvre et fabriquait des boîtes ; certains des frères de celle-ci étaient machinistes. Lorsque Wright se rendit à Philadelphie en 1876, en principe pour visiter l’Exposition universelle, il assista à des conférences d’Elihu Thomson et d’Edwin James Thomson sur l’électricité. Les deux hommes faisaient ensemble des expériences dans ce domaine et enseignaient à la Central High School de cette ville. Wright dut les impressionner, car ils l’engagèrent. Il travailla à des générateurs et participa en 1879 à l’installation de la première lampe à arc électrique en Amérique du Nord.
De retour à Toronto au début de 1881, Wright construisit un prototype de générateur dans une arrière-boutique de la manufacture des Firstbrook. L’appareil alimentait des lampes à arc que Wright avait mises au point et installées dans quelques commerces du centre de la ville. Cette expérience et d’autres du même genre amenèrent le conseil municipal à former en octobre 1881 un comité qui étudierait les avantages d’éclairer les rues à l’électricité, mais aucun contrat n’en résulta. Wright faisait partie des premiers ingénieurs électriciens qui rivalisaient pour avoir des occasions de mettre à profit leur savoir-faire. Pendant l’été de 1882, il ouvrit la première centrale électrique de type commercial à Toronto. Équipée de génératrices fournies par Thomson et Houston, celle-ci était alimentée par l’excédent de vapeur d’une imprimerie voisine, et la distribution se faisait par des fils posés au-dessus des toits. En 1884, Wright demanda l’autorisation d’utiliser les poteaux d’une nouvelle entreprise, la Toronto Electric Light Company Limited. Comme l’éclairage était nécessaire seulement la nuit, il vendait des moteurs électriques pour stimuler la demande diurne.
En 1883, les administrateurs de l’Industrial Exhibition de Toronto avaient décidé d’installer un chemin de fer électrique à des fins de démonstration. Ils avaient l’intention d’acheter l’équipement à Chicago mais, comme le prix était trop élevé, ils se rabattirent sur une locomotive expérimentale conçue par Thomas Alva Edison et appartenant à Wright. Cette machine se révéla incapable de tirer un seul wagon. Un nouvel essai eut lieu en 1884. Cette fois, pour le compte de Charles Joseph Van Depoele, grand promoteur américain de la traction électrique, Wright motorisa un wagon-plateforme du Grand Tronc. Ce fut une réussite totale. Bien que les journaux de 1883 et 1884 ne signalent pas du tout l’apport de Wright, certains lui reconnaissent le mérite d’avoir construit le premier chemin de fer électrique au Canada.
En septembre 1884, selon le Globe, Wright dirigeait la J. J. Wright Electric Light Company. L’annuaire municipal de 1885 le décrit simplement comme électricien. Les activités de son entreprise cessèrent en 1886, année où la Toronto Electric Light Company l’engagea à titre de surintendant (il en serait par la suite directeur). Cette société avait obtenu en 1884 une franchise municipale pour l’éclairage des rues. Une odeur de scandale entoura, en 1894, le renouvellement de la franchise, qui faisait l’objet de contestations de la part de la Consumers’ Gas Company of Toronto et de la Toronto Railway Company. On prétendait que l’échevin William T. Stewart, président du comité de protection contre les incendies et de l’éclairage, avait suggéré à Wright de verser 13 000 $ en pots-de-vin aux membres du conseil. Traduit en justice, Stewart fut acquitté, faute de preuves.
La carrière de Wright illustre les difficultés de travailler dans le domaine des applications de l’électricité. La technique elle-même, tout comme les entreprises, évoluait rapidement. En 1902, devant le comité des bills privés de l’Assemblée législative de l’Ontario, Wright déclara que transporter de l’électricité sur de longues distances était peu réaliste et que, à Toronto, les centrales énergétiques alimentées à la vapeur étaient plus économiques. Bien que la ville ait commencé à recevoir de l’électricité des chutes du Niagara en 1906, Wright soutenait encore en 1908 que les lignes de haute tension représentaient un « grave danger » pour les bâtiments agricoles. D’autres ingénieurs électriciens, tel le Montréalais Robert Alexander Ross, soutenaient le contraire. Les compétences techniques de Wright avaient peut-être leurs limites, mais ses talents administratifs demeuraient précieux. Il resta à la Toronto Electric Light Company après l’intégration de cette entreprise à la grande société de portefeuille de William Mackenzie, la Toronto Power Company Limited, en 1908. Deux ans plus tard, il fut nommé deuxième vice-président et conseiller général. En 1914, il était ingénieur-conseil indépendant.
Membre du Franklin Institute de Philadelphie, John Joseph Wright fut le premier à occuper la présidence de la Canadian Electrical Association, de 1891 à 1893. Il exerça cette fonction à nouveau en 1904 et appartint au comité administratif de l’association jusqu’à ce que, en 1911, à l’encontre de son avis, celle-ci s’affilie à un organisme américain, la National Electric Light Association. Trapu, le visage orné d’une grosse moustache, ce pionnier de l’électricité se passionnait pour « tous les genres de sports aquatiques ». Il était inscrit au Royal Canadian Yacht Club et passait souvent ses fins de semaine à « faire de la vitesse » sur le lac Ontario, « personnage central d’un joyeux groupe ». Il se retira de l’industrie électrique vers 1915 pour s’installer à Niagara-on-the-Lake, puis emménagea à Newcastle en 1921. Décédé l’année suivante, il fut inhumé au cimetière Mount Pleasant de Toronto.
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Christopher Andreae, « WRIGHT, JOHN JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wright_john_joseph_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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