WOOD, ROBERT, inspecteur et marchand de bois, et propriétaire de navires, né le 10 août 1792 à Québec ; le 4 octobre 1817, il épousa dans la même ville Charlotte Gray, la fille d’un commis militaire, et ils eurent 11 enfants ; décédé le 13 avril 1847 à Savannah, Géorgie, et inhumé à Québec.
Bien que des générations de descendants aient romancé et entouré de mystère les origines de Robert Wood, il ne semble plus y avoir de doute qu’il était bien le fils de Robert Wood, un domestique qui accompagna le prince Edward* Augustus à Québec en août 1791. Le 28 décembre de cette année-là, Wood père épousait à Québec Marie Dupuis, dit Caton, et l’année suivante on le nommait portier du Conseil exécutif. Il était aussi marchand à sa mort, en novembre 1806. Au cours du même mois, sa veuve se présenta devant la Cour du banc du roi pour demander la tutelle des sept enfants nés de leur mariage, y compris l’aîné, Robert.
En avril 1812, Robert Wood reçut une commission d’inspecteur du bois d’œuvre. De son accession à ce poste, on peut déduire qu’il était déjà mêlé à cette industrie en plein essor dans le port de Québec. Trois ans plus tard, on le nommait maître inspecteur et mesureur de mâts et de bois d’œuvre. Tout en conservant ce poste jusqu’en 1837, Wood établit lentement son propre commerce. Le 1er mai 1818, il s’associa à son frère George pour former la compagnie Robert and George Wood. À titre de marchands de bois et de charpentiers, ils fournissaient du bois à des constructeurs de navires comme John Munn*. Cinq ans plus tard, le 31 mai 1823, Wood prit William Petry comme associé, et la firme changea son nom pour celui de Robert Wood and Company. Leur commerce était situé dans l’anse Saint-Michel à Sillery.
Au début du xixe siècle, le commerce du bois dans la colonie était soumis à des fluctuations cycliques. La flambée des prix de 1824 et de 1825 s’accompagna d’une demande accrue pour des navires construits dans la colonie. En 1825, Wood fit construire le Charlotte and Maria par Patrick Flemming et, en 1826, il commanda deux trois-mâts barques, le Georgiana, de 403 tonneaux, et le Corinthian, de 391 tonneaux. Mais déjà cette année-là les prix commencèrent sérieusement à dégringoler. En mai, la Robert Wood and Company céda les deux barques à la Gillespie, Finlay and Company, qui accepta d’avancer £1 500 pour achever la construction des deux bateaux puis de les vendre en Angleterre. Une fois qu’elle aurait recouvré son prêt plus les frais, elle consentait aussi à rembourser £8 121 que la compagnie de Wood devait à la Banque de Montréal et, s’il restait de l’argent, à le remettre à celui-ci. Au cours de l’automne, la Robert Wood and Company, qui devait £17 579 à ses créanciers, déclara faillite. On vendit les deux barques en 1827 et 1828, probablement avec une perte considérable, puisque le marché était saturé. Wood semble néanmoins s’en être remis rapidement. En effet, bien que le marché du bois ne se soit amélioré que graduellement après 1827, il avait commencé dès la fin de 1829 à se construire une imposante maison de trois étages à l’anse Saint-Michel.
En 1847 ou quelque temps auparavant, Wood s’embarqua pour les Antilles dans l’espoir de refaire sa santé ; il allait cependant mourir en Géorgie, durant le voyage de retour. Il laissait un actif de £54 152 ainsi qu’une maison de trois étages rue Sainte-Ursule et trois lots dans le canton d’Acton. Ses biens personnels comprenaient, entre autres, une bibliothèque bien garnie de livres d’histoire, de biographies et d’œuvres poétiques.
Ce n’est toutefois pas à titre de marchand de bois prospère qu’on se souvient de Robert Wood. Il est mieux connu comme l’un des enfants qui seraient nés de la liaison du prince Edward Augustus et de Thérèse-Bernardine Montgenet*, connue sous le nom de Madame Saint-Laurent. Selon la tradition familiale, le prince l’aurait donné à son ancien serviteur pour qu’il l’élève comme son fils. On a longtemps considéré comme un indice de sa descendance royale le fait que la naissance et le baptême de Wood ne furent consignés dans aucun registre (la date exacte apparaît dans la demande de tutelle de sa mère et dans le vitrail que ses enfants ont fait installer à sa mémoire dans la cathédrale Holy Trinity de Québec), ce qui piqua la curiosité de nombreux historiens. Toutefois les renseignements sur lesquels repose la légende des origines de Wood se sont avérés inexacts et de récentes études ont établi que le prince et sa compagne n’avaient eu aucun enfant durant les 27 années que dura leur liaison. Pourtant un mystère plane, car on ne sait toujours pas quand, ni comment, ni pourquoi la naissance de Wood est devenue l’objet de telles spéculations.
En collaboration avec Marianna O’Gallagher
ANQ-Q, CC 1, 24 nov. 1806 ; CE1-61, 29 déc. 1791, 4 oct. 1817, 21 mai 1847 ; CN1-116, 22 févr. 1827, 29 déc. 1829, 7 oct. 1847 ; P-239 ; P1000-105-2105.— APC, RG 68, General index, 1651–1841.— Quebec Gazette, 7 mai 1818, 2 juin 1823, 23 avril 1847.— Almanach de Québec, 1794 ; 1830–1838.— Mollie Gillen, The prince and his lady : the love story of the Duke of Kent and Madame de St Laurent (Londres, 1970 ; réimpr., Halifax, 1985).— A. R. M. Lower, Great Britain’s woodyard ; British America and the timber trade, 1763–1867 (Montréal et Londres, 1973).— Paul Terrien, Québec à l’âge de la voile (Québec, 1984).
En collaboration avec Marianna O’Gallagher, « WOOD, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wood_robert_7F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 2015 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |