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WILMOT, PETER, chasseur, artisan et chef micmac, né ou baptisé le 26 juillet 1824 à Fishers Grant (Pictou Landing, Nouvelle-Écosse), fils de Joseph Wilmot et de Madeleine (Madeline) Dinian ; il eut trois ou quatre femmes et neuf enfants ; décédé le 27 décembre 1932 à Truro, Nouvelle-Écosse.
De confession catholique, Peter Wilmot avait des « documents paroissiaux » qui, disait-il, prouvaient qu’il était né le 26 juillet 1826. En fait, il était né deux ans plus tôt. Par coïncidence, il vint au monde (ou fut baptisé) le jour de la fête de sainte Anne, qui était pour les Micmacs l’occasion de célébrer de nombreux baptêmes et mariages, puis de les consigner dans les registres paroissiaux. Comme peu de prêtres catholiques les desservaient, les Micmacs pouvaient rarement recevoir ces sacrements, sauf lorsqu’ils étaient rassemblés en l’honneur de la fête de leur sainte patronne.
Wilmot adorait la vie en forêt. À l’âge de 14 ans, il tua son premier orignal ; on célébra sans doute à ce moment son passage à l’âge adulte. Une liste dressée en 1844 pour le commissaire des Affaires indiennes de la Nouvelle-Écosse indique que Wilmot se trouvait à River John et avait reçu 5 shillings d’aide gouvernementale. La liste de 1855 mentionne qu’il vivait seul à Fishers Grant. On sait peu de chose sur sa famille. Sa première femme eut un seul enfant, mort en bas âge. Il épousa en secondes noces une Acadienne avec qui il eut huit enfants.
Wilmot excellait dans le travail du bois. Le Nova Scotia Museum possède une croix qu’il fabriqua à l’âge de 15 ans en emboîtant des centaines de morceaux. Certaines de ses pièces figurèrent dans une exposition à Londres vers 1885 (peut-être la Colonial and Indian Exhibition de 1886) et il remporta une médaille. Il conserva la maîtrise de son art jusqu’à la fin de sa vie. Lorsque la journaliste Clarissa (Clara) Archibald Dennis l’interviewa, le 26 juillet 1932, il revenait à peine de la forêt avec du bois qu’il avait coupé et transporté chez lui en vue de confectionner des arcs et des flèches.
Wilmot fut chef de la bande à Fishers Grant au xixe siècle (une réserve fut établie à cet endroit en 1865). Il s’enorgueillissait d’avoir rencontré bon nombre de personnalités, dont Joseph Howe*, premier ministre de la province, et sir Charles Tupper*. Connu dans ses dernières années en tant que doyen de la Nouvelle-Écosse, il eut le plaisir de recevoir en 1932 une lettre de félicitations du premier ministre de la province, Gordon Sidney Harrington*. « De toute ma vie, dit-il à Mlle Dennis, je n’ai jamais pris de remède [prescrit par] un médecin […] Je me sers toujours de mes propres écorces et [de mes propres] herbes. »
Jusqu’à l’âge de 50 ans, Wilmot vécut dans des wigwams, mais vers la fin de sa vie, il habitait une petite cabane dans la réserve de Millbrook, près de Truro, où son fils Charles vivait avec sa femme. (Charles avait une sœur, Mary Anne, qui résidait dans l’État de New York.) « J’ai été le premier Indien à venir ici, expliqua-t-il à Mlle Dennis. Je suis venu de Pictou avec ma femme il y a 80 ans, et avec ma mère. » Ils s’établirent d’abord à Bible Hill, près de Truro, où sa mère mourut. Puis Wilmot se fixa à Millbrook. « Il n’y avait pas d’autres Indiens ici. Ensuite, peut-être une famille est arrivée, et ainsi de suite. Dans ce temps-là, Truro était seulement un petit village, une grande forêt. » La seule chose qu’il désirait à 106 ans, dit-il à la journaliste, était d’avoir une « maison décente » bien à lui. « Je suis dans cette cabane depuis des années. Le gouvernement a promis de me bâtir une maison. Comme je ne m’attends pas à vivre encore cent ans, j’espère qu’ils vont s’y mettre bientôt. »
Wilmot établit un petit campement de chasse près de Sunny Brae, dans le comté de Pictou. Même centenaire, il y passa du temps seul, et c’est à cet endroit qu’il entreprit un voyage épique lorsqu’il était âgé de plus de 100 ans. Parti de Sunny Brae, il marcha en forêt jusqu’à Guysborough, dans le comté du même nom, puis refit le trajet en sens inverse, ce qui représentait en tout une distance de plus de 100 milles. Son but était de revoir tous les lieux où il avait chassé. Il estimait avoir tué dans le courant de sa vie environ 300 orignaux et beaucoup d’ours, et il était réputé pour avoir pris le dernier caribou jamais vu en Nouvelle-Écosse. « J’ai passé ma vie au grand air, à chasser dans les bois et à faire du trappage. J’ai abattu un orignal après l’âge de 100 ans. Il pesait 600 livres. » Au cours de son grand voyage jusqu’à Guysborough, il rencontra trois ours dans un brûlis. Ils le regardèrent, mais ne l’attaquèrent pas. Peut-être sentirent-ils que sa vie de chasseur était terminée.
Quand Mlle Dennis interviewa Wilmot, le jour de son anniversaire en 1932, il avait une demande spéciale : « Je veux que vous preniez mon portrait avec mon fusil de 70 ans. » La journaliste décrivit la scène : « Il s’est levé, a pris, sur un clou, un manteau et un chapeau magnifiquement décorés de perles et les a revêtus. Les mocassins qu’il portait étaient de sa fabrication. Puis, le visage raviné par le poids de plus d’un siècle, il a fait face à l’objectif. »
Moins de six mois plus tard, Mlle Dennis écrivit dans sa nécrologie : « Et maintenant, Peter Wilmot a rejoint ses pères, les “premiers” citoyens de l’Amérique du Nord. Durant 106 ans, il a vécu en Nouvelle-Écosse. Son frêle corps ne pouvait pas retenir son esprit plus longtemps. »
On trouve des photographies de Peter Wilmot dans « The Mi’kmaq portraits coll. », R. H. Whitehead et al. : novascotia.ca/museum/mikmaq (consulté le 18 oct. 2013). Après la mort de Wilmot, son fils Charles vendit la croix de bois qu’il avait sculptée au N.S. Museum (Halifax), Acc. 1937.54.
N.S. Museum Library, Piers papers, « Micmac Indian hunters and guides of the old days, according to Lewie Newell McDonald of Enfield, N.S. »— NSA, MG 15, vol. 5, nº 69 ; « Nova Scotia hist. vital statistics », Colchester County, 1932 : www.novascotiagenealogy.com (consulté le 11 févr. 2013).— Halifax Herald, 26 juill., 27 oct., 29 déc. 1932.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1844, app. 50.— The old man told us : excerpts from Micmac history, 1500–1950, R. H. Whitehead, compil. (Halifax, 1991).
Ruth Holmes Whitehead, « WILMOT, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wilmot_peter_16F.html.
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Auteur de l'article: | Ruth Holmes Whitehead |
Titre de l'article: | WILMOT, PETER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2013 |
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