WILLOUGHBY, THOMAS, membre de la première colonie anglaise établie à Terre-Neuve, né en 1593, troisième fils de Sir Percival Willoughby et de sa femme, Bridget, de Wollaton, dans le Nottinghamshire.
Le père de Thomas avait été un des principaux souscripteurs à la Compagnie de Terre-Neuve, lors de sa fondation en 1610, et on l’en avait nommé membre du conseil d’administration. Sir Percival avait hérité d’un domaine vaste, mais appauvri, et il se lança dans diverses entreprises financières en vue de redorer son blason ; c’est probablement la possibilité de s’enrichir qui l’attira dans l’aventure de Terre-Neuve.
Thomas était apparemment la brebis galeuse de la famille et, dès 1612, il avait à ce point irrité ses parents qu’ils l’envoyèrent se réformer dans la colonie qu’on avait récemment établie à Cuper’s Cove (Cupids). En mai 1612, Willoughby et Henry Crout, son tuteur en même temps que l’agent de son père, atteignent Terre-Neuve. En compagnie d’un groupe de nouveaux colons, ils débarquent à Renewse, où ils demeurent quelque temps et où Crout fait travailler Willoughby dans les pêcheries de la compagnie pour le détourner des mauvaises fréquentations et l’empêcher de faire des bêtises. Dès le mois d’août, ils ont l’un et l’autre rallié la colonie principale que dirige John Guy à Cuper’s Cove. Il faut croire que la vie de pionnier a pour effet d’assagir Willoughby, puisqu’il écrit bientôt à ses parents une lettre très respectueuse où il se repent de ses anciens écarts et promet « de m’efforcer d’être si bon que vous puissiez retrouver un jour en moi un homme nouveau ».
Il passe l’hiver dans l’île avec 60 autres colons. Le mauvais temps cause la mort de huit hommes et la perte de bien des bestiaux, sans compter qu’il immobilise les colons ; mais, dès que le temps le permet, Willoughby prend part aux principales activités, qui sont l’exploration et la chasse. Crout informe Sir Percival que son fils s’est beaucoup amélioré, et on permet à Thomas de retourner en Angleterre vers la fin de l’été de 1613. Dans une lettre à sa mère en 1614, Thomas exprime sa joie de rentrer en grâce auprès des siens.
En 1615, Sir Percival décida de céder à Thomas et à son frère cadet, Edward, les domaines de Terre-Neuve qu’il comptait bien recevoir de la compagnie. Il s’agissait de terres situées dans la péninsule entre les baies de la Conception et de la Trinité, au nord d’une ligne allant de Carbonear à Heart’s Content. Cependant, la concession ne fut confirmée qu’en 1617, et Sir Percival avait alors changé d’avis.
Thomas avait dû tomber de nouveau en disgrâce car, l’année précédente, on l’avait renvoyé à Terre-Neuve. Son père aurait voulu que Crout et lui établissent une colonie indépendante à Carbonear, mais la désertion de la plupart de ses hommes, avant le départ d’Angleterre, fit avorter le projet. Thomas écrivit à son père de Cuper’s Cove pour le mettre au courant et lui conseiller d’armer son propre navire de pêche, car il estimait que la pêche offrait le seul moyen de tirer quelque profit de l’île. Ce conseil du jeune Willoughby était certes fort sage, car, à l’époque, seule la pêche permettait de faire les frais du séjour d’un groupe d’hommes dans l’île.
On ignore combien de temps Willoughby demeura à Terre-Neuve, mais il y passa sûrement l’hiver de 1616–1617. En mars 1617, son père écrivait à Crout, à Terre-Neuve, que « de la part de Thomas ce ne sont ni les paroles ni les écrits, mais les actes et une meilleure conduite qui me donneront satisfaction » (Middleton MS, Mi X 1/45). Il quitta probablement Terre-Neuve en même temps que Henry Crout, qui, dès 1617, avait abandonné son poste au service de Sir Percival.
Thomas Willoughby ne figure plus dans les documents de la famille après 1621, année où nous le retrouvons à Wollaton. Le fait qu’il a été complètement écarté de la généalogie de sa famille (Visitation of Nottinghamshire, 1569 & 1614, p. 185, où figurent des renseignements recueillis en 1631) porterait à croire qu’il a bien pu être déshérité par les siens. Cependant son père était un des promoteurs les plus tenaces de l’entreprise de Terre-Neuve et, en 1631, il s’intéressait toujours à l’île.
Il existe à l’université de Nottingham une collection considérable de documents relatifs à la famille Willoughby, dans les Middleton MSS ; les plus pertinents sont les suivants : Middleton MSS, 1/38/26, Mi X 1/1–66, Mi LM 27.— Autres sources de renseignements sur cette famille : Cassandra Brydges, The continuation of the history of the Willoughby family, ed. A. C. Wood (Nottingham, 1958).— Hist. MSS Comm., 69, Middleton MSS.— Visitations of the county of Nottingham in the years 1569 and 1614, ed. G. W. Marshall (« Harleian Soc. » IV, 1871), 185.— V. aussi : Prowse, History of Nfld.— Rogers, Newfoundland.
Gillian T. Cell, « WILLOUGHBY, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/willoughby_thomas_1F.html.
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Auteur de l'article: | Gillian T. Cell |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |