Titre original :  Richard Sugden Williams. From: Commemorative biographical record of the county of York, Ontario: containing biographical sketches of prominent and representative citizens and many of the early settled families by J.H. Beers & Co, 1907. https://archive.org/details/recordcountyyork00beeruoft/page/n4

Provenance : Lien

WILLIAMS, RICHARD SUGDEN, facteur et marchand d’instruments de musique, né le 12 avril 1834 à Londres, fils de Richard Williams ; en 1854, il épousa à Hamilton, Haut-Canada, Sarah Norris, et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 24 février 1906 à Toronto.

La famille de Richard Sugden Williams immigra à Hamilton en 1838. Peut-être après avoir fréquenté l’école publique, il fut, à l’âge de 11 ans, placé comme apprenti chez un facteur de mélodiums, William Townsend. Originaire du New Hampshire, Townsend s’était installé à Toronto au début des années 1840 pour fabriquer et vendre ce type relativement nouveau d’orgue à anches. Parlant du jeune Williams, un journal rapporta par la suite qu’il passa « maître dans la facture des instruments à vent, des cuivres et de leurs parties sonores ». Lorsqu’il termina son apprentissage en 1849, il reprit l’atelier d’instruments que Townsend, réinstallé à Hamilton, avait fondé dans cette ville et qui avait fait faillite. En 1854, il retourna à Toronto avec sa femme, Sarah.

Williams ouvrit un atelier rue Yonge, à Toronto, pour y fabriquer, entre autres, des mélodiums et des mandolines. En 1859, il s’installa dans des locaux plus grands, toujours dans la rue Yonge, et se mit à faire aussi des violons, des banjos et des tambours, tout en vendant d’autres instruments. En 1861, il s’établit au 143, rue Yonge, où l’entreprise allait demeurer jusqu’après sa mort. Toujours en 1861, son frère William Hodgson devint son employé. La manufacture, qui portait le nom de Toronto Melodeon Manufactory, se consacrait alors surtout à la fabrication de mélodiums et à la promotion ; elle employait de 12 à 15 ouvriers. « [Mes instruments], annonçait Williams dans un catalogue de 1862, comportent tous les perfectionnements les plus récents. J’harmonise et accorde moi-même chaque instrument, travail dans lequel j’ai douze ans d’expérience. » Le catalogue laissait entendre que, comme la compagnie n’était pas en territoire américain, elle pouvait fabriquer ses mélodiums selon les meilleures techniques brevetées aux États-Unis. À cette époque, Williams commença à rechercher des distinctions à des fins de réclame. Aux expositions provinciales de 1861 à 1863, par exemple, il obtint des prix pour ses tambours, ses mélodiums et ses harmoniums (type d’orgue à hanche plus gros).

En 1865, Williams construisit, rue Hayter, une deuxième manufacture qu’il agrandit trois ans plus tard. En juillet 1869, avec son teneur de livres William Norris, il fonda la R. S. Williams and Company, qui allait fabriquer et vendre des orgues, des mélodiums et des pianos-forte. Dès 1872, il avait racheté les intérêts de Norris, construit une rallonge à la deuxième manufacture, installé une machine à vapeur et transféré rue Hayter tout le travail de fabrication qui se faisait encore rue Yonge. En même temps, il fit entrer dans l’entreprise son fils aîné, Robert.

En 1873, William Hodgson Williams n’était plus au Canada, et l’entreprise se subdivisait en deux. Il y avait la Canada Organ and Piano Company, qui continuait la production rue Hayter, et le magasin de détail de la rue Yonge, qui portait toujours le nom de R. S. Williams and Company et eut longtemps pour enseigne un violon de huit pieds. L’exportateur de bois Samuel Robert Briggs était président de la Canada Organ and Piano Company et Richard Sugden Williams en était directeur administratif. Cette nouvelle société fit faillite moins de deux ans après sa fondation, ce qui causa une lourde perte à Williams. Néanmoins, dès 1877, ses affaires allaient de nouveau assez bien pour qu’il élise domicile dans une belle maison située à l’angle des rues Wellesley et Sherbourne. En 1880, la manufacture prit le nom de R. S. Williams and Son, mais Robert la dirigeait seul ; son père s’occupait du magasin et de l’entrepôt de la rue Yonge. On dépensa quelque 35 000 $ pour reconstruire la manufacture qui, en vertu du tarif de 1879 [V. sir Samuel Leonard Tilley*], était protégée contre l’importation d’instruments de musique américains. En 1885, elle employait environ 150 ouvriers, soit près de 15 % de la main-d’œuvre qui fabriquait des instruments de musique dans des manufactures au Canada. Ces 150 ouvriers produisaient chaque semaine environ 20 pianos et 6 orgues à anches ; à l’époque, le principal objectif de l’entreprise était de répondre à la demande dont ces instruments faisaient l’objet. Vers la même date, elle ouvrit un magasin à London.

Dans les années 1880, pour échapper aux tentatives de syndicalisation, Williams et son fils décidèrent de s’installer en dehors de Toronto. En mai 1888, les contribuables d’une ville voisine, Oshawa, décidèrent, par voie de scrutin, de garantir pendant 20 ans à l’entreprise des taxes fixes et une prime annuelle si la manufacture s’installait chez eux. La compagnie accepta. Dès décembre 1888, elle avait acheté les locaux d’un fabricant de machinerie en faillite et les avait agrandis. En avril 1889, Williams forma avec son fils la R. S. Williams and Son et se lança dans la production. En 1896, on put lire dans un rapport d’enquête : « Les syndicats ont tenté plusieurs fois d’embrigader [les ouvriers d’]Oshawa, mais cela a été peine perdue. [Les Williams] versent à leurs hommes les meilleurs salaires et tous sont satisfaits. »

En 1890, la R. S. Williams and Son, avec son magasin de Toronto et sa fabrique d’Oshawa, se transforma en une société par actions, la R. S. Williams and Sons Company Limited, pour que les autres fils de Williams, Richard Sugden et Herbert DeMaine, en fassent aussi partie. À la suite d’une seconde réorganisation survenue en 1902, Robert devint propriétaire et administrateur de la Williams Piano Company Limited à Oshawa. Cette société employait environ 250 ouvriers ; elle fabriquait, entre autres, des grandes orgues, des pianos mécaniques, des pianos à queue et des pianos droits. Le magasin de Toronto, qui avait gardé le nom de R. S. Williams and Sons, était dirigé par Richard fils, qui avait été nommé vice-président et qui relevait de son père. Herbert, lui, s’était établi à Ottawa. En 1900, le magasin de Toronto était l’unique distributeur des phonographes et disques Edison au Canada. Richard père prit sa retraite en 1903 pour des raisons de santé, mais demeura à la présidence.

Richard Sugden Williams mourut d’une crise d’apoplexie chez lui en 1906, à l’âge de 71 ans. Ses obsèques eurent lieu à la cathédrale St James, qu’il s’était mis à fréquenter après avoir été longtemps attaché à l’église anglicane St Peter. Il fut inhumé au cimetière Mount Pleasant. On estima la valeur de sa succession à près de 190 000 $. L’ensemble des actions et intérêts qu’il avait dans la R. S. Williams and Sons fut légué à son fils Richard, qui lui succéda à la présidence.

Durant toute sa vie d’adulte, Williams avait collectionné des manuscrits musicaux (partitions et lettres) ainsi que des instruments rares et curieux. On pouvait voir bon nombre de ces instruments dans son magasin de la rue Yonge, et il les exposa aussi ailleurs, par exemple au Toronto Mechanics Institute en 1861. La collection passa à Richard, expert en violons ; il l’enrichit et, en 1913, il commença à donner des pièces au Royal Ontario Museum. Les spécialistes ne tardèrent pas à la considérer comme la plus importante et la plus précieuse collection du genre au Canada.

Même s’il avait fait un apprentissage d’artisan, Richard Sugden Williams tenta à maintes reprises de confier la facture des instruments de musique à des associés et à des parents afin de se consacrer à la vente. Il essuya plusieurs revers avant les années 1870, mais quand la demande des instruments à clavier devint forte au Canada et que fut instauré le tarif de 1879, il était en mesure de tirer parti de ces deux circonstances. Grâce à des profits constants, il eut le temps et les moyens d’enrichir sa collection privée d’instruments, qui est son legs le plus précieux.

Dean Beeby

Nous avons obtenu certains détails de la présente biographie en consultant Ladislav Cselenyi du Musée royal de l’Ontario, à Toronto, qui a fait des recherches sur la R. S. Williams and Sons.  [d. b.]

Des exemplaires des catalogues de l’entreprise de Williams sont conservés à la Bibliothèque nationale du Canada (Ottawa), Division de la musique, et au Musée royal de l’Ontario. On retrouve de l’information sur la collection R. S. Williams dans l’article de Ladislav Cselenyi, intitulé « Canadian collections : the R. S. Williams Collection of Musical instruments in the Royal Ontario Museum », Ontario Museum Assoc., Newsletter (Toronto), 6 (1977), n° 3 : 16–21, et dans Musical instruments in the Royal Ontario Museum ([Toronto], 1971), dont il est l’éditeur. Ce dernier ouvrage reproduit des photographies de quelques instruments.

AN, MG 29, D61 : 8459.— AO, RG 22, Ser. 305, n° 20078 ; RG 55, Partnership records, York County, Declarations, nos 239 CP, 2278 CP, 4754 CP.— CTA, General information files, R. S. Williams ; RG 266, dossier 1896 (Toronto Ratepayers’ Assoc., Report on the cause of depression of the manufacturing industries, January 1896, first report, 5).— Daily Mail and Empire, 26 févr. 1906 : 6.— Globe and Mail, 16 juill. 1954 : 13.— Toronto Daily Star, 26 févr. 1904 : 4.— Annuaire, Toronto, 1859–1880.— Canadian Music Trades Journal (Toronto), 25 (1924–1925) : 26s., 38–41 (exemplaires conservés à la Bibliothèque nationale du Canada, Division de la musique).— Commemorative biog. record, county York.— Encyclopedia of music in Canada (Kallmann et al.), 801, 1002s.— Alexander Fraser, A history of Ontario : its resources and development (2 vol., Toronto, 1907), 2 : 912–914 et photographie en regard de la p. 912.— H.-C., Board of Agriculture and Agricultural Assoc., Trans. (Toronto), 5 (1860–1863) : 258, 320, 368.— Hist. of Toronto, 1 : 398.— J. E. Middleton, The municipality of Toronto, a history (3 vol., Toronto et New York, 1923), 1 : 518.— Toronto, City Council, Minutes of proc., 6 juin 1872.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Dean Beeby, « WILLIAMS, RICHARD SUGDEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/williams_richard_sugden_13F.html.

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Auteur de l'article:    Dean Beeby
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    1 décembre 2024