WILLIAMS, EUNICE (connue également sous le nom de Marie, Maria, Marguerite, Margarett, Gannenstenhawi, qui signifie « elle rentre le maïs », et Ouangote, Aongote, Gonˀaongote, qui signifie « ils s’en emparèrent et la firent membre de la tribu »), née le 17 septembre 1696 à Deerfield, Massachusetts, fille de John Williams* et d’Eunice Mather, décédée le 26 novembre 1785 à Sault-Saint-Louis (Caughnawaga, Québec).
Le 29 février 1703/1704, la ville de Deerfield fut détruite par les Français et leurs alliés, les Iroquois de Sault-Saint-Louis. Une cinquantaine de ses habitants furent tués et plus de 100, parmi lesquels Eunice Williams, furent faits prisonniers lors de ce raid exécuté sous le commandement de Jean-Baptiste Hertel* de Rouville. Eunice fut amenée à Sault-Saint-Louis où son ravisseur agnier la garda. Son père, que le gouverneur Philippe de Rigaud* de Vaudreuil avait fait libérer, essaya d’entrer en contact avec elle mais le jésuite en charge de la mission Saint-François-Xavier de Sault-Saint-Louis lui dit que les Agniers « se départiraient plutôt de leur cœur que de l’enfant ». Grâce à l’intercession de Vaudreuil, Williams obtint une entrevue avec sa fille, et le gouverneur tenta personnellement plusieurs fois de la racheter à ses ravisseurs. Johannes Schuyler*, d’Albany, New York, qui participa activement aux négociations en vue de la libération des prisonniers, écrivit le 18 février 1706/1707 : « nos espions [...] ont vu la fille de M. Williams [...] elle est en bonne santé, mais ne semble pas disposée à revenir et les Indiens ne semblent pas très disposés à s’en séparer ». Plusieurs autres tentatives pour la racheter se révélèrent infructueuses. En 1713, Schuyler vint au Canada et découvrit qu’Eunice avait été baptisée sous le nom de Marguerite, qu’elle avait épousé un Indien appelé Arosen (ou François-Xavier) et qu’elle avait adopté la langue et le mode de vie des Agniers. Schuyler lui demanda de revenir à Deerfield pour voir son père ; elle répondit par l’intermédiaire d’un interprète qu’elle n’irait pas. Son père se rendit de nouveau au Canada et, le 13 mai 1714, ils se rencontrèrent pour la dernière fois.
Bien plus tard, Eunice et son mari firent quelques voyages au Massachusetts pour voir les membres de sa famille. En août 1740, ils rencontrèrent deux des frères d’Eunice, Warham et Stephen, à Albany ; Stephen les persuada d’aller à Longmeadow, Massachusetts, où il était ministre du culte. La nouvelle de l’arrivée d’Eunice Williams, considérée comme une héroïne à la suite du récit de son père, The redeemed captive returning to Zion [...], attira à Longmeadow une foule en quête de curiosités. Joseph Kellogg* servit d’interprète lors de cette visite. L’été suivant, Eunice, son mari et deux de leurs trois enfants retournèrent de nouveau à Longmeadow ; ils y firent une autre visite en 1761. À cette dernière occasion, Stephen Williams essaya une fois de plus de persuader sa sœur de s’établir en Nouvelle-Angleterre mais, comme par le passé, elle refusa.
Les descendants d’Eunice Williams et d’Arosen gardèrent le nom de Williams suivant l’usage de la société matrilinéaire des Agniers. Thomas Williams [Tehoragwanegen*], un petit-fils, devint chef à Sault-Saint-Louis ; plus tard, il se rendit dans les prairies de l’Ouest en qualité de voyageur dans la traite des fourrures et il se fit remarquer comme chef de Saint-Régis. Aujourd’hui les descendants d’Arosen et d’Eunice Williams se retrouvent parmi les Iroquois de Caughnawaga et de Saint-Régis.
ANQ-M, État civil, Catholiques, Saint-François-Xavier (Sault-Saint-Louis, Caughnawaga).— John Williams, The redeemed captive returning to Zion : or, a faithful history of remarkable occurrences in the captivity and deliverance of Mr. John Williams [...] (6e éd., Boston, 1795), 3, 36, 108s.— C. A. Baker, True stories of New England captives carried to Canada during the old French and Indian wars (Cambridge, Mass., 1897), 128–154, 380–394.— Coleman, New England captives, I : 45 ; II : 54–63, 178s.— F. B. Hough, A history of St. Lawrence and Franklin counties, New York, from the earliest period to the present time (Albany, N.Y., 1853), 200–203.— Clifton Johnson, An unredeemed captive ; being the story of Eunic Williams [...] (Holyoke, Mass., 1897).— H. H. Peckham, Captured by Indians ; true tales of pioneer survivors (New Brunswick, N.J., 1954), 32–49.— Alexander Medlicott, Return to this land of light ; a plea to an unredeemed captive, New England Quarterly (Brunswick, Maine), XXXVIII (1965) : 202–216.
J. A. Frisch, « WILLIAMS, EUNICE (Marie, Maria, Marguerite, Margarett) (Gannenstenhawi, Ouangote, Aongote, Gonˀaongote) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/williams_eunice_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |