Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3506592
WILKES, ROBERT, homme politique et homme d’affaires, né à Tullaghan, comté de Leitrim, Irlande, le 24 juin 1832 ; il épousa Martha Cooke en 1863 ; décédé à Sturgeon Point, Ont., le 16 août 1880.
Le père de Robert Wilkes mourut avant 1832 et sa famille, qui comptait six autres enfants, était probablement pauvre. L’instruction qu’il reçut en Irlande fut très rudimentaire et Robert émigra en 1848 à l’âge de 16 ans. Il se rendit à Toronto où certaines facilités lui étaient assurées puisque son oncle, R. H. Brett, y était « l’un des plus importants négociants ». Wilkes fut commis chez son oncle pendant quelque temps puis chez Rossin Brothers, joailliers à Toronto. En 1857 ou en 1858, il acheta la bijouterie Rossin Brothers, fondant ainsi sa propre maison de joaillerie en gros à Toronto ; plus tard, il ouvrit des succursales à Montréal, Hamilton et dans l’ouest du Canada. En 1872, ses représentants allaient jusqu’au Manitoba et jusqu’en Colombie-Britannique. À mesure que sa richesse augmentait il investissait ses capitaux dans d’autres affaires ; en 1869, il fut membre fondateur du Toronto, Simcoe, and Muskoka Junction Railway (qui, par la suite, fit partie du Northern Railway). Il devint administrateur de la Canadian Bank of Commerce en 1871 et en fut l’un des vice-présidents de 1874 à 1876. Il fit également partie du conseil d’administration de la Confederation Life Assurance Association et de l’Isolated Risk Fire Insurance Company.
En politique, Wilkes était libéral mais comme homme politique il fut exceptionnellement peu tenace. Il ne semble pas qu’il ait pris part à la vie politique municipale et il attendit 1872 avant de se porter candidat au siège de Toronto-Centre à l’Assemblée. Il fut élu à ce moment-là puis de nouveau en 1874 mais, lorsque cette dernière élection fut annulée, il se retira de la vie politique dans le courant de la même année.
Robert Wilkes n’a pas marqué l’histoire politique de son temps mais les élections de Toronto-Centre en 1872, auxquelles il se présenta contre un ingénieur des chemins de fer, Francis Shanly*, furent mémorables. George Brown raconta les élections à sa femme en ces termes : « la bataille [...] à Toronto-Centre fut la plus âpre et la plus acharnée que j’aie jamais connue. La corruption et la subornation furent utilisées par nos adversaires à un degré jamais atteint dans aucune autre élection ». Un observateur conservateur renchérit : « Il y eut beaucoup d’agitation hier autour des élections dans Toronto-Centre. Il paraît que les autres batailles célèbres qui eurent lieu par le passé ne furent rien en comparaison de celle-ci. On a fait voter les estropiés, les boiteux, les aveugles, et même les absents et les morts t...] et sans aucun doute on y a dépensé beaucoup d’argent et probablement de part et d’autre. » Un des chefs conservateurs a laissé cet aperçu intéressant sur la politique du scrutin non secret : « Nous avons subi hier une défaite des plus mortifiantes alors même que la victoire était presque entre nos mains, à onze heures il nous manquait 201 voix, à midi 178, à une heure 157 et à deux heures 70 ; nous nous mîmes alors à nous démener et à distribuer de l’argent mais il était trop tard, nous fûmes battus par 28 voix, une demi-heure de plus et nous aurions gagné les 28 voix et obtenu une majorité confortable. » Les livres de comptes du parti conservateur ont subsisté et révèlent une dépense minimum de $8 807.25. Il est probable que les libéraux dépensèrent autant. Si l’on considère le petit nombre des votants (Toronto-Centre avait 4 148 électeurs inscrits parmi lesquels 2 404 votèrent) et la valeur réelle du dollar de 1872, on comprend mieux la subornation et les frais que devaient entraîner des élections au xixe siècle.
Wilkes était méthodiste pratiquant et membre de la Conférence générale de l’Église méthodiste. Il se retira des affaires peu de temps avant sa mort prématurée. Il se noya avec deux de ses enfants, le 16 août 1880, à Sturgeon Point. Wilkes était alors « un négociant très énergique qui, parti de rien, était devenu extrêmement riche [...] ».
APC, FM 24, B40 (Papiers Brown), 8.— PAO, Sir Alexander Campbell papers, 1872 ; Francis Shanly papers.— [Walter et Francis Shanly], Daylight through the mountain ; letters and labours of civil engineers Walter and Francis Shanly, F. N. Walker, édit. ([Toronto], 1957), 390.— Globe (Toronto), 1880.— Sarnia Observer, 1872.— Can. directory of parliament (Johnson), 602.— Can. parl. comp., 1873.— Dom. ann. reg., 1880–81.— Davin, Irishman in Canada.— Hist. of Toronto and county of York, II : 173s.— Hunter, Hist. of Simcoe County, I : 207.— Ross et Trigge, History of the Canadian Bank of Commerce, II.— Swainson, Personnel of politics.
Donald Swainson, « WILKES, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wilkes_robert_10F.html.
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Auteur de l'article: | Donald Swainson |
Titre de l'article: | WILKES, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |