WILD, JOSEPH, prédicateur méthodiste et congrégationaliste, propagateur de l’israélisme britannique et auteur, né le 16 novembre 1834 à Summit, près de Littleborough, Lancashire, Angleterre, fils de Joseph Wild et de Rachel Kershaw ; le 15 août 1859, il épousa Mary Victoria Hixon, fille d’un riche propriétaire terrien de Bronte (Oakville, Ontario), et ils eurent une fille et deux fils ; décédé le 18 août 1908 à Brooklyn (ville de New York).

Tout ce que l’on sait de Joseph Wild avant son spectaculaire succès comme pasteur de l’église congrégationaliste Bond Street à Toronto dans les années 1880 c’est ce qu’il a raconté lui-même à ceux qui, à cette époque, s’intéressaient à son passé. Fils d’un tisserand qui prononçait des sermons pour les méthodistes primitifs, il avait été autorisé à prêcher parmi les membres de ce groupe dès l’âge de 16 ans. Il était à cette époque apprenti chez un ingénieur civil. En 1855, Wild émigra aux États-Unis où il chercha en vain à se tailler une place. À la fin de l’année 1857, il devint pasteur de l’Église méthodiste épiscopale à Hamilton, dans le Haut-Canada. Tout de suite après son mariage, il reçut d’un membre de sa congrégation l’aide nécessaire pour aller étudier durant deux ans aux États-Unis, peut-être au Boston Theological Institute de Cambridge, dans le Massachusetts, peut-être dans un institut d’études bibliques de Concord, dans le New Hampshire. Il passa ensuite une malheureuse année à exercer son ministère dans des congrégations méthodistes pauvres des environs de Goderich, dans le Haut-Canada, puis une année en Europe.

Revenu dans le Haut-Canada en 1862, Wild œuvra au sein d’une congrégation méthodiste d’Orono. En 1864, il devint pasteur de l’église méthodiste de Belleville et accepta les postes de trésorier et de professeur de langues orientales au Belleville Seminary (qui prit le nom d’Albert College en 1866). Pendant ses années à Belleville, où il semble avoir connu un succès modeste, il reçut un diplôme honorifique de maître ès arts (1867) du Genesee College de Lima, dans l’État de New York, ainsi qu’un doctorat honorifique en théologie de l’Ohio Wesleyan University de Delaware. Wild soutiendrait plus tard qu’il avait administré les finances de l’Albert College avec beaucoup d’efficacité, mais Albert Carman* le mettrait bien mal à l’aise en découvrant en 1878 une grave erreur dans les livres, erreur qui datait de l’époque où Wild était trésorier.

En 1872, Wild s’installa à Brooklyn, dans l’État de New York, et devint pasteur de l’église méthodiste Seventh Avenue. Prié de partir après trois ans, selon la règle de l’itinérance imposée aux prédicateurs méthodistes, il accepta plutôt le pastorat de l’église congrégationaliste Elm Place, située tout près. C’est là que, tout à côté des églises de deux grands prédicateurs américains, Henry Ward Beecher et Thomas De Witt Talmage, il commença sa fulgurante ascension. Le secret de sa réussite en chaire ? Il découvrit l’israélisme britannique, mouvement religieux dont John Wilson avait posé les bases dans Lectures on ancient Israel, and the Israelitish origin of the modern nations of Europe, publié à Cheltenham, en Angleterre, en 1840. À l’époque où Wild entendit la bonne nouvelle, les principaux dogmes de l’israélisme britannique étaient définis et largement diffusés par Edward Hine, qui avait publié Seventeen identifications of the English nation with the lost house of Israel à Londres en 1870, et par Edward Wheler Bird qui, sous le pseudonyme de Philo-Israel, publierait chaque mois Banner of Israel, à Londres, à compter de 1877. Reprenant leurs propos et ceux d’autres prophètes de ce mouvement, Wild affirma que les fondateurs du puissant Empire britannique (dans lequel il englobait commodément les États-Unis) étaient les fils des tribus disparues d’Israël. Du coup, il remplit son église. Le messager de la supériorité anglo-saxonne, de la prééminence morale et politique du monde blanc, protestant et anglophone, devint une étoile dans le ciel de Brooklyn.

Cette même bonne nouvelle, qu’il savait livrer d’une manière bien orchestrée en chaire, permit à Wild de devenir une étoile encore plus brillante à Toronto, après qu’il eut accepté l’invitation de l’église congrégationaliste Bond Street en 1880. Là, l’évangéliste de la gloire de l’Empire britannique, de sa mission civilisatrice et de son prophétique destin de sauveur du monde attira tous les dimanches soirs des foules de 3 000 personnes. Le journaliste John Ross Robertson*, qui était fasciné par lui, écrivit que le prédicateur, inspiré par « la flamme patriotique qui brûl[ait] en lui » atteignait un état d’exaltation tel que la foule, enthousiasmée, se mettait à applaudir. Ayant établi son quartier général à l’église Bond Street, Wild entreprit des tournées et alla diffuser son message prophético-impérialiste partout en Ontario ; il le fit également connaître en écrivant chaque semaine dans le Canadian Advance de Toronto et en publiant de nombreux recueils de ses sermons. Il fut président de la Congregational Union of Ontario and Quebec en 1889–1890. Quand le Toronto Daily Mail organisa en 1891 un sondage auprès de ses lecteurs pour savoir qui était le prédicateur le plus populaire de l’Ontario, Wild se classa premier.

Dans l’un des thèmes qu’il avait développés pendant qu’il était encore à Brooklyn, Wild expliquait de façon fouillée pourquoi la langue anglaise était la meilleure et la plus pure du monde. Au Canada, sa défense patriotique et religieuse de la langue anglaise se doubla d’une haine profonde pour le catholicisme romain et l’Irlande catholique. Il devint un énergique partisan de l’ordre d’Orange, et un ennemi du Québec français. De 1887 à 1890, il se déchaîna contre les catholiques. Encouragé par les remous que provoqua l’Acte relatif au règlement de la question des biens des jésuites [V. D’Alton McCarthy*], il se lança sans réserve dans une bataille qui lui valut la célébrité dans tout le pays. Il y a lieu de croire, cependant, que son extrémisme anticatholique lui fit perdre des appuis parmi les fidèles de l’église Bond Street.

Aucun document ne subsiste qui pourrait expliquer la catastrophe qui s’abattit sur Wild en 1893. Le 28 juin, pour des raisons dont lui et les diacres de son église réussirent à supprimer toute trace, il fut forcé de démissionner. La rumeur courait qu’il avait des difficultés financières à cette époque. Il servit ensuite pendant quelques mois à la First Congregational Church de London, puis disparut dans l’obscurité. À la fin de la décennie, il tenta de faire une rentrée à Toronto, et loua le Massey Music Hall pour une saison, puis le Majestic Theatre. Il mourut à Brooklyn le 18 août 1908 et, grâce à ses funérailles maçonniques – son dernier triomphe –, il remplit une fois de plus l’église Bond Street.

Richard J. Helmstadter

Parmi les sermons de Joseph Wild qui ont été publiés, on trouve les suivants : How and when the world will end (New York, 1879) ; The lost ten tribes : and 1882 (New York, 1879) ; The future of Israel and Judah ; being the discourses on the lost tribes [...] (Londres, 1880) ; Seven sermons delivered in Bond Street Congregational Church, Toronto, Ontario ([Toronto ?, 1881 ?]) ; The Bond Street pulpit ; being a series of discourses (Toronto, 1888) ; Canada and the Jesuits ; being a series of six sermons (Toronto, [1889]) ; Dr. Wild’s Sunday evening sermons (Toronto, [1891 ?]) ; et Talks for the times (Toronto, 1896). Wild est aussi l’auteur d’un recueil de cantiques, Songs of the sanctuary (Londres, 1886), et de The origin and secrets of freemasonry ; being a lecture [...] (Toronto, [1889 ?]).

AO, RG 8, I-6-B, 17 : f.18.— EUC-C, 3022 ; Church records, Toronto Conference, Bond Street Congregational/United Church (Toronto), records.— Lancashire Record Office (Preston, Angleterre), Littleborough Wesleyan Methodist Church, reg. of births and baptisms, 1805–1837 (mfm).— Evening Telegram (Toronto), 19 août 1908.— Globe, 20 août 1908.— New York Times, 21 août 1908.— Toronto Daily Star, 19 août 1908.— Banner of Israel (Londres), 32 (1908) : 407ss.— « The Congregational churches of Canada : a statistical and a historical summary », Douglas Walkington, compil. (polycopié, [Toronto], 1979 ; exemplaire aux EUC-C).— Cyclopœdia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2.— Robertson’s landmarks of Toronto, 4 : 479.— G. J. Stortz, « Dr. Joseph Wild : nineteenth-century Protestant spokesman », EUC, Commit­ tee on Arch. and Hist., Bull. (Toronto), no 29 (1980–1982) : 18–32.— John Wilson, « British Israelism : the ideological restraints on sect organisation », Patterns of sectarianism : organisation and ideology in social and religious movements, B. R. Wilson, édit. (Londres, 1967), 345–376.

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Richard J. Helmstadter, « WILD, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wild_joseph_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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